Mme Courchesne contre M. Charest

McGill - un corps étranger



À l'ouverture de la rencontre économique de Lévis, en janvier dernier, le premier ministre Charest avait exprimé le souhait qu'un jour, des jeunes de partout sur la planète viennent étudier au Québec. Il semble que sa ministre de l'Éducation n'ait pas compris le message, car voici qu'elle traite l'université québécoise la plus tournée vers le monde avec la même désinvolture que s'il s'agissait d'un cégep de banlieue.
À l'instar de toutes les grandes écoles de gestion du pays, celle de l'Université McGill a décidé de privatiser son programme de maîtrise en administration des affaires (MBA). La Faculté Desautels portera ses droits de scolarité de 1700$ à 29 500$, mais se privera de la subvention gouvernementale de 10 000$ par étudiant. Un généreux programme de bourses a été mis sur pied pour permettre aux jeunes qui sont moins en moyens (ou dont les cours ne sont pas payés par l'employeur) d'accéder au programme. Selon la principale, Heather Munroe-Blum, dans la situation actuelle, le programme de MBA de McGill est incapable de soutenir la concurrence des autres facultés renommées d'Amérique du Nord, celles-ci pouvant compter sur des revenus au moins deux fois plus élevés.
Michelle Courchesne a vivement réagi à l'initiative. Elle a fait savoir que le gouvernement pénalisera l'université de toute somme demandée aux étudiants au-delà des droits de scolarité autorisés. Autrement dit, pour chaque étudiant de MBA dont McGill exigera 29 500$ par année, Québec diminuera ses subventions de 28 000$.
Selon Mme Courchesne, l'université va à l'encontre des principes d'accessibilité et d'équité sur lesquels est basé notre système d'éducation. «Notre responsabilité, c'est de s'assurer que la qualité de l'enseignement soit comparable dans l'ensemble du Québec.» Après le bulletin uniforme, les universités uniformes! Qu'il s'agisse de l'Université McGill ou de l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, tout le monde doit se conformer au même modèle.
Venant d'un gouvernement qui a déjà eu pour slogan «Briller parmi les meilleurs», une telle attitude est consternante. Elle illustre le parfait ridicule du système de financement de nos universités, système en vertu duquel le gouvernement bloque toute avenue qui leur permettrait de jouir de ressources équivalentes à celles de leurs rivales hors Québec. Et gare à celle qui voudrait sortir du moule!
S'agit-il d'accessibilité, ici, ou de politique? Cette querelle permet en tout cas à un gouvernement impopulaire de tenir tête à l'Université McGill, depuis toujours mal aimée dans le Québec français. En effet, en plus d'être anglaise (ce qui est déjà une faute grave chez nous), McGill a le culot d'être parmi les meilleures universités du monde. On comprend que le ministère de l'Éducation ne puisse tolérer une telle arrogance...

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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