Marois appelle à rompre avec l'obsession référendaire

Pauline Marois - le couronnement


Patrice Bergeron - Pauline Marois a prévenu les militants péquistes dimanche: si elle est choisie chef, ils devront renoncer à un référendum dans un éventuel prochain mandat du Parti québécois.
La seule candidate en lice à la direction de la formation souverainiste a mis les choses au clair dimanche matin, tandis que des députés présents à son annonce officielle de candidature ont réitéré cette position. Un report de l'échéancier référendaire pourrait déplaire à une frange plus pressée des militants très actifs au sein du parti.
En conférence de presse, Mme Marois a d'abord rappelé que le parti vit «des heures difficiles» après sa défaite cinglante aux dernières élections et qu'il est maintenant temps d'écouter et de respecter la volonté des Québécois.
«Ce qu'ils nous ont dit le 26 mars dernier, les Québécois, c'est qu'ils n'étaient pas contre la souveraineté, mais ce qu'ils nous ont dit clairement, c'est qu'ils n'étaient pas prêts maintenant à tenir un référendum», a-t-elle lancé aux militants.
Elle demande au parti de rompre avec «le piège d'échéancier ou d'obligation référendaire» et c'est le premier enjeu dont elle veut discuter avec les militants.
Elle les a invités à «cesser la fuite en avant» et à mettre de côté l'échéancier référendaire pour travailler sur le projet de pays.
«Le temps et toute l'énergie à débattre la mécanique sont du temps et de l'énergie qui ne sont pas consacrés à convaincre de la nécessité de cette souveraineté», a-t-elle illustré, sous les applaudissements de ses partisans.
Elle a mis en garde les radicaux, tenants d'un référendum à tout prix, qui pourraient condamner le parti à la marginalisation, voire au suicide.
En entrevue à TVA, Mme Marois a aussi répété qu'elle ne voulait pas de référendum dans un éventuel prochain mandat du Parti québécois.
En conférence de presse, elle a néanmoins tenu à alimenter la ferveur souverainiste en soutenant qu'«aucun peuple ne peut renoncer à sa liberté, à son indépendance».
Dans la même foulée, «aucun parti politique n'a moralement le droit d'écarter de façon définitive le droit d'un peuple de s'autodéterminer», a-t-elle complété.
Parmi les nombreux députés péquistes présents pour appuyer Mme Marois, Camille Bouchard a déclaré en entrevue que si elle devenait première ministre, elle pourrait très bien ne pas tenir de référendum.
Il souhaite que les militants débattent de «l'idée de ne pas donner un rendez-vous à heure fixe avec la liberté», en ajoutant qu'il publiera cette semaine un commentaire sur la question. À son avis, si le parti n'est pas prêt à renoncer à l'échéancicer référendaire, il doit se préparer à reculer encore.
«Lorsque le peuple est prêt à prendre sa liberté, il donne des signes très clairs. Ce n'est pas à nous à donner rendez-vous à la liberté, c'est au peuple.»
Les députés Agnès Maltais et Bernard Drainville ont dit en entrevue qu'un gouvernement péquiste qui renonce au référendum demeure une hypothèse. Il faudra voir, selon eux.
M. Drainville a expliqué qu'il fallait d'abord convaincre du bien-fondé de la «nécessaire souveraineté» avant de parler de la mécanique.
Le député Pierre Curzi a quant à lui rappelé que pour obtenir un pays, il fallait d'abord que la volonté populaire soit forte.
Par ailleurs, Agnès Maltais a indiqué que le ralliement de la majorité de l'aile parlementaire péquiste derrière Mme Marois dimanche matin avait les allures d'un «couronnement», un «appel à l'unité», après les récents tiraillements des troupes souverainistes.
Elle souhaitait que la candidate, qui en est à sa troisième tentative, recueille «l'unanimité des membres» et qu'elle soit seule dans la course, mais elle a rappelé qu'il est légitime que d'autres candidats se lancent.
«Tout le monde s'entend pour dire que ce n'est pas une bonne idée d'en avoir huit (candidats), ou neuf ou 10, comme la dernière fois», a commenté Bernard Drainville, en faisant allusion au grand nombre de candidats à la dernière course à la direction, qui avait abouti à l'élection d'André Boisclair, en 2005.
De l'avis du député bloquiste Réal Ménard, partisan de Mme Marois présent lui aussi dimanche matin, si cette candidature fait consensus, ce ne serait pas dramatique de ne pas avoir de course.
Camille Bouchard a pour sa part précisé qu'un débat en profondeur demeurait essentiel, même s'il n'y a pas de course, et qu'il faudra tout de même légitimer d'une façon ou d'une autre la nomination de Mme Marois.
Pierre Curzi, qui était pressenti pour se lancer dans la course la semaine dernière, a dit avoir accordé son soutien à la candidate car elle l'a assuré qu'elle allait rouvrir le dialogue avec les citoyens.


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