Pour qui la loyauté?

27fcda77db2e505f1825f4e3f60cab04

Un système d'éducation qui ne souffre aucune critique

Le cas de cette enseignante, menacée de congédiement par sa commission scolaire pour avoir rendu publiques les conditions déplorables dans lesquelles elle exerçait sa profession, soulève le débat sur le devoir de loyauté.


À qui les travailleurs d’institutions publiques doivent-ils faire preuve de loyauté ? À l’employeur ou à la population qu’ils desservent ?


Le lien de confiance


La rupture du lien de confiance est de plus en plus évoquée comme motif de renvoi chez les employeurs du secteur public, créant également un effet de dissuasion chez d’autres collègues tentés de dénoncer les carences dans les services dispensés à la population. Paradoxalement, les institutions publiques s’attendent de leurs employés qu’ils exercent leur jugement professionnel et qu’ils assument adéquatement leurs responsabilités tout en leur demandant de fermer les yeux sur une organisation inefficace des services.


Cette tendance à réprimer les points de vue dérangeants a pris une telle ampleur qu’au fil du temps les syndicats en sont venus à conseiller la plus grande prudence à leurs membres en signalant les risques de congédiement pour bris de confiance. Cette imposition du silence par l’employeur ne masque toutefois pas les dégradations affligeant les services, pas plus qu’elle ne protège les institutions et leurs employés de critiques acerbes de la part de la population.


Libérer la parole


En réaction, le ministre Roberge souhaite libérer la parole des enseignants pour identifier les problèmes et pouvoir s’y attaquer. Pourtant, les enseignants comme la plupart des travailleurs du secteur public sont représentés par des syndicats qui parlent des problèmes auxquels sont confrontés leurs membres et qui proposent des solutions pour les résorber. Le ministre devrait s’employer à entendre leurs paroles.


Ultimement, la sortie publique de l’enseignante résulte d’une écoute déficiente de l’administration publique à l’égard du syndicat qui porte ses préoccupations, ce qui l’a poussée à s’adresser aux citoyens auxquels elle doit sa première loyauté.