J’ai trouvé pour le moins étonnante cette affirmation de Suzanne G. Chartrand dans l’article d’André Lavoie portant sur le film de Gillo Pontecorvo et paru dans l’édition des samedi 23 et dimanche 24 août : « Et une autre raison pour voir La bataille d’Alger, c’est de remettre en question l’armement des pays, des populations : ce n’est jamais positif. Si nous avons le courage et l’honnêteté de défendre nos valeurs fondamentales, il faut forcer des négociations, établir le dialogue, ce que trop souvent nos gouvernements ne font pas. Et dire que nous sommes heureux d’armer l’Ukraine face à la Russie : on se trompe radicalement. » [1] Croit-elle que les Algériens auraient obtenu leur indépendance avec des négociations et des bâtons ?
Que doit faire l’Ukraine, selon elle ? Refuser l’aide militaire occidentale tant qu’un accord avec Poutine n’est pas conclu, alors qu’il multiplie les attaques de drones et de missiles ? La question semble stupide, mais c’est la seule qui me vient à l’esprit.
Personne n’est heureux d’armer l’Ukraine meurtrie par des années de guerre, mais c’est ce que la Russie nous contraint de faire, parce qu’elle ne veut rien entendre. À preuve, depuis février 2022, elle se rit de ceux qui veulent négocier (j’espère que Trump va le réaliser un jour). Elle arrêterait la guerre si l’Ukraine consentait à lui céder de larges portions de son territoire, à se démilitariser et à se tenir loin de l’OTAN. Ce sont des conditions inacceptables pour n’importe quel pays dont l’indépendance et les frontières sont internationalement reconnues.
J’aurais tellement aimé retrouver un article du Devoir dans lequel son illustre père, Michel Chartrand, dit en gros que le pacifisme des années 1930 face à Adolf Hitler était rétrospectivement suicidaire et que la seule chose à faire était de prendre les armes contre lui. Nous vivons une situation similaire aujourd’hui avec la Russie. Après une Ukraine vaincue, elle s’en prendra à un autre pays où le russe est encore parlé, et ainsi de suite. C’est l’évidence, la seule chose à faire est de chasser ses soldats ; pour cela, il faut des militaires, des armes et de l’argent.
Mme Chartrand oublie en outre que la Chine observe la situation. Si nous laissons la Russie charcuter l’Ukraine, comme Hitler a charcuté la Tchécoslovaquie, elle réclamera son dû : Taïwan, et l’envahira. Et ce ne sera que le début, car ce que les régimes totalitaires ne peuvent tolérer in fine, c’est la démocratie autour d’eux, qui les fragilise.
Oui au pacifisme, mais pas quand la guerre est nécessaire.
Sylvio Le Blanc
[1] https://www.ledevoir.com/culture/cinema/911280/film-changer-monde-bataille-alger-guerre-ce-est-plus-raison-faire-mal
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