Parce que je ne voulais pas qu’offrir mes simples condoléances et qu’il fallait que l’on porte outrage au deuil avant moi.
Pensée pour les endeuillés et réflexion aux embernés,
Depuis la tragédie de Lac Mégantic, les médias prennent bien soin de couvrir l’affaire. En fait, ils la couvrent tellement, qu’ils ne parlent que de la terrible expérience de Madame F au lieu de rentrer dans le vif du sujet. La télé-réalitisation des nouvelles est en train de tuer l’information. Il ne reste plus que les pleurs et le sport. Non pas que le sport ne soit pas important – c’est de la culture (physique) au moins –, mais quand plus rien d’autres n’existe, c’est à se demander pourquoi ils n’abordent pas le sujet au lieu de s’acharner sur des endeuillés catatoniques?
Les spectateurs ne devraient pas être en deuil, mais bien en berne. Laissez-leur donc pleurer leurs morts en paix, câlice! C’est une tragédie nationale, pas un feuilleton mélodramatique…
Heureusement, au travers de tout ce grand merdier émotionnel et médiatique ressortent quelques bons et grands mots trop souvent oubliés : amour; résilience; entraide; foi.
Tant de mots pour décrire notre peuple qui ignore à se connaître parce qu’on ne lui montre pas comment se ressaisir.
Parce que non, le deuil ce n’est pas l’apitoiement. Le deuil, ce n’est pas ne rien faire. Ce n’est pas attendre. C’est la mort, ça.
Le deuil, c’est l’arrêt, la remise en question, le recueillement et la vie qui recommence.
C’est intime, c’est profond, c’est important.
Très important.
Pour une nation, le deuil, c’est la mise en berne. Et la mise en berne n’est pas le deuil. On peut avoir un sentiment pour les victimes et les familles des victimes, mais on ne peut pas vivre le deuil à leur place.
Notre nation est en berne et même si elle est laïque, comme je l’aime, je suis en deuil moi aussi. Les individus ne sont jamais laïcs. Ils peuvent être athées, mais pas laïcs.
Moi, je suis croyant. Proche du catholicisme. En tout cas, j’en viens et je me souviens.
Même si j’en change moi aussi.
La croyance c’est la foi, ce n’est pas Dieu. Dieu, n’est qu’une conception en laquelle les monothéistes croient. Tout comme ce n’est pas Dieu qui déplace les montagnes, mais bien la foi. Parce que Dieu est ce que l’on idéalise, ce que l’on espère et ce que l’on travaille pour atteindre au travers de la foi. Mettez bien tout votre cœur à déplacer une montagne, si vous n’y mettez pas votre corps aussi, elle ne bougera pas d’un poil. Parce que la foi n’est pas dans ce qui nous entoure aujourd’hui, elle est dans ce qui peut advenir demain si on travaille pour l’atteindre. Bref, elle est ce que l’on en fait avec le temps.
Pour moi, Dieu comme unique, comme représentation de l’ultime; du parfait impossible à atteindre qui ne se doit de n’être défini que par un seul mot se retrouve dans le mot : « Amour ». Elle est peut-être là la plus grande richesse des enseignements catholiques. Ça se retrouve dans le Sacré-Cœur et la Sainte-Famille très priés, jusqu’à il n’y a pas si longtemps, au Québec.
Et Dieu n’est pas l’Église. L’Église est faite d’hommes. Or, les hommes ne sont pas des conceptions, alors ils ne peuvent pas être parfaits.
Le problème est chez eux qui ont oubliés les grands mots que nous tenons de notre passé catholique. Cet amour, cette entraide, cette résilience et cette foi dont je parlais et qui ressortent dans les médias. Ils ont sublimé le « T » de la croix, ils ont diphtongués à outrance le « O » de la parole et ils ont rajouté le « X » des illettrés, pour ne plus se souvenir que des maux que l’Église a commise et ainsi omettre tout ce que ce passé nous apporte aujourd’hui. Oui, l’Église a ses torts, mais il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain.
Nous sommes un peuple accueillant, bon et gentil, mais fragiles de nos défaites antérieures et des injures que l’on a essuyées. C’est aussi fort et injustifié que le sentiment de honte d’une victime face à elle-même… comme si c’était de notre faute!
On a accueilli à bras ouvert les colons français, laissant entrer les guerres et les maladies d’Europe. On a subit la Conquête avec résilience et rebâtit notre maison. On s’est mariée avec les nouveaux arrivants, déportés par notre conquérant. Et quand on a légitiment demandé le respect de nos droits, on a été écrasé par la violence et l’assimilation. Nos élites religieuses nous ont trahie et se sont rangées du côté de la Couronne qu’on a dû aider à payer pour construire ses canaux. On a payé aussi pour son train, sa colonisation et ses puits de pétroles. Mais on n’a reçu aucun sous pour nos barrages.
Connaissant notre situation et profitant de la leur, c’est du haut de leur mépris et de leurs manipulations, qu’ils traitent notre nation de raciste, de xénophobe, d’intolérante, d’ingrate, de bébé gâtée… celle-là qui multiplie les gestes d’entraide et qui accueille chez elle; celle-là qui n’arrête pas les levées de fond – pour elle, comme pour les autres –; oui, cette nation-là qui n’a plus en tête que les défauts que son conquérant ne cesse de lui répéter.
S’ils nous parlent sans cesse de la terrible expérience de Madame F, c’est pour ne pas avoir à nous parler de ce résidant du village voisin qui – demandant de l’information à un employé de la compagnie – s’est fait menacer de saignée et traiter de « fucking frog »… En traduction « politically correct », il lui aurait consenti une séance photo, deux questions en français et « l’incompréhension face à la colère »…
L’amour, ce n’est pas tendre l’autre joue sans jamais répondre comme l’Église et la Couronne nous on mit dans la tête pour nous empêcher de nous rebeller à nouveau. Le respect des hommes ne tombe pas du ciel, parce que l’amour, ça commence dans son cœur, dans sa tête et dans ses couilles.
Alors on fait quoi? On se laisse faire? Encore?
Si ça continue comme ça, la compagnie tentera même de nous refiler une partie de la facture pour mauvaise utilisation des services…
Et ils tenteront de nous faire avaler le pipeline au lieu du train. Comme si le problème venait du moyen de transport et non pas du produit si cher à nos braves propriétaires Canadiens. Un produit que nous possédons nous aussi et pour lequel le gouvernement Marois est en voie d’autoriser la fracturation hydraulique sur Anticosti où les droits d’exploration ont a été vendu pour des prix dérisoires par les libéraux à des privés déjà informés des stocks sur le bras des Québécois alors qu’ils étaient en haut-poste à la division Pétrole et gaz d’Hydro-Québec. Une division d’ailleurs supprimée par les péquistes juste après que l’exploration eut été faite…
Et étrangement, aucun des grands médias ne parle d’utiliser nos surplus électriques (que nous vendons à perte au lieu de laisser se perdre dans la nature) pour l’électrification de nos moyens de transport.
Mais à qui profite notre consommation de pétrole? À qui profitera l’exploitation du nôtre? Et surtout : Voulons-nous exploiter ce poison chez-nous?
Moi je pense (et je ne suis pas le seul à ON) qu’il faut qu’on le nationalise et qu’on n’y touche plus.
Pourquoi utiliser une énergie hautement polluante, fabriqué à partir d’un produit inflammable, explosive, insolvable, toxique et nécessairement polluante même si consommée le plus parfaitement du monde alors que nous possédons déjà de l’énergie propre en surplus?
Et ne venez pas essayer de me faire à croire que les moteurs électriques ne sont pas au point après tous les défis qu’ils relèvent et tous les prix qu’ils remportent récemment…
Alors la question que nous devons nous poser, nous, en tant que Québécois :
Kossé qu’on fait avec le pétrole?
On met nos culottes ou on tend l’autre joue, encore?
Tel est notre devoir d’embernés.
Mes hommages aux victimes.
Travaillons pour qu’une telle tragédie humaine et écologique ne se reproduise plus jamais.
Au delà de mes simples condoléances...
Pensée pour les endeuillés et réflexion aux embernés,
On fait quoi avec le pétrole?
Tribune libre
Mathieu Gingras4 articles
Candidat à la maitrise en littérature à l’Université Laval ; Vice-président d’Option Nationale - Université Laval ; Vice-président d’Option Nationale - Taschereau
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4 commentaires
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
24 juillet 2013Appui total à Danielle:
"...l’énergie électrique, c’est exactement vers quoi se dirige le gouvernement. En attendant, ne rêvons pas en couleurs. Le pétrole nous en avons encore besoin et pas seulement pour faire rouler les automobiles, il sert à bien d’autres choses. Soyez réaliste et convenez que la transition vers l’énergie électrique ne peut se faire que graduellement..."
Vrai aussi que, trop de fautes arrête le lecteur...
Et le pétrole? Nationaliser, bien sûr! Et embaucher les meilleurs spécialistes de "l'Économie Écologique" afin de surveiller le drilling à notre compte, qu'il nous faudra bien faire, si vraiment nous en avons sous les pieds, mais loin des populations de la vallée du St-Laurent.
Le moyen de faire respecter notre affiche STOP au pétrole aux frontières, c'est de n'élire, tant qu'on nous retient nos impôts à Ottawa, que des députés du Bloc Québécois, il faut absolument le ressusciter!
Archives de Vigile Répondre
21 juillet 2013@JPB,
"De ce que j’ai lu dans les journaux, il semble bien que le jeune curé Lamy, au verbe facile, s’attribue le mérite d’avoir stoppé les flammes dret aux portes de l’église par ses gesticulations et paroles exorcistes."
Relisez la citation. Elle est du marguiller, et non du curé Lamy. Celui-ci est sans doute resté modeste.
Bon, il a préféré rester sur place pour faire des rituels conjurant le sort. C'est sans doute la seule chose qu'il pouvait faire qui rentrait dans ses compétences. Fuir est une option, mais ce serait plutôt navrant de la part de celui qui fait office de représenter le gars qui s'est sacrifié pour la rédemption du monde. Ce curé est cohérent avec lui-même.
Et vous, qu'auriez-vous fait ?
Archives de Vigile Répondre
21 juillet 2013À l'auteur de cet article (confus et truffé de fautes, mais bon!)je répondrais que l'énergie électrique, c'est exactement vers quoi se dirige le gouvernement. En attendant, ne rêvons pas en couleurs. Le pétrole nous en avons encore besoin et pas seulement pour faire rouler les automobiles, il sert à bien d'autres choses. Soyez réaliste et convenez que la transition vers l'énergie électrique ne peut se faire que graduellement.
Et à monsieur Belisle, je réponds que l'église St-Agnès ce n'est pas Dieu qui l'a épargnée mais sa distance de la voie ferrée. Je suis native de Lac-Mégantic, en passant.
Jean-Pierre Bélisle Répondre
21 juillet 2013Puisque vous êtes croyant et mêlez la religion à toute cette tragédie, dites-moi, par quelle théorie expliqueriez-vous que l'église Sainte-Agnès ait été épargnée des flammes et soit encore debout ?
De ce que j'ai lu dans les journaux, il semble bien que le jeune curé Lamy, au verbe facile, s'attribue le mérite d'avoir stoppé les flammes dret aux portes de l'église par ses gesticulations et paroles exorcistes. Tout au moins, déclare-t-il qu'il a été entendu par nul autre que Dieu lui-même en personne et que le Créateur aurait entendu et exaucé son appel.
"... dans les minutes qui ont suivi l’explosion, au moment où le centre-ville se désintégrait sous le feu extrême, le jeune curé de 35 ans est sorti du presbytère, est descendu sur la pelouse à côté de la statue et a imploré le Sacré-Cœur de se manifester afin de protéger l’église et d’arrêter tout ce gâchis. Les bras en croix, il a supplié son Créateur d’exorciser le mauvais sort du centre-ville. «Notre curé a été exaucé. Appelez ça comme vous voulez, mais pour moi c’est un miracle», mentionne le président de la Fabrique Gérard Fortier."
"À une époque où la foi vacille, rapporte le Journal de Montréal, il est bon de savoir que parfois il arrive que le Bien triomphe du Mal."
Comme vous dites, "les médias prennent bien soin de couvrir l’affaire".
En ce qui me concerne, cest d'une grande tristesse intellectuelle. Une sorte de remake du temps de mon enfance.
Et vous, Monsieur Gingras, où vous situez-vous le miracle dans tout ce salmigondis ?
JPB