Libre opinion - Publicité trompeuse sur «notre» pétrole?

10fb9f7953bd4f44a6d3e5d3d499d1ea

Ce pétrole qui ne nous appartient même plus

Dans une publicité que l’on voit à la télévision depuis quelques jours, Pétrolia et ses dirigeants nous montrent des scènes de forage pétrolier en affirmant que « c’est notre pétrole ». Le but de la publicité est de jouer sur la fibre de notre fierté québécoise, comme si cela annonçait le début d’une deuxième révolution tranquille. C’est de la publicité trompeuse !

La vérité, c’est que c’était notre pétrole. Il est maintenant la propriété de Pétrolia et de quelques autres compagnies qui ont obtenu les droits sur le sous-sol d’Anticosti à la suite d’une entente secrète avec Hydro-Québec (div. Gaz et pétrole). Les médias et les citoyens se sont toujours vu refuser le droit de connaître les éléments de ce contrat. Pourquoi pareille censure sur une information cruciale qui nous concerne tous ? Pourquoi ce refus de divulguer l’information depuis 2008, si ce contrat est dans l’intérêt de tous ?

Après tout, l’actionnaire d’Hydro-Québec, c’est le gouvernement. Pourquoi cette entente a-t-elle le statut « top secret » face à l’actionnaire principal qu’est le gouvernement et le peuple du Québec ? Dans un article du Devoir du 19 août, il est dit que lors de l’AGA de Pétrolia en 2012, M. André Proulx a « catégoriquement refusé » de divulguer les éléments de l’entente parce que « ce serait négatif pour l’entreprise ». Cette information serait-elle également négative pour le peuple du Québec ? À bien y penser, cette entente est-elle, dans les faits, une dénationalisation de nos ressources naturelles qui nous ramène aux années cinquante ?

Dans ce même article, il est écrit que « Pétrolia confirme qu’une entente de principe est intervenue entre les parties, afin de rendre publiques les modalités de la contrepartie reçue par Hydro-Québec ». Or l’entente Hydro-Québec/Pétrolia est un document d’intérêt public. Pour la divulguer, il n’est pas nécessaire de négocier quoi que ce soit ; il suffit de photocopier le contrat et ses annexes et d’en remettre une copie à chacun des médias qui en a fait la demande… À moins que l’on cherche à cacher certaines clauses stratégiques ? J’ose espérer que ce n’est pas le cas.

La belle publicité télé qui semble annoncer le début d’une ère nouvelle, montre donc des scènes de forage pétrolier. Elle s’intitule : « Le pétrole d’ici. Par des gens d’ici. Pour ici. » Pétrolia nous annonce-t-elle qu’elle exploite ces équipements avec des travailleurs spécialisés du Québec ? Ou est-ce que ce sont des équipements et des travailleurs d’un sous-traitant albertain ? Est-ce qu’il y a des retombées économiques positives pour l’ensemble du Québec, comme au temps de la nationalisation de l’électricité en 1962 ? Ou seuls les actionnaires de Pétrolia y trouveront-ils leurs comptes ? La publicité ne le dit pas.

Étrange propreté

Par ailleurs, le site de forage présenté dans cette belle publicité est tellement propre qu’on dirait un bloc opératoire ! Comment concilier la propreté étrange des images de cette publicité avec les images que l’on voit ailleurs sur de multiples forages pétroliers ? Où sont passés les produits huileux qui dégoulinent toujours des vêtements des travailleurs, des instruments et du sol ? Images trompeuses ? Depuis quand, l’extraction du pétrole est-elle une technologie propre, propre, propre… comme l’électricité ?

La belle publicité propre ne dit pas non plus que, sur l’île d’Anticosti, le pétrole doit être libéré de la roche-mère par fracturation hydraulique. Toutes nos sources d’informations scientifiques révèlent que la fracturation ne peut pas extraire plus de 5 % du pétrole présent dans la roche-mère ; normalement, ce taux de recouvrement de la ressource se situe entre 2 % et 5 %. C’est vrai également dans le gisement Bracken au Dakota qui « s’épuise » beaucoup plus rapidement que les investisseurs l’avaient prévu. Alors, lorsque l’industrie pétrolière tente de nous faire avaler le projet d’Anticosti en disant qu’il y a entre 30 et possiblement 40 milliards de barils de pétrole, ce sera, au mieux, 5 % de 40 milliards de barils que l’industrie pourra extraire du sous-sol. Toute une différence !

Et puis, si l’impensable devait arriver, comme à Lac-Mégantic, est-ce que Pétrolia a les reins assez solides (et suffisamment d’assurances) pour réparer les dommages environnementaux ? Pour indemniser les innocentes victimes de l’industrie des pêches et du tourisme qui perdraient leurs emplois ? Ou est-ce que Pétrolia ferait comme la Montreal, Maine and Atlantic Railroad, c’est-à-dire déposer son bilan et obliger le gouvernement du Québec à ramasser la facture ?

Ça non plus, la belle publicité propre et trompeuse de Pétrolia ne le dit pas.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->