En 2023, selon les données de Statistique Canada, 691 grèves ont été comptabilisées au Québec, un sommet historique fracassant le record précédent de 384 établi en 1974. Et en 2024, ce chiffre a grimpé à 759. Près de 9 grèves sur 10, soit 87% de ces conflits de travail, ont eu lieu dans les secteurs publics, notamment l’éducation, la santé et les services sociaux.
Le Réseau de transport de la Capitale (RTC) et la Société des traversiers sortent tout juste de deux grèves qui ont ciblé spécifiquement le Festival d’été de Québec (FEQ), les représentants syndicaux rétorquant que, pour que les moyens de pression soient efficaces, « il faut que ça fasse mal ». En revanche, de son côté, l’Institut économique de Montréal (IEDM) appelle à une intervention gouvernementale stricte, soulignant que 87% des conflits de travail viennent du secteur public. Quant au projet de loi 89, qui vise à protéger les citoyens en obligeant le maintien de certains services lors de grèves ou de lock-out, l’IEDM argue qu’il ne va pas assez loin du fait qu’il exclut les employés de la fonction publique et de la santé.
À mon sens, il est impérieux de s’en remettre à la définition du Code du travail eu égard aux services essentiels qu’il définit « comme ceux dont l'interruption, lors d'une grève, pourrait mettre en danger la santé, la sécurité ou la vie d'une partie de la population ». Dans cette perspective, nonobstant les doléances des festivaliers du FEQ, les grèves des employés d’entretien du RTC et de la Société des traversiers ne mettent pas « en danger la santé, la sécurité ou la vie d'une partie de la population » et, de ce fait, elles ne peuvent entrer dans la catégorie des services essentiels.
En somme, il est un fait indéniable : le droit de grève est constitutionnel et protégé par les chartes québécoise et canadienne des droits et libertés de la personne. Toutefois, il est aussi un autre fait indéniable : les personnes âgées et vulnérables dont le seul moyen de transport pour se rendre à leur rendez-vous médical est le transport en comme doivent pouvoir s’en prémunir sans préjudice en cas de grève.
Enfin en ce qui a trait au moment « opportun » choisi par les Syndicats pour déclencher une grève, il demeure à leur discrétion. Par ailleurs, si les Syndicats cherchent à s’attirer la sympathie de la population eu égard à leurs revendications, ils risquent fort de recevoir une pléiade de contestations notamment lors d’événements aussi populaires que le FEQ.
Henri Marineau, Québec
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