Il faut se réjouir de la décision de la ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, Line Beauchamp, d'imposer une réserve pour fins publiques de deux ans sur la vingtaine d'hectares qui jouxtent le parc national des Îles-de-Boucherville. C'était la chose sensée à faire. Le promoteur qui a acquis les terres en juin dernier voyait pousser des condos là où gambadent des cerfs de Virginie. La ministre lui a coupé l'herbe sous le pied. Très bien.
Mais une question persiste: pourquoi avoir attendu si longtemps avant d'agir? En effet, on sait que Fiducie Desjardins cherchait à vendre ce terrain depuis 1995. Le ministère de l'Environnement lui avait même proposé de le céder mais Desjardins avait refusé, prétextant que ce don n'était pas dans le meilleur intérêt de ses actionnaires. Soit, Desjardins était dans son droit le plus strict même si sur le plan citoyen, ce n'était peut-être pas la décision du siècle.
À ce moment, le ministère de l'Environnement aurait dû proposer de se porter acquéreur du terrain. Il ne l'a pas fait. Résultat: il doit aujourd'hui négocier avec le promoteur sur la base d'un coût d'achat de 6 millions (et non la somme farfelue de 130 millions brandie ces jours-ci et qui est un pur fruit de la spéculation, et non d'une transaction en bonne et due forme).
Si la négociation avec le promoteur achoppe, la ministre Beauchamp devra peut-être envisager l'expropriation. Dans les deux cas, il y aura des cris et des grincements de dents.
Quel gaspillage de temps et d'argent! On ne vient pourtant pas de découvrir ce terrain puisque deux réserves avaient été imposées, sous un autre gouvernement, durant les années 80. Un beau cas de laisser-faire.
En ce qui concerne la qualité des terres convoitées, on s'entend qu'elle n'est pas à la hauteur de la mini crise politico-médiatique qui fait rage ces jours-ci. On parle en pratique d'un dépotoir. Leur valeur est davantage symbolique, les îles de Boucherville représentant une oasis de verdure unique dans la région métropolitaine, un poumon vert d'autant plus exceptionnel que sa contrepartie, l'Île des Soeurs, a été transformée en véritable paradis du condo et de la maison surdimensionnée. Le parc national des Îles-de-Boucherville ne pourrait que souffrir de la pression exercée par l'arrivée de quelques milliers de nouveaux résidants, de leur voiture, de leurs déchets et de leurs besoins en eau...
Quant à la réaction du maire de Longueuil, Claude Gladu, elle est tout simplement aberrante. M. Gladu réagit comme s'il avait été dépossédé d'un bien, il parle de pertes de revenus de taxation, il regrette que les Longueuillois fassent les frais de la décision de la ministre... Mais de quoi parle-t-il? Ce projet n'existait même pas il y a un an puisque le terrain était encore la propriété de Fiducie Desjardins.
Au bout du compte, ce qui est désolant dans cette affaire, c'est qu'encore une fois, les choses se déroulent dans un climat survolté: une annonce ministérielle faite en catastrophe, un promoteur qui négocie sur la place publique, une ministre qui a l'air de «sauver» la situation...
On s'attend à mieux de la part d'un gouvernement qui répète que l'environnement est une priorité.
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Mieux vaut tard...
Mais une question persiste: pourquoi avoir attendu si longtemps avant d'agir?
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