Je comprends que les oligarchies n'aiment pas beaucoup les référendums

Les Québécois tannés d'entendre parler de référendums?

Leur démocratie n'est pas celle du peuple

Tribune libre


Qui donc sont ceux qui proclament à tout vent que les Québécois sont tannés d’entendre parler de référendums? Ce sont des fédéralistes hantés par la démocratie directe, celle d’un peuple qui, en tout temps et par voie référendaire, peut prendre la parole et dire ce qu’il veut. Pourquoi craignent-ils autant, eux qui se disent démocrates, cette expression plus que démocratique qu’est un référendum?
À les écouter, c’est comme si la voix du peuple leur arrivait directement à l’oreille. De quel peuple parlent-ils? Il est bien possible que ce soit le peuple de leurs fréquentations. Encore faut-il savoir que cette partie du peuple, formée de purs fédéralistes, d’hommes d’affaires ayant les mains toujours ouvertes pour recevoir les subventions des gouvernements, pour bénéficier de politiques fiscales généreuses et avoir accès à de juteux contrats, est loin de représenter l’ensemble du peuple québécois.
Oui, c’est vrai que les oligarchies sont tannées d’entendre parler de référendums. Elles ne souhaitent pas que la démocratie, celle du pouvoir du peuple, vienne les déloger de la place privilégiée qu’elles occupent dans la société. Ne contrôlent-elles pas les pouvoirs politiques et à travers eux l’ensemble des institutions de l’État? Parler de référendums, c’est leur rappeler que le peuple a également quelque chose à dire dans le devenir de la société.
La question qu’il faut poser n’est pas de savoir si le peuple est tanné ou pas d’entendre parler de référendums, mais de savoir ce qu’il a à dire sur telle ou telle question concernant son avenir et le projet de société dans lequel il souhaite vivre. Ce n’est pas parce qu’un référendum donne une réponse négative à une question, que cette réponse est sans appel. Au dernier référendum, dont on ignore toujours les manigances qui ont été utilisées par l’opposition au OUI, le NON l’a emporté avec une majorité de 50 000 voix. C’est dire que plus de 49,5 % des Québécois ont rejeté le fédéralisme canadien et ont voté pour un Québec indépendant. Un tel résultat ne fait pas disparaitre le Peuple québécois, pas plus que ses prétentions à son indépendance. L’image qui me vient à l’esprit est celle de prisonniers de guerre qui n’ont de cesse à essayer par tous les moyens à s’évader. Échec après échec, ils recommencent parce qu’ils sont toujours prisonniers et que leur devoir est de s’enfuir.
Tant que le peuple québécois sera un peuple et qu’il ne sera pas indépendant, il y aura toujours des référendums en perspective.
L’acharnement que mettent les adversaires pour qu’il n’y ait pas de référendums est indicateur de la force que prend le mouvement de l’indépendance du Québec et de son éventuelle victoire. Les Québécois et les Québécoises sont de plus en plus conscients du rôle ingrat qu’ils occupent dans la fédération canadienne et surtout ils et elles savent qu’ils ont tout ce qu’il faut pour assumer pleinement leur devenir comme peuple et pays. L’indépendance conquise par de nombreux peuples, plus petits et beaucoup moins avantagés que nous, devrait nous motiver et nous conduire à notre propre indépendance.
Plus les adversaires crient forts et que les médias en répercutent les échos, plus nous sommes près d’un pays bien à nous et d’une constitution à l’image de ce que nous sommes.
Le prochain gouvernement minoritaire laissera suffisamment de temps à toutes les forces indépendantistes, ouvertes à un projet de société plus démocratique plus solidaire et plus confiante en ses propres ressources, de se rallier et de faire front commun pour la « prochaine fois », celle dont a parlé René Lévesque.
Oscar Fortin
Québec, le 25 août 2012
http://humanisme.blogspot.com

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citoyen du Québec et du monde

Formation en Science Politique et en théologie. Expérience de travail en relations et coopération internationales ainsi que dans les milieux populaires. Actuellement retraité et sans cesse interpellé par tout ce qui peut rendre nos sociétés plus humaines.





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3 commentaires

  • Jean Lespérance Répondre

    26 août 2012

    Pas moi. Et je crois qu'on fait une grave erreur en laissant sous-entendre que les référendums d'initiative populaire ne servent qu'à un référendum sur l'indépendance et la souveraineté.
    Ce qu'on appelle référendum d'initiative populaire est mieux connu sous le terme de la loi du Recall en Californie. Pourquoi on appelle ça la loi du Recall? Pour rappeler au gouvernement qu'il ne peut pas voter n'importe quoi sous prétexte qu'il a été élu majoritairement et qu'on ne peut rien faire.
    Hélas! sans cette loi, c'est ce qui se produit.
    Avec une loi semblable, on aurait été capable de réagir à la loi 78 devenue loi 12.
    On laisse sous-entendre qu'un reférendum d'initiative populaire est l'instrument idéal pour obtenir l'indépendance et on met la barre élevée se privant ainsi de pouvoir réagir aux abus de toutes sortes d'un gouvernement majoritaire.
    Je vous fais remarquer que pour toutes sortes de lois ou de projets, on peut abaisser la barre, mais le principe en lui-même doit être adopté.
    Dans les circonstances actuelles, un gouvernement majoritaire avec un chef autoritaire équivaut à une monarchie toute puissante. On doit y mettre fin. On doit en finir avec la ligne de parti où les ministres sont obligés d'appuyer le chef sous peine d'être expulsé du parti.
    Le pouvoir, c'est le peuple qui doit l'avoir et non le Premier Ministre ou la Première Ministre et on doit faire pression sur Mme Marois pour qu'elle se montre plus souple sur cet instrument de la démocratie qu'est le référendum d'initiative populaire.

  • Marcel Haché Répondre

    25 août 2012

    Votre texte est rafraîchissant. Je ne viens pas vous contredire, malgré que je ne partage pas du tout votre optimisme à l’égard du référendum. Je précise : référendum sur la question nationale. Pour le reste, référendum sur tous les sujets autres que celui de la question nationale, je serais d’accord avec vous.
    Il y a de manière diffuse la mémoire qu’à la suite du référendum de 80, une montée démentiel du taux d’intérêts (20%) de la Banque du Canada avait créé au Québec, plus ici qu’ailleurs au Canada, une mise à pied massive de quelques 150,000 salariés en quelques mois. Il a alors fallu 3 ans au Québec pour qu’il retrouve le même niveau d’emploi. Quant au référendum de 95, s’il a été volé, ce n’est pas la seule chose qui Nous a été volé : encore là, de façon diffuse, l’électorat québécois se souvient du zigonage honteux, avant référendum, des Nordiques et de leur départ honteux. Il se souvient aussi du zigonage honteux des Expos, d’après référendum, et de leur départ honteux, eux aussi. Juste du sport ? Allez-y voir !
    Vous pouvez bien proclamer que le référendum est le moyen par excellence de la démocratie, il se trouve que nos ennemis ont réussi à salir le moyen par excellence de la démocratie dans l’imaginaire québécois. Le succès passé de Charest et le succès actuel de Legault tient à leur capacité de manipuler et d’intimider l’électorat quant au moyen démocratique par excellence.
    Sur ce point, Pauline Marois, inconsciemment sans doute, en réitérant solennellement qu’elle croit au référendum parce qu’elle fait confiance au peuple, elle apporte alors et constamment de l’eau au moulin d’un p’tit establishment inféodé à un autre establishment, celui-là du West Island, et qui tirent ensemble profit depuis très longtemps d’avoir supposément gagné, supposément seulement, le référendum de 1980 puis celui de 95. Cette stratégie actuelle est une stratégie défensive pour raffermir le vote péquiste, certes, mais qui raffermi plus encore le vote fédéraliste, (qu’il faudra tôt ou tard se rallier).
    Vous avez raison sur François Legault en saluant la valeur du référendum, mais à quoi cela pourrait-il bien servir la Cause d’avoir raison si le pire devait encore arriver et que la C.A.Q., par exemple, était élue prochainement au gouvernement ?
    Les fédéralistes font de chaque élection une élection référendaire pour battre les séparatistes, comme on « casse du séparatiste ». Pour une fois qu’ils sont divisés, il faut qu’on se divise encore plus, nous les souverainistes. Plutôt désolant.


  • Archives de Vigile Répondre

    25 août 2012

    Et rappelez-vous, monsieur Fortin, monsieur Parizeau lors du référendum de 1995 avait dit que ça ne prendrait pas quinze ans avant de tenir un autre référendum. Remarquez qu'il s'est trompé.
    Car, comme vous le dites, il y a des forces qui s'opposent aux référendums et à la voix du peuple et vous les identifiez bien dans votre article.