Faire du boulevard Saint-Joseph

Une grande voie verte à caractère nordique

Pour identifier Montréal au plan international

Tribune libre


Les grandes villes du monde offrent généralement à leurs visiteurs une grande avenue qui identifie ces villes, comme les Champs-Élysées à Paris ou Fifth Avenue à New York. Il s'agit le plus souvent de grandes artères qui se distinguent par leur richesse et leur variété commerciale. Mais une mondialisation galoppante fait en sorte que ces avenues, souvent d'une densité plus commerciale que culturelle, offrent de plus en plus les mêmes produits, les mêmes grandes marques riches se partageant désormais les étalages à New York, Paris, Pékin, Londres ou Tokyo.

Si Montréal devait se donner un jour une grande avenue qui l'identifie, elle pourrait le faire en cassant ce modèle et en offrant au monde une grande avenue à caractère nordique à la fois forestière et horticole, réservée aux seuls piétons et cyclistes (et peut-être aux fondeurs en hiver). Une avenue plus ouverte à la beauté de la nature et à la flânerie qu'au commerce, fréquentée non seulement par les touristes mais aussi quotidiennement par les populations montréalaises des quartiers riverains.
Une avenue ajustée à son époque
Faut voir des photos de ce que fut le boulevard Saint-Joseph en première demie du XXe siècle, pour comprendre ce que les fondateurs de ce boulevard - qui fut la première artère à porter le nom de "boulevard" à Montrèal - avaient en tête : un mail central tout en verdure faisait 28 pieds de largeur ; sous le régime de Jean Drapeau au début des années 60, le mail fut réduit à six pieds de béton, histoire de permettre l'aménagement de six pistes de circulation automobile - trois en chaque sens. Le boulevard Saint-Joseph venait de perdre sa qualité de grande avenue verte, encore que deux belles rangées de grands arbres séparant les immeubles des pistes automobiles ont assez résisté au massacre.
Cette artère de quelque sept kilomètres, très rectiligne, bordée de part et d'autre d'immeubles d'altitude relativement uniforme se trouve à réunir les deux plus importants espaces verts de Montréal, le Parc du mont Royal et le complexe Jardin botanique-Parc Maisonneuve. La thématique forestière et horticole de cette avenue se trouverait plus en accord avec les préoccupations universelles actuelles de ce nouveau millénaire que les montres, voitures, vêtements de luxe et les films dernier cri qui ailleurs hantent les grandes avenues traditionnelles.

Les grandes artères urbaines sont nées de l'abattage des arbres; on fait ici le chemin inverse en rendant une grande artère urbaine à la forêt.
Un hommage à deux scientifiques d'ici
Cette grande avenue nordique permettrait par ailleurs de rendre hommage aux deux plus importants scientifiques québécois en matière de sciences naturelles :
Pierre Dansereau, né à l'embouchure du boulevard Saint-Joseph, rue Maplewood, au pied du mont Royal. Ce grand spécialiste des arbres est décrit comme l'un des fondateurs de l'écologie par l'Encyclopedia Brittanica ;
Marie-Victorin, fondateur du Jardin botanique de Montréal, l'un des plus célèbres au monde, jardin dont Pierre Dansereau fut aussi directeur.
L'un et l'autre devraient avoir leur monument érigé aux extrémités de cette avenue, Dansereau à l'ouest à l'amorce du mont Royal, là où il a appris à aimer les arbres ; le monument Marie-Victorin à l'est, collé au Jardin botanique, dans une ville qui n'a pas abusé de la formule des monuments pour célébrer ses gloires nationales. Du même souffle, on pourrait rebaptiser la station de métro Pie-IX du nom de Marie-Victorin et le boulevard Pie-IX de boulevard Pierre-Dansereau, ledit Pie IX souffrant d'une réputation qui l'a confiné à l'antisémitisme et à des valeurs ultra-conservatrices comme la protection de l'esclavagisme.
Quelle sorte d'Avenue nordique?
Cette avenue constituerait un long chapelet d'îlots thématiques bordés d'allées piétonne et cyclable de part et d'autre. Cette avenue ne serait traversée que par les artères principales nord-sud, avenue du Parc, rue Saint-Urbain, Saint-Laurent, Saint-Denis etc. jusqu'à Saint-Michel et finalement Pie-IX. Toutes les petites rues s'arrêteraient à cette avenue nordique, tant du côté nord que du côté sud, ce qui normalement devrait plaire aux riverains de ces rues qui se plaignent régulèrement de la circulation automobile "étrangère" au quartier qui les embête.
Tant l'allée piétonne d'un côté que la piste cyclable de l'autre côté pourrait être transformée en voie d'urgence, par courtes sections, aux fins de services de police, d'incendie ou d'ambulance.
Les commanditaires de l'avenue
L'ensemble des îlots révèle au monde les arbres et les plantes qu'offre la nordicité sur tous les continents, cet ensemble étant, aux fins de son unité, géré par un conseil des sages du Jardin botanique et d'universitaires de grandes écoles du monde des sciences de la forêt et de l'horticulture.
Mais chaque îlot est conçu par une société commanditrice, qu'il s'agisse de pays nordiques européens ou asiatiques, de provinces canadiennes ou d'États américains frontaliers au nord. On pourrait y trouver aussi des institutions comme la FAO, branche agricole de l'Organisation des Nations unies et autres organisations internationales intéressées à l'arboriculture et l'horticulture. Chaque société participante y va de ses choix d'arbres et de plantes, un petit centre d'interprétation-resto-bar offrant sa propre cuisine nordique et ses consommations.
Un certain nombre d'immeubles actuels du boulevard Saint-Joseph pourraient être convertis en services consulaires des pays, États ou provinces nordiques, présents ou non dans l'archipel. Éventuellement, de grandes organisations internationales (FAO - forêts) et privées (fondations) pourraient être intéressées à s'installer dans pareil contexte urbain. Nos universités québécoises (McGill et Concordia incluses) pourraient regrouper et coordonner ici leurs services et leurs efforts de recherche dans une seule grande faculté selon un modèle expérimental pouvant éventuellement servir à d'autres champs de connaissance. (Pourquoi une demi-douzaine de facultés intéressées à la forêt dans nos universités québécoises?)
Cette grande avenue nordique complèterait sa force d'attraction culturelle par deux muséums spécialisés appelant la conversion de deux églises catholiques. L'église Saint-Stanislas, à l'ouest, pourrait être transformée en musée des arts en pays nordiques, faisant appel aux communautés autochtones d'Europe et d'Asie du Nord ainsi que d'Amérique du Nord.
Une seconde église, Saint-Pierre-Claver, pourrait être convertie en muséum reproduisant des miniatures des grands barrages hydroélectriques du monde, faisant état de leur grandeur et de leur misère. Ce muséum pourrait porter le nom de Robert-Bourassa, Saint-Pierre-Claver portant le nom de la paroisse qui a vu naître ce premier ministre. Les admirateurs de celui qui a procédé aux barrages de la baie James souffrent toujours de l'absence de reconnaissance visible de Robert Bourassa dans la conurbation montréalaise.
Finalement, un regroupement des grandes organisations qui critiquent les interventions humaines sur la nature en général, sur les forêts en particulier (Greenpeace, le WWF, le Global Environment Facility, etc.) pourraient souhaiter aménager ici un supermuséum sur leur vision de l'avenir des forêts sur cette planète.
La portion québécoise de cet archipel linéaire
La portion de cette grande avenue nordique comprise entre Frontenac et Pie-IX constituerait une succession d'îlots québécois de cette avenue, des îlots où se succéderaient de grandes surfaces arboricoles et horticoles inspirées de Marie-Victorin et venant se greffer tout naturellement, à l'exrême-est, dans le Jardin botanique - ou ce qui pourrait éventuellement s'appeler la Cité des sciences de la nature de Montréal.
Cette portion de l'archipel serait plus ludique. On pourrait y aménager par exemple, avec la contribution d'Hydro-Québec, un grand anneau de patinage à ciel ouvert opérant à longueur d'année, devenant peut-être la plus grande patinoire à ciel ouvert en permanence au monde. Tant le sentier pédestre ainsi que la piste cyclable - et éventuellement la piste de fondeurs, l'hiver - surplomberaient l'anneau de patinage à ciel ouvert.
En périphérie de cet anneau de vitesse et des îlots nordiques québécois se trouverait une variété de services et de fonctions tels que des auberges avec gîtes et restos d'inspiration québécoise et autochtone, petits musées et postes de vente de souvenirs de la même eau, points de service Bixi, boutiques de réparation de vélos, de location et d'aiguisage de patins, de location de skis de fond donnant accés notamment au Parc Maisonneuve, petits restos de spécialités régionales québécoises et autochtones.
Pareille Avenue nordique internationale exigerait des investissements considérables, mais on peut imaginer un plan directeur étalé sur plusieurs années, la portion des îlots québécois comprise entre Frontenac et Pie-IX constituant une priorité parce que son grand anneau de glace à ciel ouvert à longueur d'année est susceptible d'attirer de nombreux touristes, québécois, canadiens et étrangers, d'autant plus que cette portion de l'avenue se trouverait à offrir une entrée royale au Jardin botanique et au Biodôme dont la réputation internationale n'est déjà plus à faire.
La portion allant de Frontenac au mont Royal pourrait être aménagée progressivement, bloc par bloc, en fonction de la réponse venant des commanditaires sollicités. Une réponse qui pourrait varier selon le succès de fréquentation obtenu par la portion Frontenac-Pie-IX.
Stade et avenue : deux projets intégrés
L'idée fondamentale ici est de créer un lien fondamental - culturellement et touristiquement - entre la Cité des sciences de la nature de Montréal évoquée dans le document ci-joint et l'Avenue nordique internationale, le tout formant un projet qui, pour grandiose qu'il soit, correspondrait aux attentes de ce millénaire tout neuf. Donner au monde l'image d'un "Montréal-ville-verte" impliquée dans les valeurs existentielles de ce monde.
Cette idée élargirait sensiblement l'offre de Montréal et du Québec au monde du tourisme international, une offre dépassant largement, au plan culturel et éducatif, les univers nobles mais plus restreints que constituent actuellement le cirque, le jazz, le rire et l'Oratoire Saint-Joseph.


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2 commentaires

  • Stéphane Sauvé Répondre

    3 décembre 2013

    Merci pour cette idée inspirante. Ce serait un si beau projet pour Montréal.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 novembre 2013

    Je me rapelle la beauté de cette rue en 1960.
    Un tunnel de verdure sous les arbres

    Ce fut un véritable saccage ,une coupe a blanc épouvantable
    Il ne resta plus un seul des arbres majestueux qui ornaient ce boulevard .
    Pour être dégagé c'était dégagé ..une foret de lampadaire avait remplacer a perte de vue les arbres jusqu'au pied d'Outremont .
    J'en revenait pas ce fut tout un choc
    Meme plus un petit moineau pour chanter
    Drapeau trouvait ça bien beau a une époque ou l'on affirmait haut et fort que les gouts ça se discute pas.

    Il fallait être moderne et de son temps.
    Jean Drapeau n'aimait pas tellement la verdure et les arbres
    Le Mont Royal était d'ailleur surnommer a une certainne époque par les montréalais le Mont Chauve suite aux coupes a blanc que Jean Drapeau avait fait effectuer dans certain secteur du parc dans le but de sauvegarder la moralité et les bonne moeurs
    Des quartiers complets de Montréal devaient être rasés pour des projets mégalomanes pour faire place au modernisme
    Comment expliquer la facilité avec laquelle on envisageait à l'époque la destruction de quartiers entiers? Une idée l'emportait sur tout: le progrès. C'était ça, la vision de Drapeau.
    Des projets fous! Montréal l'a échappé belle
    http://www.lapresse.ca/actualites/montreal/201107/16/01-4418490-des-projets-fous-montreal-la-echappe-belle.php
    Vous suggérer que l'on pourrait rebaptiser la station de métro Pie-IX du nom de Marie-Victorin et le boulevard Pie-IX de boulevard Pierre-Dansereau,
    C'est une excellente suggestion pour honorer la mémoire de Pierre Dansereau et du frère Marie Victorin .
    Une autre chose que j'aimerais c'est que l'on nomme aussi le nom des rues de manière plus spécifique en y associant le prénom ou le nom complet qui était celui utiliser de son vivant comme par exemple avenue du Frère Marie Victorin plutot que simplement Marie Victorin .
    La toponomie d'une ville doit aussi réfléter notre histoire et entre les noms de rue de saints a ne plus finir et celle des rues d'oiseaux des banlieues il y as de la place en masse pour honorer ceux qui par leur action ont contribuer a son histoire y compris des personnages comme Jean Drapeau .
    Malheureusement on est pas très porter a Montréal a honorer la mémoire des notres en nommant des rues pour honorer leur mémoire ..mais on honore sans complexe depuis longtemps la mémoire d'un génocidaire du nom d'Amherst
    Vous voyez juste et les suggestions que vous proposer serait comme vous le mentionner une offre dépassant largement, au plan culturel et éducatif, les univers nobles mais plus restreints que constituent actuellement le cirque, le jazz, le rire et l’Oratoire Saint-Joseph..... et le casino devant lequel les innombrables roulottes blanches des contracteurs sont stationner en permanence depuis des décennies .
    A croire que jamais elles ne disparaitrons du paysage .