Doit-on consulter les actionnaires par vote au sujet des salaires des dirigeants du holding montréalais Power Corporation (POW)? La question a été longuement évoquée lors de la dernière assemblée annuelle tenue la semaine dernière à Montréal.
Malheureusement, le sujet a été peu évoqué par la presse après les déclarations étonnantes des deux dirigeants André et Paul Desmarais, jr sur la fin du papier dans le groupe Gesca et la disparition possible des journaux régionaux.
La question a d’ailleurs fait l’objet d’un long plaidoyer de Desmarais, jr. Selon lui, le conseil d’administration est mieux à même de juger de questions complexes comme la rémunération des patrons.
«Je crois que d’expérience, les administrateurs sont mieux placés pour décider du salaire des dirigeants. Ils ont de meilleures compétences. Les administrateurs ont toutes les données nécessaires qui leur permettent de prendre des décisions éclairées», a-t-il souligné.
Selon M. Desmarais, la gouvernance du conseil d’administration est de plus en plus compliquée par plusieurs processus qui entravent leur travail. En somme, il trouve que la réflexion doit se faire à l’interne avant tout, sans avoir à demander l’avis des actionnaires de l’entreprise.
«Si les actionnaires ne sont pas contents, ils peuvent décider de ne pas élire les administrateurs à l’assemblée», a-t-il poursuivi.
Pour un vote consultatif des actionnaires
C’est le genre de propos qui fait réagir le Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MEDAC). Selon l’organisation, le salaire des dirigeants chez Power Corporation devrait faire l’objet d’un vote consultatif. Leur proposition a d’ailleurs rallié 17,52 % du vote des actionnaires de Power Corporation, une proportion importante surtout lorsqu’on constate que les dirigeants contrôlent l’actionnariat.
«Ils contrôlent 60 % des actions. Donc, lorsqu’ils disent qu’on peut voter contre leurs administrateurs, je pense qu’ils rient de nous», assure Willie Gagnon.
Selon ce dernier qui a questionné les dirigeants à plusieurs reprises lors de l’assemblée, le moment est bien choisi chez Power pour revoir leurs manières de faire.
«Si on allait de l’avant avec une telle proposition, cela permettrait aux actionnaires de se pencher sur cette question importante. Dans plusieurs pays, on a implanté le vote consultatif qui est maintenant obligatoire aux États-Unis et en Angleterre», insiste-t-il.
D’ailleurs, selon lui, la rémunération actuelle est trop élevée chez Power Corporation et dans le secteur financier en général.
«Nous on dit : le salaire des dirigeants doit se situer entre 20 à 30 fois celui des salariés. Chez Power Corporation, on constate qu’il est 90 fois plus élevé. C’est nettement exagéré», affirme M. Gagnon.
Paul Desmarais, jr a touché près de 7,7 M$ en 2013, soit une progression de 35% par rapport à l’exercice précédent. L’autre dirigeant, son frère André Desmarais, a également reçu 7,7 M$, soit une hausse de 33% par rapport à l’année précédente.
Une autre proposition du MEDAC a aussi rallié 14,46 % des actionnaires de Power, celle qui permettrait à ceux-ci de voir de visu l’expérience et les compétences des membres du conseil d’administration.
«La Banque Nationale l’a déjà fait. On a mis en place un tableau où les expériences des administrateurs sont indiquées par un crochet. On demande donc que ce type de tableau soit proposé par Power Corporation», affirme M. Gagnon.
Après la rencontre, ce dernier a rencontré Paul Desmarais, jr qui a indiqué vouloir mettre à la disposition des actionnaires ce type d’information.
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