L'Iran a annoncé dimanche avoir interdit jusqu'à nouvel ordre tous les vols aériens avec le Kurdistan irakien à la demande du gouvernement de Bagdad, à la veille d'un référendum d'autodétermination dans cette région auquel Téhéran s'oppose. «À la demande du gouvernement central irakien, tous les vols iraniens vers les aéroports d'Erbil et de Souleymanieh ainsi que tous les vols au départ du Kurdistan irakien transitant par l'Iran ont été interrompus», a déclaré Keyvan Kosravi, porte-parole du Conseil suprême de la sécurité nationale, cité par l'agence officielle iranienne Irna. M. Kosravi a également justifié cette décision par le fait que les responsables kurdes irakiens ont maintenu leur projet de référendum malgré «tous les efforts bienveillants» de l'Iran pour trouver une autre issue. Les compagnies aériennes iraniennes Mahan Air et Caspian Air assurent chacune plusieurs vols réguliers par semaine vers le Kurdistan irakien, à partir de diverses villes iraniennes. La télévision d'État iranienne a annoncé d'autre part dimanche que des manoeuvres militaires avaient commencé dans la région d'Oshnaviyeh (nord-ouest), près de la frontière avec la province autonome kurde d'Irak. Les exercices militaires sont fréquents dans cette zone. L'Iran, qui compte environ six millions de Kurdes -- sur une population de 80 millions -- s'oppose au référendum au Kurdistan irakien, en affirmant qu'il va provoquer de nouveaux conflits dans la région. La Turquie voisine, les États-Unis et les pays européens se sont également opposés à la tenue de ce scrutin. Le 17 septembre, Téhéran avait menacé de fermer sa frontière avec le Kurdistan irakien et de mettre fin à tous ses accords de sécurité avec elle en cas de proclamation d'indépendance. L'Iran a également multiplié les contacts, notamment au niveau des chefs militaires, avec la Turquie pour coordonner leurs actions contre le référendum au Kurdistan irakien. Le président turc Recep Tayyip Erdogan doit se rendre le 4 octobre à Téhéran pour parler notamment de la situation au Kurdistan irakien. Si les autorités kurdes irakiennes ont maintenu la tenue du référendum malgré les pressions, elles ont souligné qu'une victoire du «oui» n'entraînerait pas immédiatement l'annonce de l'indépendance, mais plutôt le début de «discussions sérieuses avec Bagdad».