Sonnés par le tsunami caquiste, les quatre partis d’opposition essaient de retrouver leurs esprits.
L’exercice semble particulièrement difficile pour Dominique Anglade et le PLQ.
Les autres partis d’opposition – parce qu’ils sont jeunes, comme QS et le PCQ, ou parce qu’il était donné pour mort, comme le PQ – peuvent trouver matière à consolation dans les résultats de la semaine dernière.
On voit mal ce que le PLQ peut se raconter pour se dorer la pilule.
Il est peut-être l’opposition officielle, mais il a reçu moins de votes que QS et que le PQ.
Statut
Cette situation inédite –le statut d’opposition officielle à un parti si massivement répudié – soulève toute la question du statut qui sera donné aux députés de QS et du PQ à l’Assemblée nationale.
Leur accordera-t-on ou non le statut de groupe parlementaire officiel avec les privilèges de temps de parole qui vont avec ?
Le PLQ s’agrippe à son statut d’opposition officielle pour se faire tirer l’oreille.
Quoi ? Pardon ? L’astronaute libéral a-t-il encore toute sa tête ?
Répétons-le : le PLQ a reçu moins de votes que QS et que le PQ !
Dans le Québec francophone, un libéral qui s’affiche fièrement est désormais aussi rare qu’un anglophone souverainiste.
Le PLQ est devenu un lobby montréalais qui reste au-dessus de la ligne de flottaison en raison de l’appui des anglophones et des minorités ethniques anglicisées, une situation peut-être unique en Occident.
Et le PLQ songerait à priver QS et le PQ d’un temps de parole qui refléterait davantage la réalité des choses ?
Cette réticence à leur faire une juste place ne peut s’expliquer que par un déni arrogant, doublé d’une incapacité à prendre la pleine mesure de ce qui lui est arrivé.
On songe ici au boxeur qui se fait passer le K.-O., qu’on ramène inconscient dans le vestiaire, et qui, au réveil, demande : « On est rendus à quel round ? »
Le député péquiste Pascal Bérubé invite le PLQ à faire preuve d’« humilité ». Il aurait pu être pas mal plus raide.
Il est difficile de comprendre l’attitude belliqueuse et bornée de Mme Anglade.
Elle est de loin la plus fragilisée des quatre chefs des partis d’opposition.
De deux choses l’une ici.
Soit Mme Anglade est réellement convaincue qu’il faut traiter ainsi QS et le PQ.
Cela met en cause son jugement et son sens démocratique.
Soit elle sait bien que c’est inacceptable, mais elle fait ce que veut son entourage pour essayer de rester en selle.
Ce serait révélateur de ce que le PLQ est devenu, une version 2.0 du défunt Equality Party.
Dans un cas comme dans l’autre, ce n’est rien d’honorable.
Respect
En politique, quand ça va mal, il faut savoir vivre avec les moqueries ou l’indifférence et rester digne.
Parfois, la situation se retourne en votre faveur et vous retrouvez le respect.
Mais quand votre attitude vous vaut d’être méprisé, il est infiniment plus difficile de retrouver ce respect.