Le président russe Vladimir Poutine (Photo AFP)
Olga Nedbaeva - Le président russe a déploré vendredi la proclamation d'indépendance du Kosovo, un «horrible» précédent qui va revenir comme un boomerang «dans la gueule» des Occidentaux.
«Le précédent du Kosovo est un précédent horrible. De facto, il fait voler en éclats tout le système des relations internationales existant, pas seulement depuis plusieurs dizaines d'années, mais depuis des centaines d'années», a fustigé Vladimir Poutine au cours d'un sommet informel à Moscou de la Communauté des États indépendants (CEI, ex-URSS moins les États baltes).
Évoquant les pays qui ont reconnu la proclamation d'indépendance du Kosovo, le président russe a estimé que la situation aurait des «conséquences imprévisibles».
«Ils ne pensent pas aux conséquences de ce qu'ils font. Au final, c'est comme un bâton à deux extrémités, et l'une des extrémités va un jour leur revenir dans la gueule», a ajouté le président russe à l'adresse des Européens et des Américains.
La Russie, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU et traditionnel allié de Belgrade, est fermement opposée à l'indépendance du Kosovo.
Plus tôt, le représentant de la Russie à l'OTAN, Dmitri Rogozine, connu pour ses positions nationalistes, avait déclaré que la Russie se réservait le droit d'«utiliser la force» si l'OTAN ou l'Union européenne «défient» l'ONU sur le Kosovo.
«Si aujourd'hui l'Union européenne adopte une position unie (sur la reconnaissance du Kosovo, ndlr) ou si l'OTAN dépasse son mandat au Kosovo, ces organisations vont défier l'ONU et nous allons alors nous aussi partir du fait que nous devons utiliser une force brutale qu'on appelle une force armée, pour qu'on nous respecte», a affirmé Dmitri Rogozine, cité par l'agence Interfax.
«Nous n'avons aucun doute que prochainement des bases militaires de l'OTAN seront déployées au Kosovo», a-t-il ajouté, cité par Itar-Tass au cours d'une vidéoconférence depuis Bruxelles.
«Cela ne fait pas partie de leur mandat. Si ces informations sont confirmées, nous aurons un dialogue assez difficile avec nos partenaires et une évolution dramatique dans les discussions entre la Russie et l'OTAN est possible», a-t-il mis en garde, cité par l'agence Ria Novosti.
Parallèlement, la Russie a «regretté» les violences survenues jeudi à Belgrade, mais en a fait endosser la responsabilité aux pays qui ont reconnu «unilatéralement» l'indépendance du Kosovo.
«Ce qui s'est passé hier à Belgrade suscite uniquement le regret (...) Mais les forces qui ont soutenu la reconnaissance unilatérale du Kosovo devaient avoir conscience des conséquences d'une telle démarche», a affirmé le porte-parole de la diplomatie russe, Mikhaïl Kamynine, cité par Interfax.
Des émeutes ont éclaté jeudi à Belgrade à l'issue d'un grand rassemblement contre l'indépendance du Kosovo, faisant un mort et 118 blessés.
De son côté, Washington a laissé percer vendredi sa frustration à l'égard du «cynisme» de Moscou sur le Kosovo.
«Les Russes ont une politique assez cynique», a déclaré vendredi le numéro trois du département d'État, Nicholas Burns, interrogé sur la chaîne de télévision américaine Fox sur les attaques de la veille contre des ambassades à Belgrade, notamment celle des États-Unis, par des manifestants serbes hostiles à l'indépendance du Kosovo.
«Ils ne sont pas au Kosovo, ils ne font rien pour aider les Kosovars. Ils restent donc en retrait et ils sont généralement peu coopératifs», a ajouté M. Burns, secrétaire d'État adjoint chargé des Affaires politiques.
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