Sondages 2007 : Le chaos : PQ 53, PLQ 49, ADQ 23

Vigile

Cliquer pour agrandir
En 1998, le Parti Québécois de Lucien Bouchard avait subi le camouflet de former un gouvernement majoritaire même s’il avait recueilli un demi de 1% de moins que les Libéraux de Jean Charest. S’il s’avérait, comme le laissent penser nos prédictions d’aujourd’hui, que le PQ d’André Boisclair fasse élire plus de députés qu’un PLQ de Jean Charest qui aurait pourtant obtenu 6% d’appui de plus que lui, l’illégitimité d’un tel gouvernement serait sur toutes les bouches. Les trois quarts des Québécois indiquaient ces derniers jours qu’ils ne voyaient pas d’inconvénient à élire un gouvernement minoritaire. Ils risquent de changer d’idée à l’usage car, loin de favoriser le compromis consensuel, la situation qui se dessine risque fort de donner lieu à des comportements dominés par la partisanerie la plus crasse. Déjà nombreux, les cyniques ont toutes les chances de se multiplier car selon les données des sondages Léger-Marketing et CROP d’aujourd’hui (voir nos prédictions pour chaque circonscription dans le document PDF ci-contre) :
● Le Parti Québécois d’André Boisclair élira 53 députés, grâce à son avance chez les francophones et à sa machine électorale. Ayant connu une bonne seconde moitié de campagne et conjoncture aidant, le chef péquiste pourra compter sur la loyauté de ses troupes. Néanmoins, la prétention de règlement du déséquilibre fiscal par le gouvernement Harper pousse à se demander si, au cours des dernières années, les souverainistes n’ont pas trop misé sur les froides et complexes questions d'argent (déséquilibre fiscal, changement de la méthode de calcul de la péréquation, limitation du pouvoir fédéral de dépenser) et pas assez sur les arguments identitaires (destin du seul État francophone en Amérique du Nord, déclin du pouvoir d'attraction du français chez les allophones, déclin démographique du Québec par rapport à l'ensemble du Canada, etc.). Lorsque dans les sondages, le PQ n’est plus considéré comme le mieux placé pour défendre les intérêts du Québec à Ottawa, il y a lieu de se poser de sérieuses questions. Parions que le sujet de la défense de la langue française va bientôt être récupéré par Mario Dumont. Le PQ n’ayant pas grand chose en commun avec les deux partis adverses, la paralysie législative et des nouvelles élections sont à prévoir à relativement courte échéance.
● Le Parti Libéral de Jean Charest ferait élire 49 députés. Pour ce parti de pouvoir, être défait après un seul mandat (une première depuis 1970) sera l’ultime humiliation. Restera la consolation de la première place au vote populaire. Mais le PLQ est un vieux renard qui pourrait bien surprendre dans la conclusion d’alliances insoupçonnées. Des défroquages adéquistes ne sont pas à exclure.
L’Action démocratique du Québec de Mario Dumont et ses 23 députés seront euphoriques et mèneront une opposition belliqueuse. Mais le caucus hétéroclyte de l’ADQ réservera d’autres grotesques surprises à son chef qui n’aura pas le monopole du populisme. Jean Charest a qualifié ce parti autonomiste d’«anti-chambre» du PQ souverainiste, de façon fort peu convaincante. En fait, les Québécois risquent bien davantage d’y découvrir une anti-chambre du Conseil du Patronat par Gilles Taillon interposé.
Québec solidaire et Françoise David auront donné chaud à Nicolas Girard dans Gouin. À moins que la candidate libérale ne se soit faufilée comme ce fut le cas dans Mercier en 2001. Une telle éventualité provoquerait évidemment une extraordinaire engueulade intra-souverainiste sur fond de déjà vu. Mais tel n’est pas notre prédiction.
La fin de la polarisation entre souverainistes et fédéralistes, telle qu’apparue au terme de cette déstabilisante campage, annonce des lendemains difficiles pour les souverainistes. On peut donc prévoir une campagne toute aussi désarçonnante pour Gilles Duceppe, dont les talents de funambule seront très sollicités. À moins que le rapport du juge Grenier sur Option-Canada ne vienne encore une fois sauver la mise.
Il ne reste plus maintenant qu’à confronter ces prédictions avec le véritable résultat des urnes de ce lundi 26 mars 2007.

CHRISTIAN GAGNON, ing.

L’auteur a été président régional du Parti Québécois de Montréal-Centre
d’octobre 2002 à décembre 2005

Featured 38a394e6dfa1bba986fca028dccfaa78

Christian Gagnon138 articles

  • 125 637

CHRISTIAN GAGNON, ing.
_ L’auteur a été président régional du Parti Québécois de Montréal-Centre d’octobre 2002 à décembre 2005





Laissez un commentaire



3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    25 mars 2007

    Magnifique analyse , vivement lundi soir .Mais il devrait avoir un accord PQ ADQ .

  • Archives de Vigile Répondre

    24 mars 2007

    ADQ à Rouyn-Noranda - Témisamingue ? Allons, un peu de sérieux!
    Voyons, donc, je ne sais pas qui a pondu cette « brillante » analyse, mais l'ADQ n'est tout simplement pas sur le radar à Rouyn-Noranda. Le candidat adéquiste, Mario Provencher, s'est complètement discrédité lors d'une conférence devant la chambre de commerce de Rouyn-Noranda en évitant plusieurs questions posées par l'auditoire.
    À mon sens, il est beaucoup plus plausible que ce soit Mme Morasse qui l'emporte, remplaçant ainsi le très inefficace Daniel Bernard.
    Gabriel R.

  • Jean Pierre Bouchard Répondre

    24 mars 2007

    Je crois que l'article de M.Bariteau sur un Québec morcelé et mendiant le 26 mars est à lire impérativement. Il explique avec intelligence pourquoi il est préférable de voter Parti Québécois plutôt qu'ADQ,QS ou PV. C'est que le chaos électoral dont parle M.Gagnon c'est celui d'un Québec divisé contre lui même. Sujet de cet écartèlement sur lequel M.Bariteau développe plusieurs points.
    En ce qui regarde la question électorale, j'aimerais bien que M.Gagnon nous explique dans un article d'ici le 26 ce qu'il en est de cette fameuse prime électorale d'électeurs discrets qui favoriserait les libéraux le jour du vote. Dans le contexte de l'émergence de l'ADQ, cette panique "anti séparatiste" en faveur des libéraux va t'elle jouer encore?
    Mon autre commentaire ici impolitiquement correct consiste à dire que le pourcentage global favorisant le PLQ n'est pas un absolu.
    Car questionnement aussi sur un parti qui peut prendre le pouvoir même si minoritaire avec 25-26% du vote francophone parce que bénéficiant d'un vote massif cimenté en bloc des anglophones et allophones de Montréal et des gens de l'Outaouais frontalier d'Ottawa. Ce n'est pas parce que des médias comme R.C refoulent cette réalité qu'elle est interdit de débat.
    Le jour où plausible le Québec identifié comme société de langue française sera devenu un gros Nouveau Brunswick. Il sera trop tard pour le faire ce débat.