Ceux qui on déjà lu Max Weber doivent certainement se rappeler de son fameux concept relatif à la violence légitime de l’État. En « temps normal », dans un pays démocratique, rare son ceux qui contestent à l’État son utilisation. Force est de reconnaître qu’il en a même le monopole et les attributs.
Ces deux univers, la « violence » d’une part et l’État de l’autre, qui pourraient paraître à priori antinomiques, se cofondent sans heurt en autant que les citoyens reconnaissent à l’État son entière légitimité. L’élément fondamental de ce pacte social tient, bien sûr, dans cette légitimité. Toutefois si elle venait à s’effriter, ce qui était autrefois incontesté devient soudainement contestable.
Surtout si l’État, empêtré dans quelque scandale que ce soit, rompt le dialogue social et force la main, par l’intermédiaire du corps policier, à un acteur de la société en particulier tout en se montrant « mou » à l’égard de plusieurs autres. Ce traitement différencié ne fait qu’exacerber les tensions et dégrader le climat social.
C’est ce qui arrive dans le conflit qui oppose les étudiants à la ministre Beauchamp. Comment expliquer qu’un gouvernement incapable de sévir contre des Mohawks bloquant des routes et qui a notamment fermé les yeux pendant longtemps sur la corruption dans la construction puisse agir d’une façon aussi unilatérale envers les étudiants ?
En sous-estimant leur rôle, leur potentiel ainsi que leur capacité de mobilisation, la ministre de l’Éducation a cruellement manqué de vision.
Cette façon de traiter des citoyens à part entière n’est pas digne d’un pays démocratique. Comment dire? Dépêcher des flics pour mâter des étudiants est franchement indécent. Tenter de les monter les uns contre les autres est terriblement détestable. Encourager la judiciarisation du conflit est pitoyable. En somme, tous les ingrédients étaient réunis pour faire déraper ce conflit vers un affrontement des plus destructifs. S’ajoute à tout le reste la « valse » hésitante d’une des organisations estudiantines à condamner les actes de violence.
Alors, que faire ? Aujourd’hui, la question n’est pas de savoir si l’on est pour ou contre l’augmentation des frais de scolarité ; elle est plutôt dans le rétablissement au plus vite du dialogue entre les parties, c’est-à-dire ouvrir un débat avec les trois associations qui représentent les étudiants.
Trop de temps a été perdu. Au diable cette frousse qui glace le cœur et congèle la raison. Trop, c’est trop !
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