Les raisons de l'émancipation...

Lettre ouverte à Véronique Hivon

Tribune libre

«Avant de commencer à penser, il faut bien réfléchir!»

Madame,

Je vous entendais donner une entrevue, ce 5 mai 2014, à Benoît Dutrizac sur les ondes radio de 98,5 fm. Et j’ai retenu de votre propos qu’il n’était pas encore temps de se trouver un chef pour mener les troupes du Parti Québécois. Qu’il fallait restructurer le discours du parti et mettre de l’avant des idées nouvelles avant toute chose. D’ailleurs, pour vous, mener le combat face aux libéraux au pouvoir, comme loyale Opposition de Sa Majesté La Reine, était amplement suffisant pour l’instant. «On a quatre ans et demi devant nous», disiez-vous.

Saviez-vous que nos ancêtres – et ceux qui les ont remplacés –, au fil du temps, ont mis 480 ans à vous donner de bonnes raisons de mener le combat. Que le premier à mettre les pieds ici, le dénommé Jacques Cartier, vous en donnerait, dare dare, des raisons de faire pays. Saviez-vous que, dans son plan de carrière, il n’avait pas encore appris, lorsqu’il appareillait de Saint-Malo, qu’il allait donner naissance à ce Québec d’aujourd’hui. Mais qu’il était habité d’une nécessité intérieure.

Quoi qu’il en soit, nous devrions avoir élu, le 7 avril dernier, minimalement, trente leaders indépendantistes qui se consacrent, en âme et conscience, jour après jour, à l’édifier ce pays pour qu’il nous ressemble et nous rassemble.
Vous en êtes une de ces leaders, et vous avez droit, aussi, de vous défiler devant vos responsabilités.

Comme citoyen engagé, je vous voyais déjà à pied d’œuvre comme le leader républicain que nous cherchons. Mais un doute s’installe dans mon esprit! À voir tous ces députés et ces députées porter allégeance à la Couronne britannique, malgré le mandat qu’ils et elles ont reçu de leurs commettants-es et qui leur donne toute la légitimité voulue de siéger à l’Assemblée nationale du Québec, je suis en train de me poser la question, à savoir si, comme pays, le Québec ne ferait pas comme l’Écosse, qui désire que la Reine continue d’être chef d’État malgré l’accession à son indépendance.

J’hésite, donc, à vous référer à ces leaders nationalistes, qui ont réussi, soit à s’émanciper d’une tutelle anémiante, soit en train de le faire, et à vous demander de vous inspirer de leur démarche pour établir une république souveraine.

On peut toujours vouloir un pays pour ses enfants et lever le poing en l’air, se remémorer un moment triste de notre histoire en mettant en berne un drapeau, vouloir sauver un instrument de propagande de l’unité canadienne par des lettres ouvertes, mais nous n’allons pas très loin avec des gestes aussi symboliques.

Pourtant! Révisez vos plateformes électorales passées, et vous trouverez mille et une raisons de vouloir notre émancipation nationale. L’argumentaire est là, sous vos yeux, en long et en large. Les stratégies, les tactiques sont connues : il ne manque que le vouloir politique.

Je ne vous apprends rien en vous disant qu’un chef n’attend pas qu’on lui dise quoi penser : il lance ses troupes à l’assaut en suivant un plan bien arrêté.


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8 commentaires

  • Marcel Bernier Répondre

    6 mai 2014

    @ Pierre Cloutier
    Oh! Et puis, un petit commentaire:
    Question de défoncer des portes ouvertes, vous êtes passé maître!
    Quant à mon itinéraire politique : je ne m’implique pas pour faire état de ma feuille de route et de mes états de service pour la cause qui me tient à cœur (mon narcissisme secondaire n'équivaut nullement au vôtre). Tout autant que je ne désire pas exprimer des propos blessants à votre égard (bien que la tentation soit grande!). Suffise de dire que si je fais de l’ombre à votre magnificence, vous m’en voyez désolé!

  • Marcel Bernier Répondre

    6 mai 2014

    @ Pierre Cloutier
    Sans commentaire!

  • Pierre Cloutier Répondre

    6 mai 2014

    Message à Marcel Bernier
    C'est une chose d'être membre mais c'est autre chose de participer activement dans les structures, dans les circonscriptions, dans les exécutifs régionaux, dans les conseils nationaux, à l'exécutif national, dans les congrès de comté, régionaux et nationaux ou à la conférence des présidents. C'est là que se prennent les décisions et c'est là qu'on y rencontre le plus les carriéristes et les opportunistes ainsi que les apparatchiks du parti. Les membres à carte ne connaissent pas grand chose des partis politiques.
    Ce n'est pas un reproche. Seulement un constat que j'ai fait au cours des ans.
    Pierre Cloutier

  • Marcel Bernier Répondre

    6 mai 2014

    @ Pierre Cloutier
    Ce qui manque dans notre vie politique actuelle, ce sont des gens épris de justice sociale qui peuvent élaborer un discours d'oblativité, c'est-à-dire capable de s'impliquer dans une cause sans arrière-pensée.
    Pour ce qui est de mon membership au Parti Québécois, ma première carte de membre date de 1976 et ma dernière, que j'ai dûment déchirée devant témoins, date de la course à la chefferie d'André Boisclair.

  • Marcel Bernier Répondre

    6 mai 2014

    @ Gaston Carmichael
    Quand j'appelle à l'émergence d'un leader républicain, j'ai en tête l'exemple de Gerry Adams, qui considérait la souveraineté britannique sur l'Irlande du Nord comme une occupation. Dans le cas qui nous occupe, remplacer «Irlande du Nord» par «Québec» et «souveraineté britannique» par «fédéralisme canadien».
    Comme vous pouvez le constater, ce n'est pas d'un sauveur dont nous avons besoin mais bien d'un leader digne de ce nom.

  • Marcel Bernier Répondre

    6 mai 2014

    Pour faire bonne mesure, je tiens à donner la référence internet de l'entrevue qu'a donné Véronique Hivon, afin de bien se situer :
    http://www.985fm.ca/lecteur/audio/est-ce-que-veronique-hivon-est-interessee-par-la-c-222663.mp3

  • Pierre Cloutier Répondre

    6 mai 2014

    Il ne faut pas s'attendre, monsieur Bernier, à ce que TOUS les "dépités" qui ont participé à la gouvernance dite souverainiste et sabordé le projet de pays lors des 4 dernières élections changent soudainement leur fusil d'épaule et se transforment radicalement en indépendantistes déterminés et acharnés. Avec respect, monsieur Bernier, vous rêvez en couleurs. Avez-vous milité au PQ et si oui quand?
    Pierre Cloutier

  • Archives de Vigile Répondre

    6 mai 2014

    Bon, il semble que vous vous ayiez trouvé une bonne raison pour excommunier les 30 députés du PQ de l'église souverainiste/indépendantiste.
    Bonne continuation dans votre recherche pour un Sauveur.