Rarement une ville a vu son paysage politique changer aussi radicalement que Laval depuis quatre ans.
Résultat: Marc Demers, un policier à la retraite qui a enquêté sur Gilles Vaillancourt et le PRO des Lavallois dans les années 70 et 80, a été élu maire de Laval. «C'est la victoire des citoyens, c'est la victoire de l'intégrité», a dit le chef du Mouvement lavallois, qui a obtenu une confortable majorité au conseil municipal.
Marc Demers - qui avait laissé sa place à Léo Bureau-Blouin comme candidat du Parti québécois dans Laval-des-Rapides en 2012 - avait récolté 44,0 % des voix au moment de mettre sous presse (677 bureaux de scrutin sur 729), devant l'ancien député libéral Jean-Claude Gobé, chef d'Action Laval (24,5 % des voix), et Claire Le Bel, chef d'Option Laval (12,4 %). Le Mouvement lavallois était en voie de faire élire 17 conseillers sur 21, contre 3 pour Action Laval et un conseiller indépendant. «C'est une page d'histoire qui se tourne à Laval: nous aurons un conseil municipal intègre, transparent et efficace», a dit Marc Demers.
Quand il entrera à l'hôtel de ville, ce matin, Marc Demers voudra demander au gouvernement du Québec de mettre fin à la tutelle de la troisième ville en importance de la province. «Nous allons demander aux tuteurs de nous faire profiter de leur expérience pendant quelque temps, mais à titre de conseillers», a indiqué le nouveau maire de Laval, dont la validité de la candidature pourrait toutefois être contestée devant le Directeur général des élections ou les tribunaux pour une question de durée de résidence à Laval.
En campagne électorale, Marc Demers a promis d'adopter rapidement un règlement municipal pour empêcher les élus ayant transgressé les règles de toucher leur indemnité de transition. Il veut aussi intenter des poursuites pour récupérer l'argent volé par la collusion et la corruption, réviser les règles d'attribution des contrats, ainsi que rendre les transports collectifs gratuits pour les aînés.
L'après-Vaillancourt
Marc Demers devient le quatrième maire de Laval en un an, après le règne sans interruption de 23 ans de Gilles Vaillancourt (1989-2012), qui fait actuellement face à des accusations criminelles de gangstérisme et de corruption. Son Parti du ralliement officiel (PRO) des Lavallois, au pouvoir à l'hôtel de ville depuis sa création en 1980, appartient maintenant à une autre époque - celle d'avant les arrestations de l'Unité permanente anticorruption (UPAC) et les révélations à la commission Charbonneau sur le système de collusion et de corruption à Laval.
Pour la première fois depuis au moins 15 ans, les Lavallois ont vécu une campagne électorale dont l'issue n'était pas connue à l'avance. Le PRO des Lavallois constituait la totalité du conseil municipal depuis 2001. «Il n'y avait pas de démocratie à Laval, c'était un régime totalitaire. Ce fut la première campagne où les forces sont proportionnelles. La dernière fois, M. Vaillancourt et son parti avaient dépensé 1,1 million, et le Mouvement lavallois, 34 000 $», a précisé Marc Demers.
Même si son nom n'était pas sur les bulletins de vote, l'ex-maire Vaillancourt s'est quand même invité dans la campagne en offrant en privé de l'argent à son ancienne conseillère Claire Le Bel (chef d'Option Laval), qui a enregistré la conversation et l'a rendue publique. Le lendemain, le directeur de campagne d'Option Laval, Reny Gagnon, disait avoir été agressé sur l'autoroute, mais il a ensuite été accusé au criminel de méfait public pour avoir inventé cette histoire. Il a démissionné.
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