Après la fonderie Horne, c’est au tour de Ciment McInnis de ne pas respecter les normes de pollution. Depuis 2014, selon les informations disponibles, elle est l’objet de 80 signalements, 40 infractions, 11 plaintes et seulement 2 amendes de 2 500$ chacune.
Ciment McInnis est devenu le plus gros pollueur de GES du Québec
Le projet de cimenterie a toujours été douteux en terme de pollution. Rappelons-nous que dès le début, il a été autorisé sans BAPE par le gouvernement Marois. Une vraie entourloupe cautionnée par le ministre de l’Environnement de l’époque, l’actuel chef du Bloc Québécois, Yves François Blanchet. J’étais la seule au gouvernement à dénoncer à l’interne ce passe-droit pour Laurent Beaudoin pdg de Bombardier et promoteur du projet à l’époque. Passe-droit dangereux pour l’environnement et notre crédibilité.
Ensuite une série de promesses rompues par la compagnie sur des améliorations à apporter du côté de l’environnement. C’est pas sorcier : la cimenterie regarde premièrement sa ligne de profit. C’est elle qui dicte ses décisions. Si la cimenterie n’a pas d’obligations assorties d’amendes importantes, elle choisira, plus souvent qu’autrement, de minimiser ses coûts avec des vieilles technologies polluantes plutôt que d’investir. C’est dans la nature même de l’entreprise privée que de viser à réaliser toujours plus de profit.
L’Auto-contrôle des pollueurs, une vraie farce
Le gouvernement se fie à la « bonne foi » des compagnies pour être averti lorsqu’elles dépassent les normes de pollution. Il se fie aussi à « l’intégrité » des compagnies pour recevoir toutes les données et statistiques de mesure des niveaux de pollution. C’est ce qu’ils appellent l’auto-contrôle, une doctrine néolibéraliste mise en place vers la fin des années 1990 sous prétexte de réduire les coûts pour l’État en coupant les fonctionnaires responsables de la surveillance. Résultat des compagnies comme Ciment McInnis cache de l’information à l’État et aux citoyens.
Le gouvernement Legault menace Ciment McInnis d’utiliser une ordonnance pour faire respecter la loi. Pensez-vous que ça fait bien peur à la compagnie? Ça ressemble plutôt à une opération de comm. pour bien paraître devant les citoyens. Les amendes totalisant 5000$ sont tellement faibles que c’est de loin moins coûteux de polluer que de corriger!! Il est temps de remplacer l’auto-contrôle par un vrai suivi effectué par une personne qui n’est pas payé par le pollueur. Avec les technologies d’aujourd’hui c’est facile et peu coûteux. L’État doit reprendre son rôle de surveillance.
Des centaines de millions de $ d’argent public gaspillé . Le gouvernement a englouti des sommes colossales, des centaines de millions de $, à travers la Caisse de dépôt et de placement et Investissement Québec pour aider les Beaudoin-Bombardier à réaliser leur projet. En 2020, la cimenterie a été vendue à des intérêts brésiliens, le géant Votorantim Cimentos. Dans la transaction, la CDPQ a perdu plus de 400 M$. Un vrai gouffre financier.
Un mauvais projet à tout point de vue
Le projet Ciment McInnis est injustifiable à tous points de vue. Il est l’exemple parfait de mauvaises décisions répétées qui favorisent des intérêts particuliers et qui est extrêmement polluant, que nous ne pouvons plus nous permettre. Il est temps d’arrêter de creuser notre tombe et de fermer l’usine. Oui, il y a des emplois, nous en sommes totalement conscients et ce sera la responsabilité de l’État de voir à la relocalisation des travailleurs que le contexte de pénurie de main d’œuvre facilite grandement. Le chantage des emplois est la ruse utilisée à chaque fois pour nous faire avaler la couleuvre. Arrêtons de jouer le jeu des pollueurs et choisissons des projets qui contribueront à contrer la crise climatique plutôt que d’y participer.
Martine Ouellet, Cheffe de Climat Québec