Photo : Jacques Nadeau - Le Devoir
_ Yves Michaud a pourfendu le détaillant Metro, dont la signature omet l’accent aigu
La Presse canadienne - Les supermarchés Metro entendent miser sur le service à la clientèle pour faire face à la concurrence des géants américains Wal-Mart et Target dans le secteur de l'alimentation.
Wal-Mart a ouvert l'an dernier au Québec ses premiers magasins offrant des épiceries complètes. Au début de 2013, ce sera au tour de Target de faire son entrée au Canada avec une formule semblable. Le détaillant de Minneapolis a d'ailleurs conclu à cet effet une entente avec le distributeur alimentaire canadien Sobeys, division d'Empire.
Pour mieux affronter ces poids lourds, Metro a élaboré un «plan d'action» qui met l'accent sur l'«expérience client». Avec les magasins Super C et Food Basics, «on a des prix concurrentiels (face à Wal-Mart et Target) pour les gens pour qui le prix est le premier critère», a déclaré hier le président et chef de la direction de Metro, Éric La Flèche, lors d'une conférence de presse tenue à l'issue de l'assemblée annuelle des actionnaires de l'entreprise.
«On va aussi avoir une expérience d'achat alimentaire qu'on souhaite et pense supérieure pour nous distinguer, surtout pour ce qui est des fruits et légumes», a-t-il ajouté.
Jusqu'ici, les six magasins Wal-Mart qui offrent des épiceries complètes au Québec n'ont affecté les supermarchés Metro avoisinants que de façon «modeste», a assuré M. La Flèche. «Nous suivons la situation de près et nous ne tenons rien pour acquis, mais l'impact a été gérable jusqu'ici», a-t-il dit.
Pour ce qui est de l'arrivée de Target, le dirigeant préfère voir le verre à moitié plein. «C'est un concurrent de plus, a-t-il reconnu. On ne prend pas ça à la légère, mais si les magasins sont beaucoup plus fréquentés que le sont aujourd'hui les Zellers (que Target remplacera en bonne partie), ça peut aider nos magasins qui sont voisins.»
L'accent absent
L'assemblée des actionnaires a donné lieu à de vifs échanges entre le président du conseil d'administration de Metro, Pierre H. Lessard, et le fondateur du Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires, Yves Michaud, à propos de l'absence d'accent aigu sur le «e» du nom de l'entreprise. «Respectez donc sa majesté la langue française», a lancé celui qu'on a surnommé le Robin des banques pour ses interventions colorées lors d'innombrables assemblées d'actionnaires. «C'est une tempête dans un verre d'eau, a rétorqué Éric La Flèche devant la presse. À nos yeux, [Metro], ce n'est pas un mot français ni anglais, c'est une marque de commerce.»
Ironiquement, Quebecor a confirmé hier son intention de franciser davantage sa raison sociale. «Quebecor et sa filiale Quebecor Média ont entrepris il y a plusieurs semaines déjà une réflexion qui les mènera à recommander à leur conseil d'administration et à leurs actionnaires respectifs de considérer la création d'une version française du nom Quebecor par l'ajout d'un accent aigu. Ainsi, Québecor deviendrait la version française qui serait utilisée au Québec», a écrit Serge Sasseville, porte-parole de l'entreprise, dans un courriel.
M. Michaud a également dénoncé la rémunération de M. La Flèche, qui a totalisé 3,2 millions en 2010-2011, soit au moins 64 fois le salaire moyen des employés de l'entreprise, qui s'élève à environ 50 000 $ selon ses dirigeants.
Résultats
Metro a également divulgué hier les résultats de son premier trimestre, qui a pris fin le 17 décembre. Les profits nets ont atteint 103,7 millions (1,01 $ par action), en hausse de 8,6 % par rapport aux 95,5 millions (91 ¢ par action) dégagés pendant la même période de l'an dernier. Le chiffre d'affaires a progressé de 3,4 % pour atteindre 2,71 milliards. Celui-ci a bénéficié de l'inclusion de huit semaines des résultats des magasins Adonis et du distributeur Phoenicia, dans lesquels Metro a récemment acquis une participation de 55 %.
Éric La Flèche s'est félicité de la performance du détaillant dans un contexte de forte concurrence promotionnelle. En 2012, Metro lancera deux projets d'investissements majeurs: un nouvel entrepôt de 50 millions à Laval, qui remplacera les installations montréalaises de l'ancienne chaîne Steinberg, et un autre de 20 millions à Toronto.
À plus long terme, l'entreprise continue d'examiner les possibilités d'acquisition, même si elles se font rares. «L'Ouest canadien, c'est certainement la direction naturelle où on voudrait aller si un joueur se présentait ou devenait disponible, ce qui n'est pas du tout le cas en ce moment», a noté M. La Flèche. Dans l'Ouest, le marché est largement dominé par l'ontarien Loblaws et l'américain Safeway.
Metro prépare la riposte à Wal-Mart et à Target
Mais, en attendant, il doit se défendre contre les coups de gueule d'Yves Michaud
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé