Petit lie les émeutes de Montréal-Nord à l'attitude du Bloc

(Stupide d'associer le Bloc aux émeutes, dit Serge Ménard)

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Petit conservatisme...


Julie Lemieux - Le Bloc québécois a contribué à l'éclosion des émeutes de Montréal-Nord en refusant de collaborer avec les conservateurs pour durcir les sentences criminelles, suggère le député sortant de Charlesbourg?Haute-Saint-Charles, Daniel Petit.
En entrevue au Soleil, hier, ce candidat conservateur et membre du Comité permanent de la justice a vilipendé le Bloc québécois, qui rejette systématiquement toutes les propositions du gouvernement Harper en matière de lutte à la criminalité, avance-t-il. M. Petit fait même un lien direct entre les émeutes de Montréal-Nord et l'attitude négative du Bloc.
«Essayez de travailler à un comité de la justice quand vous êtes minoritaires! Vous allez voir que le Bloc est là. Lui, les lois qu'on tente de faire, pour quelques raisons que ce soit, c'est niet! Alors, les problèmes qu'ils ont à Montréal-Nord, on devrait peut-être se poser des questions. Un moment donné...», a lancé cet avocat, qui avait aussi fait un lien entre les problèmes d'intégration des immigrants et la tuerie de Dawson.
Invité à préciser sa pensée, Daniel Petit a avancé que les problèmes de Montréal-Nord s'expliquent par l'aspect multiethnique de ce quartier et par la crise de confiance des citoyens dans une justice trop permissive. «Je suis moi-même un immigrant belge qui est arrivé ici en 1958. Parlez-moi-z-en de l'immigration! C'est extrêmement difficile pour ces gens. Eux, en plus, dans Montréal-Nord, ils sont dans un ghetto. Imaginez-vous que vous êtes en Afrique du Sud et vous avez un quartier où vous êtes tous des Blancs et vous êtes pauvres en plus. Hé, mon doux... Ça va faire mal, hein?»
À son avis, les citoyens reprendront confiance en la justice si le gouvernement impose des sentences plus sévères pour les crimes graves. Le candidat est d'ailleurs d'accord avec la promesse de son parti d'instaurer un système de sentences plus lourdes, allant jusqu'à la prison à vie, aux jeunes criminels canadiens.
«Si votre mère est assassinée, que faites-vous? Vous laisseriez aller (le tueur)? Mais votre mère est assassinée. Vous êtes choqué, vous voyez l'individu devant vous qui sortira dans trois ans. Mais vous, votre prison est à vie parce que votre mère, vous ne l'aurez plus jamais. Vous faites quoi? C'est la question que je pose aux gens.»
Le député sortant affirme que l'enjeu de la sécurité est aussi très présent à Charlesbourg. Particulièrement chez les personnes âgées, qui lui parleraient beaucoup de cet enjeu, sur le terrain. «Les gens âgés regardent la télé, lisent les journaux et voient que ce n'est pas toujours jojo dans bien des parties de la province, comme à Montréal. Les gens me disent qu'ils veulent un sentiment de sécurité. Ils ont l'impression présentement d'être dans l'insécurité», a-t-il expliqué.
Selon lui, les citoyens de Charlesbourg estiment que des «sentences bonbons» sont trop souvent imposées aux criminels et que le système devrait être plus punitif. Au cours d'un prochain mandat, les conservateurs s'efforceraient donc de renverser cette tendance et de prendre le parti des victimes, et non des criminels, promet M. Petit.
Ligne de parti
Cet avocat admet qu'il est une personne entière et qu'il a parfois un peu de difficulté à suivre la ligne de parti et à tenir sa langue. Mais il ajoute qu'une formation politique est comme une famille qui vit des frictions, des discussions, des mésententes. «Et ce n'est pas pour ça qu'on met tout le monde dehors!» a-t-il lancé.
M. Petit ne s'en cache pas : les mesures des conservateurs sont «populistes». Mais il ajoute qu'il ne voit que du positif dans cette expression. À ses yeux, être populiste implique en effet d'être proche de l'humain, de travailler pour tout le monde, peu importent les classes sociales. Le candidat met d'ailleurs au défi les partisans du Bloc de remettre les 100 $ qu'ils reçoivent pour leurs enfants de moins de six ans parce qu'ils sont en désaccord avec les conservateurs. «Ben voyons. Ça n'aurait pas de bon sens! C'est ça, être populiste. On travaille avec tout le monde, on n'a pas segmenté le monde, on touche tout le monde.»
Le candidat dans Charlesbourg craint le club des mal-cités
Le conservateur Daniel Petit l'admet d'emblée : il redoute les entrevues avec les médias et préfère le porte-à-porte aux discussions avec les journalistes. Pourquoi?
«On a toujours l'air du club des mal-cités! Présentement, je vous parle et vous n'êtes pas dans mon comté. Vous êtes ben gentille, mais même si je réussissais à vous convaincre, vous diriez les choses avec votre prisme à vous. Sauf que j'en ai 97 000 à voir comme ça. Je préfère aller voir les gens», a-t-il confié au Soleil.
M. Petit tient à rassurer ses adversaires : nul besoin de mettre sa photo sur les pintes de lait pour le trouver. Le candidat affirme qu'il fait beaucoup de terrain, qu'il serre des mains devant les supermarchés, qu'il frappe aux portes de ses électeurs. «Dans le fond, c'est vrai. Je ne suis pas sur le terrain. Je suis dans les maisons des gens», rigole-t-il.
Présent à Ottawa
À ceux qui disent qu'il n'a pas été présent comme député de Charlesbourg depuis son élection en 2006, Daniel Petit répond qu'ils ont bien raison. «C'est vrai que les députés conservateurs ne prennent pas souvent la parole dans la région. Et je vais vous dire pourquoi. Pour réaliser les promesses que nous avons faites, c'est à Ottawa qu'il fallait que le député travaille. Si je suis sur le terrain avec les médias, les gens se demanderont pourquoi je ne suis pas à Ottawa.»
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Le député sortant Daniel Petit affirme que l'enjeu de la sécurité est aussi très présent à Charlesbourg. Particulièrement chez les personnes âgées.
Le Soleil, Laetitia Feconinck
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Stupide d'associer le Bloc aux émeutes, dit Serge Ménard
03 octobre 2008

Serge Ménard a qualifié d'odieux les propos du député conservateur Daniel Petit.
Photos: La Presse et Le Soleil

Lia Lévesque - «Odieux, carrément stupides et ridicules.» Le porte-parole du Bloc québécois sur les questions de justice, Serge Ménard, n'a pas mâché ses mots pour qualifier les propos du député conservateur sortant Daniel Petit, qui a tissé un lien entre l'attitude des députés bloquistes au comité de la justice et les émeutes à Montréal-Nord.
Dans son édition de vendredi, le quotidien Le Soleil faisait état des propos de M. Petit, candidat conservateur dans Charlesbourg-Haute-Saint-Charles, qui se plaignait du fait que chaque fois que le comité de la justice, où les conservateurs étaient minoritaires, avait voulu durcir les lois en la matière, les bloquistes s'étaient objectés. «Alors les problèmes qu'ils ont à Montréal-Nord, on devrait peut-être se poser des questions», avait poursuivi M. Petit.
Au cours d'une rencontre avec la presse, vendredi après-midi à Montréal, le candidat bloquiste dans Marc-Aurèle Fortin, Serge Ménard, s'est dit outré, mais pas surpris, que de tels propos aient été prononcés par M. Petit.
«Moi, ça ne m'étonne pas qu'il ait dit ça. Il a dit tellement de grossièretés en Chambre et devant les comités que ça ne m'étonne pas que celle-là lui soit venue à l'esprit et qu'il l'ait exprimée. Je ne crois pas qu'il avait une intention malicieuse particulière pour avoir dit celle-là. Mais c'est vraiment le genre de choses qu'il dit en Chambre continuellement», a soutenu M. Ménard.
«Y a-t-il quelqu'un d'intelligent qui peut penser que le Bloc est quelque part dans la cause de l'émeute de Montréal-Nord?» a lancé le député sortant du Bloc québécois.
M. Ménard a dit trouver ironique qu'en même temps qu'il accuse le Bloc québécois d'empêcher l'adoption de mesures plus coercitives, le Parti conservateur reproche au Bloc de ne servir à rien au parlement fédéral.
De son côté, le candidat conservateur Petit a publié une brève déclaration, ne reniant pas ses propos mais tentant d'en tempérer la portée.
«Bien que je trouve regrettable l'attitude démontrée par le Bloc dans le cadre des travaux du Comité permanent de la justice, en aucun cas je ne voulais lier cette formation politique aux événements malheureux qui ont eu lieu récemment à Montréal-Nord ni lui attribuer quelque responsabilité que ce soit», affirme-t-il.
M. Ménard a d'autre part fait valoir que les statistiques sur la criminalité prouvent que c'est le Québec qui est sur la bonne voie en matière de traitement de la criminalité juvénile, et non le reste du Canada. «Quand j'étais ministre de la Justice (au provincial), le taux de criminalité juvénile du reste du Canada était 50 pour cent supérieur à celui du Québec, parce que nous avons une approche différente», a-t-il dit.
Il a expliqué que le Québec adapte la peine au jeune, à son crime et à sa situation personnelle, plutôt que d'établir une peine uniforme. «Notre méthode fonctionne; elle donne des résultats», a-t-il tranché.


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