La ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, a proposé une trêve aux trois organisations étudiantes pour entamer un processus de discussion. Cela pourrait contribuer à dénouer la crise. Et cela aurait dû arriver avant.
Mais négocier quoi, quand on sait que le gouvernement Charest n'entend pas reculer sur la hausse des droits de scolarité, et que les trois associations étudiantes promettent d'en parler?
Malgré les apparences, je crois qu'il y a matière à discussion - et donc possibilité de dénouement - sans que le gouvernement soit obligé d'abandonner son projet d'augmenter les droits de scolarité de 1625$. Voici six pistes à explorer pour résoudre des problèmes concrets liés à cette hausse et donc de permettre aux étudiants de retourner en classe sans perdre la face.
La première piste, proposée par la Fédération étudiante universitaire du Québec, et bien accueillie par la ministre Beauchamp, c'est une discussion sur la gestion des universités. Elle est incontournable, mais pas très prometteuse pour dégager des marges de manoeuvre.
La thèse de la FEUQ et de la FECQ, étayée par un document publié il y a quelques semaines, c'est qu'en coupant dans le gras, en gelant les dépenses administratives, on pourrait dégager des économies qui permettraient d'éviter les hausses des droits. Ça ne tient pas. Cette piste risque surtout de mener à l'exercice populiste qui consiste à scruter des allocations de dépenses et s'indigner de quelques recteurs. Ça fait les manchettes, mais les résultats seront insignifiants. La chose pourra néanmoins être utile au plan de la transparence et de la démocratie universitaire.
Deuxième piste: étirer la hausse des droits dans le temps. La hausse de 325$ l'automne prochain ne fera pas mal. Ni celle de l'année suivante. C'est le cumul des cinq hausses qui aura un impact, qui mène à un total de 1625$ en cinq ans. On pourrait maintenir telles quelles les premières hausses, mais étaler les autres pour arriver au même résultat en sept ou huit ans plutôt qu'en cinq. Et donner ainsi plus de temps aux futurs étudiants pour s'ajuster.
Troisième piste: une discussion sur l'accessibilité, qu'acceptent les deux associations modérées, la FEUQ et la FECQ, qui s'opposent aux hausses non pas au nom d'une profession de foi idéologique, mais parce qu'elles estiment qu'elles fermeront les portes des universités à certains jeunes. Le gouvernement Charest est très bien équipé pour cette discussion. Les études et les avis dont il dispose montrent clairement que ce risque est marginal. Mais on pourrait dissiper beaucoup d'inquiétude en mettant sur pied un mécanisme de monitoring, une vigie, pour surveiller de très près les questions liées à l'accessibilité.
Quatrième piste: revenir avec une offre déjà faite par Québec en mars, l'enrichissement des prêts et bourses, quitte à la bonifier. Pas pour aider les plus pauvres, déjà bien protégés, mais ceux dont les revenus sont modestes ou moyens.
Cinquième piste: une autre ouverture du gouvernement, le remboursement proportionnel au revenu, que les associations étudiantes ont bêtement balayé du revers de la main. C'est un outil puissant pour aider les diplômés dont les revenus resteront modestes.
Sixième piste: ouvrir la porte à des droits de scolarité variables selon les disciplines, pour que les diplômes payants coûtent plus cher. Une idée mise de côté parce que les recteurs ne s'entendent pas entre aux. Mais qui introduirait un élément d'équité horizontale.
Paradoxalement, le temps presse et ne presse pas. Il presse pour dénouer la crise actuelle et ne pas compromettre l'année académique. Mais il ne presse pas pour trouver des solutions. Comme l'impact des premières hausses est mineur, le Québec dispose d'un an ou deux pour discuter avec les étudiants à tête reposée et pour peaufiner son projet.
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