Un administrateur d’Otéra a aussi été mis à la porte en mai

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Pourquoi quitter s'il n'a rien à se reprocher ?



La Caisse de dépôt a congédié un administrateur de sa filiale Otéra Capital, Yvon Tessier, dans la foulée de son enquête sur des questions éthiques, en mai.




L’administrateur a dû quitter le CA d’Otéra, où il siégeait depuis huit ans.




En conférence de presse, la Caisse avait confirmé le départ de trois dirigeants. Notre Bureau d’enquête les avait déjà identifiés en février et mars dans une série de reportages sur les liens mafieux et les entorses éthiques de cadres d’Otéra, spécialisée dans le financement immobilier.




La Caisse mentionnait aussi qu’une quatrième personne « liée à Otéra » n’y « occupe plus de fonctions », à la suite de l’enquête indépendante d’Osler, Hoskin & Harcourt, déclenchée au début de nos révélations.




Selon le cabinet d’avocats, cette personne aurait « manqué à son obligation de confidentialité au sujet d’un dossier, sans conséquence pour le dossier en question ».




La Caisse n’a pas voulu confirmer que cette quatrième « personne liée » à Otéra qu’elle a chassée est bien Yvon Tessier. Elle a toutefois confirmé son départ, lié selon l’institution financière au renouvellement du CA, annoncé pour rehausser ses normes de gouvernance et d’éthique.



Yvon Tessier

Yvon Tessier







« Je n’ai rien de plus à ajouter », dit la vice-présidente aux Affaires juridiques d’Otéra, Mélanie Charbonneau.




Yvon Tessier a refusé les demandes d’entrevue de notre Bureau d’enquête.




Il quitte aussi le Fonds FTQ




« Soyez avisé par la présente que je nie et réfute toutes allégations de bris de confidentialité », a-t-il cependant déclaré dans un courriel au printemps dernier.




Jusqu’au début juin, Yvon Tessier siégeait aussi au CA et au comité d’audit du Fonds immobilier de solidarité FTQ, mais il a démissionné de toutes ses fonctions après les questions de notre Bureau d’enquête.




Le Fonds dit ignorer pourquoi la Caisse s’est séparée d’Yvon Tessier.




« De notre côté, nous n’avons rien à lui reprocher », assure le porte-parole Patrick McQuilken.




Yvon Tessier est arrivé au CA d’Otéra le 1er mars 2011. Il remplaçait sa propre conjointe, Ghislaine Laberge, qui occupait son siège encore la veille.




Administrateur chez un client




Pendant deux ans, elle était administratrice à la fois chez Otéra et chez l’un des plus gros clients du prêteur : le Fonds de placement immobilier Cominar.




Otéra lui a octroyé neuf prêts totalisant 623 M$, de 2011 à 2018.




Selon la filiale de la Caisse, ces financements ne nécessitaient pas d’autorisation du conseil, « puisqu’ils ne satisfaisaient pas les critères de valeur pour ce faire ».




Ghislaine Laberge a quitté le conseil des fiduciaires de Cominar l’an dernier.




Dans un courriel, Yvon Tessier nie avoir divulgué de l’information sensible d’Otéra.




« Je n’ai jamais eu de communications ou tenu de discussions sur les dossiers Otéra avec qui que ce soit, incluant Cominar ou le Fonds immobilier de solidarité FTQ. »




– Avec la collaboration de Philippe Langlois




L’ex-patron d’Otéra est toujours au service de l’Église






Alfonso Graceffa.<br>Ex-patron d’Otéra

Photo courtoisie

Alfonso Graceffa. Ex-patron d’Otéra




L’ancien PDG d’Otéra Capital Alfonso Graceffa est toujours membre du CA de la Compagnie mutuelle d’assurance en Église (CMAÉ), la société qui assure les biens des paroisses et diocèses dans le sud du Québec.




L’homme d’affaires siège depuis 2017 au CA de la Compagnie. Après l’annonce de son renvoi par la Caisse de dépôt et placement du Québec, elle a demandé à son comité de déontologie de se pencher sur l’avenir d’Alfonso Graceffa.




On prend ça au sérieux




« Notre v.-p., qui est avocat de profession, discute avec l’avocat de l’autre partie, dit Gabriel Groulx, président du CA de la mutuelle. On prend la situation très au sérieux. »




Il pense pouvoir annoncer des « développements » d’ici « quelques semaines ».




Notre Bureau d’enquête a révélé que des entreprises d’Alfonso Graceffa avaient obtenu des prêts totalisant 9,2 M$ d’une filiale d’Otéra, dont il était PDG.




Après son renvoi permanent fin mai, l’ancien dirigeant a déposé une poursuite de 7,35 M$ contre la Caisse pour « congédiement injustifié ». Il estime avoir été « sacrifié » afin de calmer la « frénésie médiatique ».




Poursuite en 2018




Avant nos révélations, l’homme d’affaires avait déjà eu maille à partir avec la CMAÉ.




La Compagnie avait même déposé une poursuite en février 2018 pour faire destituer Alfonso Graceffa et un autre administrateur, Ferdinand Alfieri, alléguant qu’ils étaient en conflit d’intérêts.




Tout en siégeant au CA de la CMAÉ, messieurs Graceffa et Alfieri conseillaient son plus gros client, l’Archidiocèse de Montréal, selon des documents de cour.




L’Archidiocèse avait d’ailleurs mis tout son poids pour que la CMAÉ maintienne Alfonso Graceffa en poste et avait eu gain de cause.



 

Dans une version antérieure de cet article, la mauvaise photo était associée à Yvon Tessier. Nous l'avons remplacée. Toutes nos excuses.



 





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