Les anglophones de Trois-Rivières veulent des services médicaux dans leur langue

Anglicisation du Québec


Une trentaine de personnes ont participé à un groupe de discussion concernant l'accessibilité à des services médicaux en anglais à Trois-Rivières.
_ Photo: François Gervais
_ Mathieu Lamothe
Mathieu Lamothe Le Nouvelliste (Trois-Rivières) À en croire les propos des personnes qui ont participé, mercredi soir, à un groupe de discussion sur le sujet, les anglophones vivant à Trois-Rivières aimeraient bien avoir accès à davantage de services médicaux dans leur langue maternelle.
«Quand nous sommes malades, nous sommes malades en anglais.» Voilà une phrase qui a été entendue à plusieurs reprises lors de la rencontre qui a été organisée par le Réseau communautaire de santé et de services sociaux.
Une trentaine de personnes faisant partie de la communauté anglophone trifluvienne ont d'ailleurs participé à cette rencontre qui s'est déroulée à l'École primaire anglophone de la Mauricie.
Pour la plupart, les participants ont indiqué qu'ils étaient en mesure de parler le français et qu'ils ne voyaient aucun inconvénient à parler cette langue dans la vie de tous les jours.
Conscients qu'ils représentent moins de 1 % de la population trifluvienne, ils croient cependant avoir le droit qu'on leur parle en anglais lorsqu'ils consultent un médecin ou tout autre intervenant qui oeuvre dans le réseau de la santé ou des services sociaux.
«Je ne suis pas bilingue. C'est donc difficile pour moi d'être comprise lorsque je veux expliquer comment je me sens et où j'ai mal. Je crois donc que ça serait bien d'avoir des cliniques avec du personnel bilingue», a confié Alice Jones.
À la lumière des témoignages entendus tout au long de la soirée, la barrière de la langue peut constituer un obstacle majeur lorsqu'une intervention rapide est nécessaire afin de traiter une personne dont la condition nécessite des soins, et ce, même si elle est en mesure de parler le français dans la vie de tous les jours. Et c'est encore pire lorsque le patient ne maîtrise pas vraiment la langue de Molière.
«Ma mère qui ne parle pas le français a déjà eu un ACV. Je suis donc allée à l'hôpital et j'ai dû rester avec elle tout le long. Au début, ils me regardaient parce que je ne quittais pas mais ils ont compris à un moment donné. Une infirmière m'a même dit qu'elle espérait que je reste là tout au long de son quart de travail parce qu'elle ne parlait pas l'anglais. Je dois d'ailleurs toujours aller avec ma mère à l'hôpital et lorsqu'elle a des examens. Je dois parler pour elle», a raconté Glenda Duguay.
Étrangement, Trois-Rivières et les environs constituent un des seuls endroits au Québec avec une communauté anglophone significative où il n'y a pas d'organisme qui fait le lien entre les membres de cette communauté et les institutions du réseau de la santé et des services sociaux.
C'est donc pour cette raison que le RCSSS a cru bon d'organiser un tel groupe de discussion et a demandé à des représentants d'organismes déjà implantés ailleurs dans la province d'animer la rencontre afin de sonder l'intérêt des Trifluviens vis-à-vis un tel organisme.
Ces organismes, notamment la Megantic English-speaking Community Development Corporation (MCDC) et la Townshippers' Association, dont des représentantes étaient présentes mercredi, ont réussi à élaborer plusieurs projets au cours des dernières années afin de faciliter la vie aux anglophones dans les régions qu'ils desservent.
En collaboration avec les différents intervenants du réseau, le MCDC, qui couvre la région de Thetford Mines, a récemment mis sur pied un programme dans le cadre duquel les employés bilingues des différents établissements porteront un signe distinctif sur leur uniforme afin que les patients ainsi que les autres membres du personnel puissent faire appel à eux.
Travailler ensemble
Bien qu'ils ont pour la plupart indiqué qu'ils espéraient que les choses bougent rapidement, les participants s'entendaient tous pour dire que le futur organisme devra travailler en collaboration avec les acteurs déjà en place. Selon eux, ça ne serait pas dans leur intérêt de voir les responsables de cette nouvelle organisation adopter une attitude agressive et revendicatrice.


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