Les critiques sont dures envers la finaliste des dernières présidentielles.
On lui reproche encore sa performance décevante au débat de l'entre-deux-tours, on dit d'elle qu'elle serait distraite et trop peu présente dans les médias, que son patronyme la rend toxique aux yeux de l'électeur moyen, on affirme que ses tendances europhobes et gauchisantes feraient peur aux bourgeois de droite et auraient fait fuir certaines vedettes de son parti dont sa propre nièce et, plus récemment, l’incisif Jean Messiha.
Malgré tout, la tendance est claire : l'éleveuse de chats ferait bien mieux aujourd'hui qu'en 2017.
Elle est passée de 34% à 44% d'intention de vote au second tour si on se fie à un récent sondage Ipsos. Un sondage Harris Interactive datant de la fin janvier la plaçait même à 48% face à Macron.
Elle n’accèdera probablement pas à l’Élysée en 2022, mais on ne peut exclure ce scénario non plus, surtout que la situation électorale pourrait évoluer de façon imprévisible en 15 mois.
À supposer qu'elle ne soit pas élue l'an prochain, certains nationalistes espèrent déjà (ouvertement ou pas) une défaite humiliante pour qu'elle cède sa place à un individu plus présidentiable.
Mais il faut être prudent avec ce qu'on souhaite : une défaite serrée de MLP (disons 48-52% face à Macron) pourrait forcer Monsieur en même temps à se droitiser pour assurer sa survie politique. Une domination totale pourrait au contraire le faire pencher à gauche et accélérer le remplacement ethnique et l’islamisation du pays au cours de son prochain quinquennat.
Il y a des précédents puisqu'on sait que Chirac aurait nommé le droitard Sarkozy comme premier ministre si le FN avait fait un score honorable au second tour en 2002. Ce ne fut pas le cas et il opta pour le centriste Raffarin à la place.
Reste à voir si un autre candidat issu de la droite nationale (ou allié à celle-ci) pourrait faire mieux qu'elle.
Parmi les autres candidats potentiels au premier tour, Pierre de Villiers (ancien chef d'état-major issu d'une illustre famille de droite) est celui qui génère le plus d'enthousiasme avec 20% d'appui dans l'opinion publique selon une étude de l’IFOP rendue publique la semaine dernière. Seul problème : 42% des Français disent ne pas le connaître.
L'humoriste anti-système Jean-Marie Bigard jouit en revanche d'une très grande notoriété (seuls 4% des Français n'ont jamais entendu parler de lui), mais 68% des sondés disent qu'ils ne voteraient certainement pas pour lui (contre 13% qui seraient prêts à l'appuyer)...
Le philosophe Michel Onfray ne récolterait quant à lui que 9% d'appui et reste un parfait étranger pour 35% (!) de ses concitoyens.
Finalement, le polémiste Éric Zemmour ferait un peu mieux que ce dernier (13%), mais une nette majorité d'électeurs affirment qu'ils ne voteraient pas pour lui (74%, dont 60% qui ne voteraient certainement pas pour lui). Un potentiel électoral décrit comme modeste par le président de ce même institut.
Pis encore, 12% des sondés indiquaient déjà être prêts à voter pour Éric Zemmour suite à la sortie de son best-seller en 2015. Ses intentions de vote ont donc augmenté de 1% en 6 ans (!), mais la proportion de Français disant ne pas vouloir voter pour lui a quant à elle grimpé de 7 points... En d’autres termes, Le Pen et Zemmour suivent des courbes de popularité inversées.
Intéressons-nous plus attentivement à l’hypothétique candidature de l’écrivain. Elle aurait certainement pour effet de diviser le vote de droite au premier tour. Si Marine Le Pen refusait de lui céder la place (une décision compréhensible considérant qu’elle dirige le premier parti de France), cela pourrait faire en sorte que la droite soit totalement exclue du second tour. Il faudrait pour cela que la gauche morcelée arrive à s’unir autour d’une seule et même figure, mais on ne peut rejeter du revers de la main un tel scénario.
De plus, même s’il arrivait à se qualifier pour le second tour, le réservoir de votes de Big Z semble limité. À supposer qu’il soit en mesure de récupérer 95% des électeurs du RN et de DLF et 75% des électeurs LR, il obtiendrait à peine 41,5% du vote populaire, soit moins que le score actuel de sa principale rivale dans les sondages (voir le graphique ci-bas).
Et l’atteinte du mythique 50%+1 ne serait pas une mince tâche pour l’intellectuel parisien : il aurait encore plus de difficulté que MLP à séduire les électeurs de Mélenchon et, dans une moindre mesure, ceux de Jean Lasalle et d'Asselineau dont il pourrait difficilement se passer
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Évolution des intentions de vote, présidentielles de 2022 (source : Wikimédia)
Ces données sont lacunaires et préliminaires. Il faut les prendre avec un grain de sel. Mais elles viennent s'ajouter à une série d'observations qui semblent montrer que la stratégie de dédiabolisation de la présidente du RN commence à porter ses fruits.
Le barrage républicain s'est considérablement effrité depuis 4 ans, d'autant que la fille du Menhir défend des positions somme toute modérées par rapport aux propos de plus en plus décomplexés d'un Éric Zemmour.
Ajoutons par ailleurs qu'une grande partie de la gauche antilibérale ne peut tout simplement plus blairer l'actuel président après 4 ans de pouvoir macronien.
Jusqu'à preuve du contraire, Marine Le Pen reste le pari le moins risqué pour les patriotes français et leurs amis québécois en 2022. Un poids lourd intellectuel comme Zemmour est à sa place en tant que polémiste médiatique. Il élargit la fenêtre d'Overton, ce qui a pour effet de normaliser le discours de MLP.
Mais il y aurait aussi du bon à une candidature d'Éric Zemmour. À mon avis, le scénario le plus plausible dans un tel cas de figure serait que tous les candidats plus ou moins de droite ou populistes perdraient des plumes, mais que Marine passerait malgré tout au second tour parce qu'elle jouit d'une base électorale assez solide. Le cas échéant, elle pourrait en ressortir gagnante.
D'une part, elle ne serait plus la candidate la plus radicale lors des débats. D'autre part, si l'auteur de Mélancolie française appelait à voter pour elle au second tour (et je crois qu’il le ferait par devoir patriotique), il couperait une fois pour toute l'odieux cordon sanitaire. Après avoir siphonné une grande partie des voix de la droite classique, il pourrait les rabattre vers le Rassemblement National, qui aurait alors de bonnes chances de vaincre Macron, ou au moins de lui donner la frousse de sa vie.
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