Un tableau pour comprendre

Sept générations

Tribune libre

Dévaloriser le provincialisme, c’est combattre l’ignorance. À titre d’outil pédagogique et pour faire entrer un peu de lumière sur l’ignorance populaire trop répandue chez l’électeur d’ici, la diffusion du tableau suivant aidera certains à comprendre les enjeux:
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D’abord, une brève récapitulation des points clés, ensuite suivent les conclusions tirées.
1608. Samuel de Champlain fonde Québec, cœur de la Nouvelle-France.
1755. Les forces anglaises déportent 12 000 acadiens.
1759. La marine et l’armée anglaise envahissent le St-Laurent, Québec est capturée et placée sous occupation.
1777. C'est la révolution américaine, 400 km au sud.
1780. Le commandement britannique ouvre le St-Laurent occupé à l'immigration loyaliste. Les opposants aux principes républicains de la révolution entrent au Québec.
Au tournant du 19ième siècle, l’autorité anglaise instaure une politique d'immigration massive de provenance britannique.
1838. La tentative d'instaurer des principes démocratiques respectant le poids majoritaire des francophones est écrasée, les patriotes qui les défendaient sont arrêtés et exécutés, des villages sont brûlés.
Le rapport Durham recommande l'assimilation des francophones comme solution finale au problème que cause leur présence.
1840. L'anglais est déclarée seule langue officielle, alors que 57 % de la population est toujours de langue française. L’usage du français est banni de l’assemblée législative.
Vers 1845, suite à trois générations d’occupation, les politiques de colonisation britannique atteigne leur premier objectif : les francophones ne sont plus majoritaires.
1848. Refusées sous la majorité francophone, les élections tenant compte d’une représentation par population sont maintenant autorisées. À noter qu’elles n’ont été octroyées seulement une fois les francophones minoritaires.
1841. La capitale est déplacée à l'extérieur du Québec pour la première fois.
1867. Le Canada moderne est crée.
1871, quatre années plus tard. Les écoles de langue française sont abolies en Acadie.
1885. Louis Riel, métis franco-amérindien et symbole des droits francophones est arrêté et exécuté. L’émergence d'une province francophone au Manitoba est étouffée par les autorités.
1890. Les écoles de langue française sont abolies au Manitoba.
1912. Les écoles de langue française sont abolies en Ontario.
1969. Après deux siècles de politiques ayant réduit les francophones à 25% de la population, le français est reconnu seconde langue officielle.
1970, trois ans plus tard. Sous prétexte de contrer les gestes de dix militants indépendantistes, les mesures de guerre sont déclarés où 452 personnes sont arrêtées arbitrairement.
1977. Afin de stopper la décimation lente du français, le Québec adopte la Loi 101 déclarant français langue officielle et tentant d'assurer une certaine francisation des nouveaux arrivants. La loi est décriée dans les milieux anglophones.
1982. La constitution est rapatriée de Londres et modifiée sans l'accord du Québec.
1990. Les provinces anglophones rejettent le statut de société distincte au Québec, seule province toujours majoritairement francophone.
1995. Pour contrer le droit du Québec à l'autodétermination politique, des menaces de partition sont soulevées, et une campagne de propagande identitaire est menée donnant lieu au scandale des commandites.
2000. Dans une tentative de rendre illégales les démarches vers un état souverain francophone, la Loi sur la Clarté est promu.
2004. Pour éviter la francisation, les écoles passerelles deviennent d'usage pour contourner la Loi 101.
Depuis la décennie 1990, le Canada poursuit une politique d'immigration massive dont 85% des arrivées sont amenés à adopter l'anglais et ignorer le français.
Chaque année la population de langue française perd 0.1% de poids au Canada. C’est 1% aux dix ans, soustraite du 21.5 % actuel. À ce rythme, une marginalisation complète est envisageable d’ici sept générations.
Son passage sous le cap des populations canadiennes faisant l’usage du Mandarin, de l’Urdu, de l’Hindu et du Cantonais est envisageable d’ici deux générations.
Les faits cités et récapitulés par le tableau permettent de conclure les points suivants:
- Exception faite d'une brève période de l'entre-deux-guerres, le pourcentage de francophones au Canada est en déclin perpétuel depuis l'arrivée des autorités anglaises. Sa chute est constante et ne s'est jamais stabilisée, ni renversée d'aucune façon significative. Il n'y a donc pas lieu de parler de stabilisation. Le statu quo actuel est donc une chute, et ne peut être qualifié de stable.
- La reconnaissance excessivement tardive du français comme seconde langue officielle n'a aucunement freiné la tendance. Le placement de francophones en position de gouvernance tel Trudeau et Laurier n'a également eu aucun effet sur la trame démographique en cours et peut donc être perçu davantage comme une mesure d'apaisement vide de tout résultat stabilisant ou rectificateur.
- Il y a lieu de constater que des mesures ont systématiquement été prises pour réduire le poids démographique et politique des francophones, par un éventail de méthodes, épousant chacune les manières de faire de leur temps. Bien qu'il est impossible d'attribuer un tel dessein à une seule directive ou personne, il a été perpétué avec cohérence et suit par ses résultats un pattern avec un objectif commun.
- Les mesures prises au Manitoba et en Acadie démontrent que la présence et l'émergence de provinces majoritairement francophones n'ont aucunement été tolérées et ont été agressivement sapées. L'idée de coexistence et de liberté d'essor à titre de peuples égaux a donc été étouffée, même suite à l’établissement politique de 1867.
- La Loi 101 n'a eu aucun effet sur la progression écrasante de l'anglais au Canada et ne peut donc aucunement être qualifiée d'outil menaçant sa présence.
- Il y a lieu de constater que l'immigration massive anglicisée opère une visée connexe à l'immigration britannique et loyaliste passée, c'est-à-dire réduire le poids politique des francophones. Et que cette politique est opérée par et à l’avantage d’une majorité anglophone indifférente à ses conséquences sur le français.
- Le Québec étant le seul territoire toujours majoritairement francophone, les mesures pour contrer le français sont régulièrement confondues avec les mesures pour affaiblir politiquement le Québec.
- Le statu quo étant la perte de force et d'influence, les partis politiques s'opposant à ce que le seul territoire toujours majoritairement francophone prenne le plein contrôle de son destin démographique par souveraineté politique sont complices à la poursuite de ce déclin.
À la lumière de ces faits, il est légitime de conclure que le Canada moderne est issu d'une volonté de nettoyage ethnique visant à réduire et rendre nul le poids démographique et politique des francophones, le tout pour favoriser l'implantation d'une culture d'abord d'héritage britannique, puis de langue anglaise.
Invasion militaire, déportation, exécutions, colonisation, incitation à la collaboration, contrôle démographique, intimidation juridique, la trame narrative opérée révèle plusieurs caractéristiques communes au nettoyage ethnique. La seule différence semble être sa durée d’application.
En fait, à défaut d’une meilleure définition, elle peut être qualifiée d’un nettoyage ethnique tout en douceur, appliqué sur plusieurs générations plutôt qu’une.
Louis Charlebois


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5 commentaires

  • Bruno Deshaies Répondre

    16 mai 2014

    Non seulement l'assimilation, mais surtout la subordination sur place (politique, économique et culturelle) jusqu'à la subordination démographique : perte totale de l'agir par soi collectif.
    Nos élites nationalistes sont allergiques à l’histoire, y compris le PQ. Ils sont dans l’ACTION. Ils sont dans la GOUVERNANCE DÉMOCRATIQUE PROVINCIALE. Nos éditeurs au Québec sont allergiques à ce que le problème historique des Québécois comme nation annexée soit révélé au grand jour avec toutes les conséquences de privation collective nationale. Ce qui est l’essence même de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique de 1867. Autrement dit, les Québécois-Français subissent une oppression essentielle accompagnée de nombreuses oppressions accidentelles (illustrées par Louis Charlebois).
    En fait, ils ont perdu la capacité de l’agir par soi collectif national qui est cette exigence fondamentale
    - de l’action et de la réaction autonome,
    - de la réserve collective,
    - de la séparation (ou du « séparatisme »).
    Bref, la nation québécoise-française doit entreprendre
    cette lutte
    - pour la suprématie ;
    - pour détenir la prépondérance ;
    - pour être la majorité dans un État séparé ;
    - pour être collectivement indépendant ;
    - pour réussir leur propre séparatisme ;
    - pour être maître chez soi.
    Ce qui en découle est le remplacement, la subordination et la superposition politique par le gouvernement fédéral à Ottawa (quel que soit le parti politique au pouvoir à Ottawa). Voir Maurice Séguin, Histoire de deux nationalismes au Canada, Guérin, Éditeur, 1999. Lisez une Leçon par semaine et après 17 semaines vous allez comprendre ce qu’a pu produire la DÉFAITE nationale de 1760 et les conséquences de l’annexion politique durable (huit générations de Canadiens (français) dans le moule de l’Occupant britannique).
    Sur l’enseignement de l’histoire nationale voir la chronique de Bruno Deshaies, 2 mai 2014.

  • Bruno Deshaies Répondre

    16 mai 2014

    Non seulement l'assimilation, mais surtout la subordination sur place (politique, économique et culturelle) jusqu'à la subordination démographique : perte totale de l'agir par soi collectif.

    Nos élites nationalistes sont allergiques à l'histoire, y compris le PQ. Ils sont dans l'ACTION. Ils sont dans la GOUVERNANCE DÉMOCRATIQUE PROVINCIALE. Nos éditeurs au Québec sont allergiques à ce que le problème historique des Québécois comme nation annexée soit révélé au grand jour avec toutes les conséquences de privation collective nationale. Ce qui est l'essence même de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique de 1867. Autrement dit, les Québécois-Français subissent une oppression essentielle accompagnée de nombreuses oppressions accidentelles (illustrées par Louis Charlebois). En fait, ils ont perdu la capacité de l'agir par soi collectif national qui est cette exigence fondamentale
    - de l'action et de la réaction autonome,
    - de la réserve collective,
    - de la séparation (ou du «séparatisme».
    Bref, la nation québécoise-française doit entreprendre cette lutte
    - pour la suprématie;

    - pour détenir la prépondérance;
    - pour être la majorité dans un État séparé;
    - pour être collectivement indépendant;
    - pour réussir leur propre séparatisme;
    - pour être maître chez soi.
    Ce qui en découle est le remplacement, la subordination et la superposition politique par le gouvernement fédéral à Ottawa (quel que soit le parti politique au pouvoir à Ottawa). Voir Maurice Séguin, Histoire de deux nationalismes au Canada, Guérin, Éditeur, 1999. Lisez une Leçon par semaine et après 17 semaines vous allez comprendre ce qu'a pu produire la DÉFAITE nationale de 1760 et les conséquences de l'annexion politique durable (huit générations de Canadiens (français) dans le moule de l'Occupant britannique).
    Sur l'enseignement de l'histoire nationale, voir la Chronique de Bruno Deshaies, 2 mai 2014.

  • Archives de Vigile Répondre

    3 mai 2014

    Une alternative pour une constitution vraiment québécoise www.Le-message.org

  • Archives de Vigile Répondre

    2 mai 2014

    Dire que cela n'est qu'un très bref résumé de la dépossession tranquille du fait français en Amérique du nord. Notre présence aura été effacée, comme neige au soleil, si rien n'est fait.

  • Archives de Vigile Répondre

    2 mai 2014

    Bonjour,
    Vous avez fait un super résumé qui devrait être imprimé et envoyer dans tous les foyers Québécois!
    Tout cela est possible qu'en s'appuyant sur l'ignorance de l'histoire du Québec par les Québécois. D'ailleurs qu'a fait Bolduc en arrivant au pouvoir! Tout est là, le PQ doit trouver une manière d'instruire le plus de monde possible sur le déclin tranquille du peuple francophone. Nous avons quatre ans et demi pour nous secouer car après il sera trop tard. Les parents ont une responsabilité là dedans de parler aux enfants de leur culture, de l'histoire mais une grande majorité ignore qui ils sont.