Ce n'est pas mon habitude de parler de ce qui s'est dit à la télé au soir. Mais ici, c'est intéressant car cela recoupe plusieurs des thèmes abordés souvent dans ces chroniques.
On a réalisé un sondage côté flamand sur le point de savoir qui les Flamands souhaiteraient comme Premier ministre belge. Ils ont plébiscité le Président actuel du Gouvernement flamand, Yves Leterme et rejeté le Président du Gouvernement wallon, Elio Di Rupo.
Il semble donc logique à des sondeurs d'organiser un sondage sur une question de ce type et ce l'est d'une certaine manière. Mais vu de l'extérieur, je suppose que cela semblera étrange. Car enfin pourquoi faire concourir dans un sondage les deux présidents des deux plus importants Etats fédérés belges, l'un la Flandre étant d'ailleurs le plus peuplé (près de 60% de la population belge), et l'autre le moins peuplé (32%)?
Yves Leterme et Elio Di Rupo sont les deux plus importants hommes politiques belges, en tout cas ceux qu'on voit bien peser de tout leur poids après les élections fédérales prévues pour mai 2007.
En même temps cependant, ils sont aussi des personnalités très liées à la Wallonie et à la Flandre. Je suppose que, au Canada, cela semblerait étrange de faire un sondage supputant la possibilité de Premiers Ministres provinciaux d'accéder au leadership canadien?
Chez nous, ce ne l'est pas ou, du moins, pas encore, tellement le poids politique des uns et des autres, même quand il est à la tête du Gouvernement d'un Etat fédéré, semble devoir permettre une réflexion sur ses chances au niveau fédéral belge.
Il arrive que des Belges du Canada qui me lisent me font valoir qu'ils n'ont pas les mêmes idées que celles que je développe dans ces chroniques, c'est-à-dire des idées sinon séparatistes du moins très wallonnes, très nationalistes wallonnes.
Mais s'agit-il vraiment seulement de mes idées?
En fait, il y a quelques mois d'autres sondages ont montré qu'en Flandre, les habitants de ce pays n'admettraient pas un Premier ministre wallon même maîtrisant parfaitement le néerlandais (et il y en a peu). Par ailleurs, la vulgate politique belge francophone se plaît à répéter que les Flamands sont plus nationalistes (flamands) que les Wallons.
Mais cela se combine assez bien avec un nationalisme flamand désireux de garder les avantages que lui donne la supériorité du nombre en Belgique.
Si je mets donc en avant les problèmes que la Wallonie peut rencontrer dans pareil contexte, ce n'est nullement de mon fait un parti pris mais une manière d'informer le mieux possible mes lecteurs du Québec. Et que ceux-ci à leur tour ne croient pas trop vite que la Belgique seule serait la championne de la complexité politique. Dans les pays à composantes multiples comme l'Espagne par exemple, le désir d'autonomie d'une partie de ce pays, comme la Catalogne (par exemple), se comprend assez aisément. Mais quand un pays soumis à des aspirations centrifuges est en réalité constitué de deux composantes principales, le comportement de ces deux composantes peut à la fois viser à dominer le pays ou à s'en séparer.
Je sais bien que la dualité marque aussi le Canada, dans la mesure où l'on parle parfois du ROC et du Québec. Mais le ROC (pris comme tel), n'a pas nécessairement (je pense), des tentations séparatistes. La Flandre et la Wallonie peuvent être tentées (elles et leurs dirigeants), d'avoir un projet wallon (ou flamand), ou d'avoir toutes les deux un projet belge. Leurs populations aussi. Mais la Wallonie et la Flandre existent bel et bien et cette dualité est le reflet le plus exact de la réalité politique et sociologique même si ces deux entités ont encore un Etat fédéral (et déjà un peu confédéral), commun.
José Fontaine
PS: Pratiquement 4000 personnes ont perdu leur emploi dans un usine VW de l'agglomération bruxelloise, ce qui scandalise d'autant plus profondément que les travailleurs, leurs syndicats, les pouvoirs publics tant fédéraux que régionaux bruxellois avaient tout fait pour rendre possible la pérennité de l'entreprise. Il semble bien aussi que le sacrifice du site bruxellois de VW ait été motivé également par des volontés politiques et syndicales allemands de limiter la casse sociale en Allemagne même, ce qui passait par le sacrifice (ou quasi sacrifice), du site bruxellois.
Nouveaux paradoxes belges
Chronique de José Fontaine
José Fontaine355 articles
Né le 28/6/46 à Jemappes (Borinage, Wallonie). Docteur en philosophie pour une thèse intitulée "Le mal chez Rousseau et Kant" (Université catholique de Louvain, 1975), Professeur de philosophie et de sociologie (dans l'enseignement supérieur social à Namur...
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Né le 28/6/46 à Jemappes (Borinage, Wallonie). Docteur en philosophie pour une thèse intitulée "Le mal chez Rousseau et Kant" (Université catholique de Louvain, 1975), Professeur de philosophie et de sociologie (dans l'enseignement supérieur social à Namur et Mirwart) et directeur de la revue TOUDI (fondée en 1986), revue annuelle de 1987 à 1995 (huit numéros parus), puis mensuelle de 1997 à 2004, aujourd'hui trimestrielle (en tout 71 numéros parus). A paru aussi de 1992 à 1996 le mensuel République que j'ai également dirigé et qui a finalement fusionné avec TOUDI en 1997.
Esprit et insoumission ne font qu'un, et dès lors, j'essaye de dire avec Marie dans le "Magnificat", qui veut dire " impatience de la liberté": Mon âme magnifie le Seigneur, car il dépose les Puissants de leur trône. J'essaye...
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