Les z’artistes : une belle gang de quêteux? À en croire une éditorialiste de La Presse, c’est le cas! En réponse à l’appui de 101 artistes à Pierre Karl Péladeau, nous avons eu le privilège d’obtenir l’heure juste de la part de Mme. Gagnon, qui expose sans contredit une vision juste de la société, selon laquelle le Québec se meurt à coup de subventions pour les artistes, les pauvres et autres marginaux. Voici la solution que je lui propose : Pourquoi ne pas instaurer un moratoire sur les subventions culturelles? Fini les quêteux, les gratteux de guitare, les pousseux de crayon et autres sans valeur.
Je dois dire que ce texte transpire la condescendance. Madame vous avez cette facilité à détourner les choses, à exploiter l’information tendancieusement, à promouvoir la vision de votre patron, tout en dénonçant ceux qui font de même. On comprend que vous ne préfériez pas mordre la main qui vous nourrit, mais comment pouvez-vous accuser, sans gêne, ceux qui pratiquent votre logique? J’en déduis donc que votre plus grande qualité est votre double discours, alors que votre plus grand défaut est clairement le fait que vous ne maîtrisiez pas, tout comme moi d’ailleurs, l’art de la subtilité. Vous me pardonnerez d’emblée.
Mais, je dois l’avouer, la pièce de résistance de votre texte est cette phrase que vous crachez dès le second paragraphe : « On savait les artistes émotifs et prompts à s’enflammer sans trop de réflexion ». S’enflammer sans trop de réflexion? Si je comprends bien, vous alléguez que Mommy (Dolan), Himalaya mon amour (Nevsky), Reflektor (Arcade Fire), Les Invasions barbares (Arcand), D’eux (Dion), Le moulin à images (Lepage), Dallas Buyers Club (Vallée), Ode à la vie (Moment Factory) et j’en passe sont le résultat d’artistes irréfléchis et insouciants? Madame, permettez-moi une courte pause afin de ramasser mon dentier sur le sol…
… Voilà, c’est fait!
J’aurais pu nommer des artistes canadiens ou internationaux ; j’aurais clairement pu ajouter à cette liste Vivre avec les hommes : un nouveau partage… Ne trouvez-vous pas cette petite pensée ironique? Car, à vous lire, on pourrait promptement conclure que vous êtes irréfléchie et que vous vous enflammez rapidement.
Les artistes ne réfléchissent pas? Pour reprendre une célèbre phrase du Détesteur : S’il-vous-please! Arrêtez de vous faire honte.
Vous savez Madame, plus j’y songe, plus je suis convaincu du contraire, plus j’y perçois des formes d’expressions diverses et songées, qui nous poussent, individuellement et collectivement, à nous interroger. Chaque chanson, chaque scénario, chaque livre, chaque film, chaque strophe, chaque pièce, chaque tableau, chaque sculpture, chaque parole constitue un témoignage particulier, une réflexion sur notre monde. Chacune des œuvres, qui nous sont proposées, représente une pause dans cette hyperactivité spatio-temporelle ; chacune est synonyme de travail acharné, de raisonnement méticuleux.
Que vous le vouliez ou non, les artistes, à leur manière et selon leurs moyens, participent à la création de notre société, ils contribuent à son développement, ils concourent à sa compréhension. Ils collaborent à la confection de notre identité, de nos identités. Bref, les artistes nous aident à porter un regard sur la beauté et la laideur de notre environnement ; ils nous aident à déchiffrer nos sentiments, nos émotions et la sensibilité qui nous habitent tous. Affirmer le contraire, c’est être de mauvaise foi ou simplement ne rien comprendre à ce qui nous entoure. Je vous invite, par conséquent, à revisiter Talcott Parsons sur l’interdépendance des éléments sociétaux.
Ne savez-vous pas que les industries culturelles créent de l’emploi, tout en générant d’importantes retombées économiques, et ce sans pour autant négliger l’aspect humain. En lisant votre texte, j’ai réalisé qu’il est impératif, plus que jamais, de mettre fin au discours insultant et haineux à l’égard des artistes et des industries culturelles. Les artistes quémandent? Ouin pis? Que préférez-vous entre un artiste qui « quête », mais qui parallèlement fait rayonner le Québec ici et ailleurs, et une entreprise qui abuse des subventions, des avantages fiscaux, des travailleurs, tout en ne respectant pas nos lois, et en laissant l’ensemble de la population payer pour son irresponsabilité?
En somme, je suis d’avis que vous nécessitez une cure artistique. Allez au musée, allez voir une pièce de théâtre, achetez-vous un nouvel album, lisez un poème… De grâce, arrêtez de lire votre collègue André Pratte et favorisez plutôt la culture, ainsi que les artistes!
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