Trois signes sont observés depuis le déclenchement de la campagne électorale fédérale. D’abord, le passage de membres d’un parti à un autre, d’un palier à un autre et même dans le même canal politique. Ensuite, la réorganisation du Parti Québécois et enfin une question d’ordre pratique les changements majeurs à opérer dans le cadre de cette rénovation sont-ils bien compris par tous ?
Campagne électorale et transfuges !
Dans cette campagne électorale, ce sont des ‘’spectacles’’ que d’aucuns traduiraient par ‘’shows’’ riches en couleurs que nous offrent les candidats en lice et leurs promesses pour certaines utopiques pour d’autres dérisoires. Déjà deux débats publics, l’un en français et l’autre en anglais nous disent ce que sont leurs perceptions sans pour autant cibler même des objectifs mineurs.
La loi 21 portant laicité de l’État Québécois accaparent l’attention des partis fédéralistes. Aucun des véritables enjeux de l’heure n’a été à ce jour à la hauteur des attentes non seulement des Canadiens mais aussi des Québécois. Les attitudes des chefs de partis et quelques répliques ont fait l’image et rien de plus. Les déclarations sont toutes bâtis sur les échecs passés des uns, les propositions de succès des autres et les omissions volontaires des besoins réels des citoyens.
Encore une fois au Québec les électeurs seront attentifs aux arguments du Bloc Québécois. Il a commencé à se singulariser par les bonnes prestations de son chef. Ses options, ses idées et ses thèses sont porteuses d’un pays qui se caractérise par sa position responsable portée par des candidats fortement résistants aux politiques sclérosantes de l’État Fédérale Canadien. Néanmoins, ses adversaires sont loin d’être à la hauteur des répliques attendues par leurs partisans. Mais du même côté de la palissade, il est fâcheux de constater que le fameux adage qui dit ‘’Préserve moi de mes ami-e-s, mes ennemis (adversaires) je m’en occupe’’ se confirme au détriment de la loyauté aux principes consacrés et aux valeurs partagées. Depuis une décennie et demie, je comprends, un peu mieux le sens donné aux ‘’libertés individuelles’’. L’une d’entre-elles m’interpelle à chaque élection municipale, provinciale ou fédérale ; il s’agit de la liberté que s’offrent des femmes et des hommes politiques qui passent d’un parti à un autre, ou deviennent indépendants, sans pour autant que cela ne gêne les électeurs qui leur restent loyaux. Cela se voit dans le passage d’un palier à un autre et sans remords, sans examen de conscience, même si des explications sont évoquées ici et là. Cela reste un manque de probité et pose sérieusement la question du niveau de conscience politique des candidats.
Le Parti Québécois veut se requinquer !
Pendant ce laps de temps, à la suite de sa défaite d’octobre 2018 et dans l’attente de son congrès extraordinaire, le Parti Québécois, a décidé de se refonder et d’opérer un remodelage. Parmi tant d’autres, quatre causes de ce changement qui se voudrait majeur, me viennent à l’esprit : une faille grossière dans la vision à long terme ; une démarche globale déviée de sa trajectoire, des dysfonctionnements dans l’organisation et enfin l’inexistence d’un texte rassembleur. Bien entendu des facteurs exogènes nocifs et persistants font partie de son environnement et à mon humble avis les candidats se laissent distraire. Alors, comment y remédier ? Le prochain congrès nous en révèlera quelques aspects.
Des suggestions ... !?
Dans l’un de mes précédents textes j’avais dit qu’à mon sens le PQ a besoin d’une véritable cure de désintoxication. Oui, il doit réformer son organisation, son fonctionnement et sa stratégie de gouvernance. Il doit aussi revoir ses liens et ses relations avec le citoyen et ses relais sociaux et économiques. Il doit choisir des hommes et des femmes qui parlent au citoyen et qui l’écoutent. Il s’agit d’une véritable opération de séduction citoyenne. Enfin, le projet de pays devra tenir compte des changements intervenus depuis plus d’une décennie au sein de la société toute entière. J’ai déjà parlé d’une déclaration de principes.
https://vigile.quebec/articles/le-quebec-l-independance-d-un-pays-et-la-liberation-de-ses-citoyens-i
https://vigile.quebec/articles/l-independance-d-un-pays-et-la-liberation-de-ses-citoyens-ii
Je n’avais pas fini de préciser mon idée qu’elle avait déjà été prise au vol. En fait, la reprise de volée a été, à mon sens, un échec même si du fait de sa nouveauté elle inspire bien du monde mais le processus de sa formulation est en deçà des attentes globales. Une chose est certaine c’est qu’avec des fondements solides, un objectif bien défini, des principes acceptés et conciliés, un parti bien bâti se relève vite parce que ses leaders, ses militants, ses relais sont confiants dans le contenu de son projet de société. Pour le PQ, les signes du déclic tant attendu semblent altérés par des mécanismes hérités de la période d’avant octobre 2018. Je me suis posé la question suivante : Est-ce que cette rencontre de novembre 2019 va rassurer ou au contraire va confirmer la fin d’une époque et d’une organisation qui portaient les germes de l’indépendance réfléchie par des visionnaires et des génies incompris par bien du monde ?
Le projet de déclaration de principes.
Au-delà de l’énoncé, il faut savoir que pour réussir l’indépendance du pays et lui octroyer la plénitude d’une gouvernance tant rêvée, une déclaration ne saurait se suffire à elle-même sans un texte d’explication ; une charte pour reprendre le concept consacré, là où de rigueur. On dit souvent que la précipitation est mauvaise conseillère. C’est à l’évidence ce qui arrive à vouloir combler à tout prix un vide là où une réflexion est nécessaire. Cette charte ou plateforme, comme je l’ai déjà expliqué, dans une précédente réflexion sur l’indépendance d’un pays, n’est pas l’affaire d’un seul homme ou d’une seule femme, d’un groupe de personnes ou d’une équipe. La réfléchir est une chose sérieuse et pour la réaliser cela en appelle à toutes et à tous. Elle doit rassembler, sensibiliser, mobiliser et mettre en mouvement et mener vers le but assigné. La procédure étant différente d’un groupe à une équipe, d’un militant à un sympathisant. La méthodologie doit être innovante et éviter les sentiers battus.
Les membres et les Québécoises et Québécois doivent savoir que faire l’indépendance d’un pays ne saurait se résumer à une bataille à la chefferie, à la désignation d’un leader et que la chefferie ne saurait être le moteur de la lutte pour l’indépendance. J’ai entendu des avis au sujet du contenu du projet de déclaration de principes du PQ. Je l’ai lue. Elle porte des idées que le prochain congrès devra enrichir et que le nouveau chef devra accepter pour diriger. J’ai exprimé ma déception. Pourquoi ? Parce que faire l’indépendance d’un pays est en soi une œuvre colossale qui intéresse et concerne autant ses femmes que ses hommes et, surtout si elles et ils mettent de l’avant le devenir des générations futures. Le chef ou la cheffe doit être partie prenante de cette plateforme du début à la fin. Et surtout s’imprégner et incarner le cadre de références du texte explicatif, dont il/elle devra en connaître les moindres coutures, le moindre mot, le moindre objectif, la stratégie de développement celle du changement, les perspectives, les liens à organiser et à tisser avec toutes celles et tous ceux, à l’intérieur comme à l’extérieur, qui ont un mot à dire sur le devenir du Québec actuel en un Québec indépendant. C’est dire combien une déclaration de principe précède une charte explicative qui à son tour anticipe et encadre le programme politique. Le congrès de novembre 2019 sera-t-il celui du renouveau du PQ ou celui de la renonciation ?
Ferid Chikhi
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