À retenir
Pauline Marois - Rien de réglé
_ Marois doit partir selon un ancien «mousquetaire»
_ Pierre Curzi voit d'un bon oeil la crise qui secoue le Parti québécois
Malgré une semaine houleuse au Parti québécois marquée par la fronde d'une poignée de députés réclamant le départ de Pauline Marois, celle-ci maintient le cap et s'attend à plus de sérénité au cours des prochains jours.
De passage à Montréal aujourd'hui pour participer à une marche souverainiste organisée par le réseau Cap sur l'indépendance, la chef du PQ a affirmé être armée d'une grande résilience et animée par «ses convictions» souverainistes.
Mme Marois a ajouté souhaiter retrouver le calme au sein du parti, afin de pouvoir s'assurer que le «travail sera fait», en faisant allusion à la commission d'enquête sur la construction annoncée récemment par le gouvernement de Jean Charest. Le premier ministre se défile avec une commission «qui n'en est pas une», a-t-elle argué. Mme Marois a poursuivi en soutenant que les députés péquistes doivent maintenant se concentrer sur leur tâche à l'Assemblée nationale afin de défendre les intérêts de la population.
Les divisions se sont cristallisées au Parti québécois cette semaine, alors que des allégations circulaient voulant qu'une poignée de députés ait demandé sans détour la démission de Mme Marois lors de réunions à huis clos. Ces députés craindraient une défaite cuisante de leur parti aux prochaines élections, en raison de la faible performance du PQ dans les sondages sur les intentions de vote. Trois caucus du parti ont été tenus dans la seule journée de mercredi, alors que la chef tentait de calmer le jeu.
Pour le président du Parti québécois, Raymond Archambault, les événements de cette semaine ont reflété non pas des dissensions au sein de la formation politique, mais plutôt des inquiétudes.
«Certains députés sont inquiets en raison des sondages. Mais vous savez, un sondage, c'est une photographie de l'opinion publique et ça, ça évolue. Je donne souvent l'exemple de Jean Charest, dont le parti récoltait 19 % d'intentions de vote dans les sondages pour ensuite former un gouvernement majoritaire l'année suivante», a-t-il plaidé, ajoutant que rien n'était encore perdu pour le Parti québécois.
Mme Marois, qui était entourée pour l'occasion de députés reconnus pour la loyauté qu'ils lui portent - dont Maka Kotto (Bourget) et Marie Bouillé (Iberville) -, a réaffirmé être la chef du Parti québécois, une formation qui «milite d'abord et avant tout pour faire du Québec un pays», a-t-elle souligné.
Mme Bouillé a reconnu qu'il y avait bel et bien un malaise au sein du parti, et que certains députés étaient inquiets. «Je crois que c'est aussi du à l'appel des sirènes de François Legault, je pense que ça joue là-dedans», a avancé la porte-parole officielle de l'opposition en matière de famille. La Coalition pour l'avenir du Québec de François Legault caracole en tête des sondages sur les intentions de vote des Québécois depuis un bon moment.
La cause souverainiste est aussi celle de Québec solidaire, a par ailleurs fait remarquer sa présidente et co-fondatrice, Françoise David. Elle a fait savoir samedi qu'elle laisserait le PQ «régler (ses) problèmes» mais qu'elle invitait aussi les indépendantistes de la province à s'intéresser à son parti.
Quant à la main tendue plus tôt cette semaine au PQ par Amir Khadir, Mme David a rappelé que l'unique député élu de Québec solidaire avait parlé en son nom personnel. «Si on doit parler éventuellement d'entente avec un autre parti, j'irai devant mes membres pour en discuter», a indiqué Mme David.
Même son de cloche du côté de la bloquiste Maria Mourani, qui soutient que c'est aux membres de décider du sort de Mme Marois. «Je n'ai aucun droit d'opinion là-dessus, moi, je me concentre pour la course à la direction du Bloc, et mon but est de gagner ces élections-là», a-t-elle ajouté.
Alors que certains souhaiteraient voir l'ancien chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, à la tête du PQ, Mme Mourani s'est contentée de dire que le sujet n'avait pas été abordé lors de leur dernière rencontre, il y a quelques semaines. «Je n'ai pas de boule de cristal, alors je n'en sais absolument rien», a-t-elle lancé.
Les avis étaient partagés quant à l'avenir de Mme Marois parmi les souverainistes convaincus qui s'étaient déplacés pour prendre part à la marche de Cap sur l'indépendance. Certains inconditionnels de la chef péquiste ont soutenu être prêt à lui donner toutes ses chances, tout en espérant que les choses rentreront dans l'ordre avec le temps, en dépit de la nervosité démontrée par quelques députés péquistes.
«Mme Marois est une bonne personne, mais compte-tenu du fait qu'elle est mal-aimée, je crois qu'il devrait y avoir un changement», a de son côté fait valoir le militant Robert Éthier, ajoutant que cet avis était généralisé au sein de la population, selon lui.
Marche de l'indépendance
Environ 200 personnes se sont présentés à l'événement organisé par le réseau Cap sur l'indépendance, qui regroupe 22 mouvements indépendantistes et nationalistes.
Le coordonnateur du groupe, l'ancien ministre péquiste Gilbert Paquette, estime que les combats du Québec pour la démocratie, l'environnement et le développement durable, la justice sociale, et la culture passent par l'indépendance du Québec.
Gilbert Paquette souhaitait que tous les indépendantistes, quels que soient les organisations ou les partis auxquels ils appartiennent, se joindront à la marche qu'il veut «unitaire et rassembleuse».
Le rassemblement a eu lieu à la Place du Canada - que les manifestants avaient rebaptisé symboliquement «Place de l'indépendance» - et s'est conclu devant l'hôtel de ville de Montréal.
L'artiste Sébastien Ricard, du groupe Loco Locass, et la comédienne Catherine Dorion étaient les porte-parole de l'événement. Cap sur l'indépendance a comme objectif de réaliser une campagne citoyenne permanente pour l'indépendance du Québec. Ce réseau a été lancé à l'occasion de la Journée nationale des patriotes, en mai dernier, par un rassemblement d'environ 1000 personnes.
Par Laurence Hallé et la Presse canadienne
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