Le Prince d'Ignatieff

Proche-Orient : mensonges, désastre et cynisme


Ce qui peut faire mépriser, c'est de paraître inconstant, léger, efféminé, pusillanime, irrésolu, toutes choses dont le prince doit se tenir loin comme d'un écueil, faisant en sorte que dans toutes ses actions on trouve de la grandeur, du courage, de la gravité, de la fermeté.
(Le Prince, Nicolas Machiavel)
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Le chef adjoint de l'opposition à la Chambre des communes, le député libéral Michael Ignatieff, a publié dimanche dans le magazine du New York Times un texte étonnant. En fait, il s'agit de deux textes en un. D'une part, M. Ignatieff admet s'être fourvoyé en appuyant l'invasion américaine en Irak. D'autre part, il étaye son mea-culpa de réflexions originales sur les exigences de la vie politique.
D'une certaine façon, l'ancien (?) rival de Stéphane Dion revient à son premier métier, celui d'intellectuel public. Il réfléchit à voix haute, se fondant autant sur son expérience de terrain que sur sa culture livresque (il cite Machiavel, Berlin, Bismarck, Beckett...). On retrouve dans ce texte les qualités qui ont fait de lui un commentateur de réputation internationale, en particulier une écriture brillante.
«Rien n'est personnel en politique, parce que la politique, c'est du théâtre, écrit le député torontois. Faire semblant de vivre des émotions qu'on ne ressent pas vraiment est une exigence de l'emploi. Il n'est pas rare que les parlementaires s'insultent copieusement en chambre pour ensuite aller prendre un verre ensemble». Ce sont des règles du jeu que le néophyte a visiblement eu du mal à accepter.
De même, le penseur trouve bien curieux qu'un seul mot mal choisi dans une entrevue ou un discours puisse provoquer une gigantesque controverse, comme cela arrive souvent en politique. «Dans la vie publique, la parole est une arme de guerre déployée dans des conditions de méfiance totale. Tout ce qui compte, c'est ce que vous avez dit, non ce que vous vouliez dire. La plus petite fissure dans votre armure - entre ce que vous pensiez et ce que vous avez dit - peut être exploitée et le couteau planté au coeur.»
C'est le genre de constats que font tous les politiciens... en privé. Il est très rare qu'un élu décrive publiquement son métier avec tant de candeur... et de cynisme.
La réflexion de Michael Ignatieff porte en particulier sur le jugement en politique. Dans le cas de l'Irak, explique-t-il, son jugement a été faussé par ses émotions, en l'occurrence la colère qu'il gardait de sa visite au Kurdistan irakien en 1992, alors qu'il avait constaté les abus commis par Saddam Hussein. «Mes émotions m'ont fait éviter les questions difficiles. Par exemple: les Kurdes, les sunnites et les chiites peuvent-ils garder uni dans la paix ce que Saddam Hussein tenait ensemble par la terreur?»
Un bon leader, conclut Ignatieff, doit être prudent, c'est-à-dire, entre autres choses, ne pas hésiter à se remettre en question, ce que de toute évidence le président Bush est incapable de faire. Mais la prudence ne suffit pas: «Un leader prudent sauvera les démocraties du pire, mais les leaders prudents ne pourront convaincre la démocratie de donner le meilleur d'elle-même. Les peuples démocratiques devraient toujours chercher plus que la prudence dans leurs chefs: l'audace, la vision et - le corollaire de ces deux qualités - l'acceptation du risque d'échec.» Prudent, audacieux, visionnaire: n'est-ce pas le genre de premier ministre que rêve d'être Michael Ignatieff? C'est sans doute pour cette raison que, malgré les désillusions qu'il a vécues depuis ses débuts en politique, il a choisi d'y rester.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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