Pour une laïcité humaniste

Replacer l'humain au coeur de nos réalités

Tribune libre

Le débat sur la laïcité nous conduit, me semble-t-il, dans bien des directions. Plusieurs penseront que la laïcité est antireligieuse et que ses promoteurs en sont les athées qui veulent faire disparaître du panorama culturel et sociétaire toutes les formes de représentations religieuses. D’autres diront que la laïcité est cet espace « neutre » que se réserve l’État pour que tous les citoyens et citoyennes de quelques religions ou tendances qu’ils soient puissent s’y retrouver sans aucun irritant de nature religieuse. Pour d’autres, le débat sur la laïcité est l’occasion toute indiquée pour régler leurs comptes avec une religion qui ne leur aura laissé que de mauvais souvenirs. Dans tous les cas, le mouvement du balancier des idées et des passions risque de nous en faire oublier l’humain que nous partageons tous.

Dans mon esprit, la laïcité n’est ni une foi, ni un athéisme, ni une religion, mais un espace qui permet à tous les visages d’une société de se reconnaitre dans leur citoyenneté et leurs engagements solidaires au service de la justice, de la vérité, de l’entraide et de la tolérance à l’endroit des plus faibles et démunis de cette même société. En somme, une laïcité qui va au-delà de la « neutralité » en affirmant haut et fort les fondements sur lesquels elle fonde le devenir de la société. C’est ce que j’appellerais « une laïcité humaniste ».
Chacun et chacune pourront bien puiser leurs ressources spirituelles là où ils voudront bien pour autant qu’elles deviennent un véritable ferment au service de cet humanisme qui se nourrit des valeurs plus haut mentionnées. S’il fallait qu’elles deviennent tout le contraire de ce que la société est en droit d’en attendre, il faudrait alors qu’elles soient jugées sur cette base. Dans une société laïque, les véritables croyants et les véritables athées qui méritent tout notre respect sont ceux qui sont, pour l’ensemble de la société, de véritables ferments de justice et de vérité. Ce n’est pas par les signes religieux que l’on va transformer le monde, mais par l’engagement généreux au service de l’ « humain ». À ce titre personne n’y échappe, du plus petit au plus grand, du plus faible au plus puissant, du plus croyant au moins croyant.

Je pense qu’une telle approche ne pourra faire autrement que d’obliger les autorités des différentes religions à se réévaluer à la lumière de ce que leur foi leur enseigne sur ces grands objectifs sociétaires et humanistes. Ce ne sera plus la laïcité contre la religion, mais la laïcité contre l’hypocrisie, le mensonge, les injustices, l’intolérance à l’endroit des plus fragiles et démunis de la société. Cette laïcité devient pour l’ensemble de la société un ferment qui unit et engage, mais aussi qui démasque et dénonce.

Je termine en faisant une proposition concernant le «crucifix» comme symbole d’une époque. Je crois que l’évolution culturelle de la société québécoise fait en sorte qu’elle ne trouve plus dans le «crucifix» le symbole de la conscience qui interpelle. Sans dénigrer sa symbolique qui a interpellé la conscience de nombreuses générations, le temps est sans doute venu de lui substituer un autre symbole plus ouvert à l’imaginaire des multiples consciences. Ce symbole je le vois dans celui d’un cercle, type cerceau, symbole de notre terre et de notre humanité. Et pourquoi pas la minute de silence, permettant à chacun et à chacune de s’y retrouver avec sa conscience? À ce que je sache, nous en avons tous unes.

Je souhaite que les religions redécouvrent la foi qui ouvre au service de l’humanité et que les athées et non croyants de tout acabit découvrent, pour leur part, le véritable humanisme au service duquel nous sommes tous conviés.

Oscar Fortin

Québec, le 23 février 2010

http://humanisme.blogspot.com

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citoyen du Québec et du monde

Formation en Science Politique et en théologie. Expérience de travail en relations et coopération internationales ainsi que dans les milieux populaires. Actuellement retraité et sans cesse interpellé par tout ce qui peut rendre nos sociétés plus humaines.





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9 commentaires

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    24 février 2010

    @ Serge Charbonneau:
    «Mais s’il en fallait un, pourquoi pas le signe de Peace and Love des années 70 ?»
    Au moment où monsieur Fortin dit que parce qu'entre autres, la pratique religieuse n'est plus ce qu'elle était, chez nous, et qu'il faudrait un symbole plus respectueux des autres croyances... vous voudriez accrocher, à l'Assemblée nationale, le symbole du mouvement hippie?

  • Archives de Vigile Répondre

    24 février 2010

    La liberté de conscience n'a rien à voir avec la croyance ou non en Dieu. C'est la liberté de vivre selon ses propres valeurs. Il y a des religions qui n'ont pas de dogmes.
    Reste que cette liberté de conscience est encâdrée par les lois de l'État. Une personne qui ne vois pas de mal à voler autrui se verra tout de même condamné à une peine.
    La laïcité ne se mêle pas de croyances ou de liberté de conscience. Elle établie la séparation des pouvoirs (l'encâdrement de l'État et l'encâdrement des États religieux). Les lois.
    Le crucifix à l'Assemblée Nationale ne représente pas des lois. Il représente la conscience de chacun. Il rappele au président et à tous les ministres que l'homme n'est pas le créateur de sa conscience. Qu'il y a des principes universels en libertés et droits qui ne sont pas du ressort de l'État ni des États religieux. Il leur rappele qu'ils ne sont pas l'autorité suprême, mais soumis comme les autres à ces principes universels.
    Il y a autant de symboles pour repésenter celà qu'il y a de cultures. Chez les Québécois, c'est le crucifix.
    Retirer le crucifix de l'Assemblée Nationale serait un acte despotique.

  • Archives de Vigile Répondre

    24 février 2010

    Je suis sur la même longueur d'onde que Monsieur FORTIN. Je vais même plus loin en proposant une autre approche du phénomène religieux. J'y ajoute un commentaire à propos du cours d'ECR.
    Sans vouloir simplifier ou réduire l’infinie complexité du psychisme humain, et en particulier le phénomène religieux, à des « mécanismes » psycho-neuro-physio-génético-éducatifs, n’est-il pas légitime de compléter son approche traditionnelle (philosophique, métaphysique, théologique, psychanalytique, anthropologique, sociologique …) par une approche neuroscientifique ?
    Les neurosciences ne cherchent évidemment pas à démontrer l’inexistence de « Dieu » (par définition, aucune inexistence n’est démontrable). Mais il est vrai, du moins à mes yeux, qu’elles incitent à conclure à son existence subjective, imaginaire et donc illusoire.
    En effet, aussi balbutiante soit-elle, cette nouvelle approche permet déjà d’élaborer des hypothèses explicatives quant à l’origine et la fréquente persistance de la foi, et donc à l’anesthésie de l’esprit critique en matière de religion.
    De plus en plus, cette prise de conscience devrait logiquement permettre à tout un chacun de choisir enfin, en connaissance de cause, aussi librement et tardivement que possible, ses convictions philosophiques (OU religieuses puisque le droit de croire restera toujours légitime et respectable, a fortiori si cette option a été choisie plutôt qu’imposée).
    Hélas, selon moi, la liberté constitutionnelle de conscience et de religion est actuellement plus symbolique qu’effective. En effet, la liberté de croire ou de ne pas croire est généralement compromise, à des degrés divers. D’abord par l’imprégnation de l’éducation religieuse familiale précoce, forcément affective puisque fondée sur l’exemple et la confiance envers les parents. Ensuite par l’influence d’un milieu éducatif croyant unilatéral, excluant toute alternative humaniste non aliénante. L’éducation coranique, exemple extrême, en témoigne hélas à 99,99 %, la soumission y étant totale.
    Les neurosciences tendent à confirmer cette imprégnation :
    - Après Jacques MONOD, qui l’avait déjà pressenti en 1968, Richard DAWKINS estime que la soumission est génétique : déjà du temps des premiers hominidés, le petit de l’homme n’aurait jamais pu survivre si l’évolution n’avait pas pourvu son cerveau tout à fait immature de gènes le rendant totalement soumis à ses parents (et donc plus tard à un dieu … ).
    - Dès 1966, le psychologue-chanoine Antoine VERGOTE, alors professeur à l’Université catholique de Louvain, a constaté (son successeur actuel Vassilis SAROGLOU le confirme) qu’en l’absence d’éducation religieuse, la foi n’apparaît pas spontanément, et aussi que la religiosité à l’âge adulte en dépend ( et donc l’aptitude à imaginer un « Père » protecteur, substitutif et anthropomorphique (cfr Freud !), fût-il « authentique, épuré, Présence Opérante du Tout-Autre » …).
    Des neurophysiologistes ont constaté que les hippocampes (centres de la mémoire explicite) sont encore immatures à l’âge de 2 ou 3 ans, mais que les amygdales (du cerveau émotionnel), elles, sont déjà capables de stocker des souvenirs inconscients, tels que les comportements religieux, puis les inquiétudes métaphysiques des parents, sans doute reproduits via les neurones-miroirs du cortex pariétal inférieur. L’IRM fonctionnelle suggère que le cerveau rationnel, le cortex préfrontal et donc aussi bien l’esprit critique que le libre arbitre ultérieurs s’en trouvent inconsciemment anesthésiés, à des degrés divers, indépendamment de l’intelligence et de l’intellect, du moins dès qu’il est question de religion.
    Ce qui expliquerait l’imperméabilité des croyants, notamment créationnistes, à toute argumentation rationnelle ou scientifique, et donc la difficulté, voire l’impossibilité de remettre leur foi en question, sans doute pour ne pas se déstabiliser (cf le pasteur évangélique Philippe HUBINON à la RTBF : « S’il n’y a pas eu « Création », tout le reste s’écroule … ! ».

    Il est logique dès lors que certains athées, comme Richard DAWKINS, ou agnostiques comme Henri LABORIT, au risque de paraître intolérants, perçoivent l’éducation religieuse, bien qu’a priori sincère et de bonne foi, comme une malhonnêteté intellectuelle et morale. Henri LABORIT a écrit : « Je suis effrayé par les automatismes qu’il est possible de créer à son insu dans le système nerveux d’un enfant. Il lui faudra, dans sa vie d’adulte, une chance exceptionnelle pour s’en détacher, s’il y parvient jamais.(…) Vous n’êtes pas libre du milieu où vous êtes né, ni de tous les automatismes qu’on a introduits dans votre cerveau, et, finalement, c’est une illusion, la liberté ! ».Cela ne remet-il pas en question les travaux de tous les philosophes et scientifiques croyants, aussi éminents soient-ils ?
    Pour que les libertés de conscience et de religion, et en particulier celle de croire ou de ne pas croire, deviennent plus effectives que symboliques, il faudrait, selon moi, s’orienter enfin vers un système éducatif pluraliste proposant à tous une information minimale, progressive, objective et non prosélyte sur les différentes options religieuses ET sur les options laïques actuellement occultées. L’école compenserait ainsi l’influence familiale, certes légitime mais unilatérale et donc communautariste, et cela permettrait la recherche de valeurs communes, « universalisables », parce que bénéfiques à tous. Mais cela impliquerait de devoir repenser les notions de neutralité de l’Etat et de libre choix des parents … !
    Dans une génération, peut-être … ?
    Michel THYS à Waterloo michelthys@base.be http://michel.thys.over-blog.org
    Références bibliographiques.
    Mes hypothèses explicatives quant à l’origine psychologique et éducative de la foi, ainsi qu’à sa fréquente persistance neuronale sont le résultat de nombreuses lectures. Notamment :
    - Antoine VERGOTE, chanoine, « Psychologie religieuse », du, Ed. Dessart 1966.
    ancien professeur à l’Université catholique de Louvain.1966.
    - Vassilis SAROGLOU (son successeur) & HUTSEBAUT, D
    Religion et développement humain »,. 2001.
    - Patrick JEAN-BAPTISTE « La biologie de dieu » 2003 Agnès Viénot 2003.
    - Jean-Didier VINCENT : « Voyage extraordinaire au centre du cerveau » Odile Jacob 2007.
    - V.S. RAMACHANDRAN « Le fantôme intérieur ». Odile Jacob 2002.
    - Jean-Pierre CHANGEUX « L’homme neuronal »1993, « L’homme de vérité » 1994
    - Pascal BOYER « Et l’homme créa les dieux ».
    - Antonio DAMASIO « L’erreur de Descartes »2001 et « Spinoza avait raison’.
    - Henri LABORIT « Une vie » 1996 « Derniers entretiens »
    - Mario BEAUREGARD « Du cerveau à Dieu » « The spiritual brain »
    - Michaël PERSINGER « On the possibility of directly accessing every human brain by
    electromagnetic induction of fundamental algorythms ».1995.
    - Paul D. Mac LEAN « Les trois cerveaux de l’homme » 1990.
    - Joseph LEDOUX « Emotion, mémoire et cerveau » 1994.
    - John SAVER & John RABIN « The neural substrates of religion experience » 1997.
    - Francis CRICK « Une vie à découvrir »
    - Via Internet : « Le cerveau à tous les niveaux ». Etc …
    Il faut améliorer le cours d’ECR
    Oui, mais dans quel sens ?
    Il n’est bien sûr pas question de vouloir imposer un multiculturalisme relativiste, comme si tout se valait. Mais faut-il pour autant n’offrir qu’une vision religieuse unilatérale ?
    Privilégier la culture québécoise et la religion catholique est certes légitime, mais à notre époque de pluralisme des cultures et des convictions, cela ne peut, selon moi, que favoriser le repli identitaire, le communautarisme et donc l'intolérance.
    Certes, les parents croyants ont le droit légitime et constitutionnel d'imposer unilatéralement leur religion à leurs enfants. Je crains cependant que cela ne favorise pas leur intégration à la modernité ...
    Initialement, dans ce cours, il devait être fait mention de l’existence «d’autres conceptions de vie que religieuses ». C’était un minimum, par simple honnêteté intellectuelle. Or, à présent, même la mention de l’athéisme est supprimée, comme si c’était une abomination !
    Tout se passe comme si l’on voulait empêcher les jeunes de choisir librement de croire ou de ne pas croire.
    Sous prétexte d’ouverture à la différence et au dialogue, le cours d'ECR fait découvrir au moins six autres religions, mais avec tant de détails, que cela jette la confusion dans l’esprit des enfants et adolescents. Par comparaison, cela ne peut que renforcer la religion traditionnelle et majoritaire.
    A mon avis, c’est même le but hypocrite de ce cours : tenter de compenser le déclin du catholicisme du fait de la déconfessionnalisation et la laïcisation croissantes des sociétés intellectualisées.. Rappelons-nous que, contrairement à Gérard BOUCHARD, Charles TAYLOR est théologien … ! La Ministre Michelle COURCHESNE, qui maintenait jusqu’à présent son cap, semble hélas avoir viré de bord en accordant un avantage à la communauté juive, ce qui pourrait constituer un précédent que les autres religions ne manqueront certainement pas d’exploiter.
    Mais il va de soi que la culture générale implique un minimum de culture religieuse, mais aussi de culture laïque et humaniste.
    Dans un souci de neutralité et afin de réduire les inégalités socioculturelles, l’école, via un cours d’ECR amélioré, devrait donc compenser l’influence des parents et d’un un milieu unilatéral, par une DOUBLE information minimale, objective et non prosélyte : d’une part, au cours d'histoire, ou lors d’un cours de philosophie, sur le « fait religieux » , y compris ce que toutes les religions ont en commun, à des degrés divers : la soumission, ET d’autre part, sur le « fait laïque » (l’humanisme laïque, ses principes de libre examen, d’esprit critique, d’autonomie et de responsabilité individuelle, ses valeurs universalisables - puisque bénéfiques à tous, telles que le respect de la dignité de l’homme, de la femme et de l’enfant , ses options, ses objectifs, la spiritualité laïque, …, actuellement occultés).
    Il sera évidemment indispensable de repenser la formation et le « recyclage » des enseignants, qu’ils soient croyants ou non, car ils n’ont pas à influencer les élèves par leurs propres convictions, mais à les rendre capables de se forger les leurs.
    Un tel système éducatif, hélas encore utopique, permettrait enfin à chacun de choisir ses convictions philosophiques OU religieuses en connaissance de cause, aussi librement et tardivement que possible, d’accepter la différence enrichissante de l’autre et de tendre ainsi vers une réelle citoyenneté, fondée un meilleur « vivre ensemble ».
    Michel THYS Waterloo, (en Belgique, où le principe de la laïcité « politique » n’est toujours pas inscrit dans la Constitution, comme en France … !).
    http://michel.thys.over-blog.org

  • Archives de Vigile Répondre

    24 février 2010

    Sur cette question du crucifix (la croix portant le corps de Jésus de Nazareth) placée à l’Assemblée nationale, dans les salles de conseil de ville, en somme dans les édifices de l’État, je voudrais dire deux choses. La première est que le crucifix en soi n’est qu’un morceau de bois ou de métal ou encore un simple morceau de plâtre. Il renvoie, par contre, à différentes valeurs. Pour le chrétien, il le renvoie à l’objet de sa foi qu’il porte dans sa conscience. Pour l’artiste,le sculpteur ce sera soit une oeuvre d’art ou une horreur. Pour l’amant ou l’amante des bijoux, ce sera un décoratif, un pendatif, une croix en or soutenue par une chaîne en or. Le sens varie selon l’usage que l’on en fait. Si je m’en tiens au croyant que je suis, l’important dans le crucifix n’est pas le crucifix lui-même, mais ce à quoi il me renvoie : ma foi dans le détachement et l’engagement au service d’une humanité en quête de justice, de vérité, de compassion et de solidarité. Si pendant des générations nos ancêtres y ont trouvé cette inspiration, ce n’est plus le cas pour une très grande majorité que je considère toute aussi préoccupée que je le suis du devenir de notre humanité. Mon second point est que l’évolution nous conduit non pas à faire disparaître ces moments de méditation, mais de les rendre accessibles et respectueux des diverses croyances. Tous nous avons une conscience qui nous interpelle à sa façon. La minute de silence, en remplacement des prières traditionnelles,donne à chacun l’espace qui lui convient pour se mettre à l’écoute de sa conscience.
    Un jour, une belle-soeur perdit tous ses biens dans l’incendie de l’immeuble qu’elle habitait. Tous ses souvenirs et de façon très spéciale toutes ses photos représentants ses êtres les plus chers. Lorsque je l’ai rencontrée, encore sous le choc, me racontant la perte de toutes ces photos et de tous ces souvenirs, elle ajouta : "Heureusement que je porte tous ces souvenirs dans mon coeur.Ce sera pour moi le moment de me rendre plus présente non plus aux photos que j’aimais regarder, mais à ceux et celles qu’y étaient représentés." Heureusement que ces photos n’étaient pas les personnes qu’elles représentaient.Ainsi pour le véritable croyant, avec ou sans symbole religieux, sa foi et l’humanité sont là pour lui indiquer ce qu’il a à faire. Pour tous les autres, croyants ou pas leur conscience saura bien les guider sur la voie du service à une humanité en quête de bonheur et de paix.
    Il ne faudrait pas confondre nos attaches culturelles avec les réalités qui les transcendent.

  • Archives de Vigile Répondre

    23 février 2010

    Vous pouvez écouter Charles Taylor qui donne une conférence "à la mode de Montréal" (bilinguisme) sur la laïcité à la radio du CRÉUM dont le directeur est son fidèle et dévoué Daniel Weinstock :
    http://www.creum.umontreal.ca/spip.php?article927
    Si on suis la logique de Taylor, un condamné à la prison dont la religion interdirait que ses fidèles soient internés devrait être exempté de sa peine au nom de son droit à la liberté de conscience. Sa conférence est truffée d'incohérences. Non, nous ne sommes pas devant un philosophe mais devant un politicien dont le mandat est d'assurer la continuité de l'ingérence politique d'un lobby religieux, raciste, nationaliste, expansioniste, au sein de l'État québécois et de ses institutions.
    Le focus sur le "danger" de la présence du crucifix à l'Assemblée Nationale, du voile islamique, ou la prière musulmane dans les corridors, sont autant de diversions.
    L'actuel lobby religieux qui partage le pouvoir de l'État québécois avec le gouvernement est aussi bien installé que l'église catholique l'était au temps de Duplessis.

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    23 février 2010

    @ Gébé Tremblay:
    Ah, oui! L'illustre monsieurTaylor, le si grand penseur...
    On l'a choisi, simplement, pour la commission que l'on sait, simplement parce que sa philosophie (j'appelle ça de la propagande, personnellement) concorde avec l'idée canadienne du multiculturalisme. Pas parce que Monsieur est un bien brillant cerveau, à mon avis.
    C'est que dès le début, son jupon dépassait, pourrait-on dire. Nous ne sommes pas dupes!

  • Archives de Vigile Répondre

    23 février 2010

    La laïcité n'affirme strictement rien d'autre que la séparation des pouvoirs des institutions religieuses de l'État. C'est tout.
    Il n'y a pas de "sortes" de laïcité. C'est l'État qui affirme qu'il est laïque ou qu'il l'est pas.
    C'est l'État qui affirme être humaniste ou pas. Mais je doute qu'il puisse se déclarer humaniste en même temps que laïque, car il se déclarerait alors d'une philosophie particulière représentée par des institutions bien établies et reconnues.
    La neutralité d'un État laïque est une aberration. L'État n'est plus neutre du moment qu'il s'affirme laïque. L'État n'a aucune neutralité à exercer envers les pouvoirs des institutions religieuses puisque par cette laïcité il affirme ne pas reconnaître leurs pouvoirs.
    Ce sont les sophistes tel que Charles Taylor qui tentent dinstaurer dans l'opinion publique la fausse notion que l' État laïque donne une attention égale aux pouvoirs ou demandes des institutions religieuses. Un État laïque ne leur donne aucune attention et n'accepte aucune demande.

  • Serge Charbonneau Répondre

    23 février 2010

    Avant la laïcité,
    avant la religion,
    il y a l'Humanisme.
    Encore une fois, on peut remarquer l'Humanisme qui se dégage des propos de M. Fortin.
    « Ce n’est pas par les signes religieux que l’on va transformer le monde, mais par l’engagement généreux au service de l’ « humain ». »
    « Ce ne sera plus la laïcité contre la religion, mais la laïcité contre l’hypocrisie, le mensonge, les injustices, l’intolérance à l’endroit des plus fragiles et démunis de la société. Cette laïcité devient pour l’ensemble de la société un ferment qui unit et engage, mais aussi qui démasque et dénonce. »
    Oui, l'hypocrisie qui se cache un peu partout. Derrière les discours politiques et souvent derrière les représentants "immaculés" des religions.
    Quant au symbole, pour moi, je n'en sens pas la nécessité. Mais s'il en fallait un, pourquoi pas le signe de Peace and Love des années 70 ? Un cercle avec un symbole humain à l'intérieur. Ce symbole de la Paix et de l'Amour. Qui donc pourrait rejeter un tel symbole, qui donc peut rejeter la Paix et qui donc peut rejeter l'Amour ?
    Mais parler du Peace & Love, ça ne fait pas très sérieux. Comme si la Paix et l'Amour étaient des choses vraiment importantes ! Voyons !
    Ces valeurs vont-elles participer à la croissance de notre PIB ?
    Merci pour votre sagesse, Monsieur Fortin.
    Serge Charbonneau
    Québec

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    23 février 2010

    @ Monsieur Oscar Fortin:
    Je suis d'accord qu'il faille séparer les affaires de l'état et ce qui regarde la foi et la religion. C'est très clair!
    Mais je crois qu'il vient un point où il faut savoir respecter l'histoire. La nôtre, en fait. Respecter les Québécois qui ont vécu avant nous, qui à leur façon et en leur temps, ont contribué à développer notre Québec, face à l'adversité; ceci implique, selon moi, ne pas effacer totalement de tout l'espace public, toute trace (même symbolique) de ce que furent leurs valeurs et leurs croyances.
    Et ce, surtout en cette époque où nous subissons les assauts du multiculturalisme d'Ottawa, et que nous sommes bombardés de symboles de religions étrangères.
    Le pendant musulman de la Croix Rouge, soit le Croissant Rouge, soigne des blessés et des malades, son personnel et ses véhicules arborant le dit drapeau. Et personne, si j'ose ainsi m'exprimer, n'en fait tout un plat!
    J'ajouterais ceci: avec les changements démographiques qui sont, déjà, visibles au Québec, en termes de composition ethnique de notre population... allons-nous entamer un processus d'effacement de notre passage, en tant que nation québécoise, sur cette Terre?
    Et si récemment, l'on a toléré que des sikhs tiennent une cérémonie religieuse traditionnelle sikh dans un des locaux de l'édifice du Parlement, à Québec, qu'est-ce qui nous presse de décrocher le fameux crucifix?
    Deux poids, deux mesures?
    Se pourrait-il que parfois, sans en être conscients, les militans pour la laïcité servent les intérêts d'Ottawa?