Marco Bélair-Cirino - Le mouvement étudiant assure avoir du souffle. Alors que la sortie de crise n'apparaît toujours pas à l'horizon après quelque 50 jours de grève, les étudiants opposés à la hausse des droits de scolarité multiplieront cette semaine les démonstrations de force afin de contraindre le gouvernement à engager des négociations, et ce, sur un fond de contestation judiciaire de levées de cours.
Ils exprimeront aujourd'hui et mercredi leur grogne à l'égard du gouvernement libéral dans les rues de Sherbrooke, représentée à l'Assemblée nationale par le premier ministre Jean Charest. «Ça va être la fête de M. Charest», a promis le président de la Fédération étudiante collégiale (FECQ), Léo Bureau-Blouin.
À Montréal, après avoir érigé un campement devant le siège du ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport, sis rue Fullum, des étudiants du collège Édouard-Montpetit entameront sur le coup de 9 heures une grève de la faim d'une durée de 48 heures. «Si le gouvernement n'a toujours pas reculé après cette période [en reléguant aux oubliettes l'augmentation des droits de scolarité de 325 dollars par année pendant cinq ans], une seconde équipe les relaiera pour une autre période de 48 heures de jeûne, et ainsi de suite», précise la première équipe de grévistes dans un message électronique transmis en copie conforme à la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp.
Rivalisant d'ingéniosité pour attirer l'attention des libéraux, des milliers de défenseurs du gel des droits de scolarité ont pris part hier après-midi, en vélo ou en patins, au «Tour de l'île en rouge» afin de dénoncer l'inflexibilité de la ministre Beauchamp. De rouge vêtus, ils ont sillonné sous une pluie froide les arrondissements centraux de Montréal pour converger en fin d'après-midi devant l'édifice abritant le bureau du chef du gouvernement, situé rue McGill. «Ça ne marche pas quand on marche. Alors, là, on est en vélo, on espère que ça va plus marcher», a lancé l'organisateur du Tour de l'île en rouge, Sandrick Mathurin.
Plus tôt, 150 personnes avaient manifesté leur opposition au dégel des droits de scolarité devant le Centre de congrès Palace, à Laval, où étaient réunis le premier ministre, Jean Charest, les cinq élus lavallois, dont la présidente du Conseil du trésor, Michelle Courchesne, ainsi que 1200 sympathisants du Parti libéral du Québec. «Dehors, dehors les libéraux!», scandaient les protestataires, qui s'étaient déplacés à l'appel de l'Association générale des étudiants du collège Montmorency (voir le texte de une).
Contestation judiciaire
La présidente de la Fédération universitaire du Québec (FEUQ), Martine Desjardins, a rabroué vertement le premier ministre du Québec pour avoir refusé de s'asseoir avec son homologue de la FECQ, Léo Bureau-Blouin. «Il y a 200 000 personnes dans les rues et on dit qu'on n'a même pas une heure à consacrer à la jeunesse, alors que ce sont nous qui allons porter le fardeau des programmes sociaux et des régimes de retraite. C'est insultant!», a-t-elle déclaré sur les ondes de Radio-Canada.
Sur le front judiciaire, les représentants des étudiants en grève doivent faire face à une contestation des mandats de grève ou des piquets de grève devant les tribunaux. À cet égard, la Cour supérieure étudiera aujourd'hui une demande d'injonction intentée par des étudiants de l'Université Laval qui sont las de se voir bloquer l'accès à leurs salles de cours et qui exigent la levée des piquets de grève.
Les tribunaux avaient exigé vendredi dernier que les activités normales du collège d'Alma reprennent aujourd'hui, puisque des irrégularités avaient émaillé l'assemblée générale ayant présidé au vote de grève, mais ils ont rejeté une demande d'injonction provenant d'un étudiant de la Faculté de droit de l'Université de Montréal qui aspirait à poursuivre ses études malgré le conflit entre le gouvernement libéral et les étudiants.
Les étudiants multiplieront les démonstrations de force
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