Ainsi donc, le 26 mai prochain, et pour la première fois dans l’histoire des élections européennes en France, les musulmans auront leur propre liste. Une liste, émanation de l’Union des démocrates musulmans français, finalement validée par le Conseil d’État et le ministère de l’Intérieur.
L’UDMF n’est pas tout à fait novice en politique. Créé en 2012 pour lutter contre l’islamophobie, ce parti qui a déjà fait élire un conseiller municipal à Bobigny en 2014 (avec le soutien de l’UDI), s’est surtout installé dans le paysage politique lors des élections régionales de 2015 dans des quartiers connus pour la diversité de leur population. En enregistrant des scores significatifs dans certains bureaux de vote comme à Mantes-la-Jolie (plus de 9 % des voix), Sartrouville (17,6 %) ou encore Poissy (16 %).
Rappelons que, parallèlement, dans les universités françaises, les syndicats étudiants qui se déclarent ouvertement musulmans remportent des succès notables. Comme à Orléans, en mars 2018, où la liste Étudiants musulmans de France (EMF) remportait le score historique de 20 %, se plaçant en troisième position. Ailleurs, comme à Lyon ou à Caen, c’est grâce à la complicité de l’UNEF, en nouant des alliances locales, que des étudiants musulmans soucieux de défendre leurs coreligionnaires parviennent à se faire élire aux conseils d’université.
Ce phénomène d’émergence de listes communautaristes est inéluctable ; l’immigration, la démographie mais aussi les conversions à la religion islamique sont autant de facteurs qui favorisent l’augmentation régulière de la population musulmane en France. Quelques chiffres : en 2019, on estime le nombre de musulmans à 5,7 millions. En 1905, ils étaient 10.000 présents sur notre sol. 150 mosquées en France en 1976, 2.500 aujourd’hui et 111 écoles déclarées coraniques. Et ce ne sont que les chiffres officiels… Les responsables de l’UDMF prétendent que la population européenne est à 5 % musulmane.
Notre système républicain laïc hésite, tergiverse et échoue à prendre en compte les aspirations de cette population en perpétuelle croissance. Pour preuve les interminables discussions pour ou contre l’interdiction du burkini. Ou les atermoiements de Marlène Schiappa au sujet d’une possible candidature de femmes voilées pour les élections municipales 2020 (qu’elle n’exclut pas par principe).
C’est toute l’idéologie féministe et laïque qui vacille ! Malgré toutes les postures et les contorsions des responsables politiques, est-ce le signe que les musulmans français ne se sentent plus représentés par les partis traditionnels ?
Tout logiquement, une partie d’entre eux investit le champ politique. C’est le cas de l’UDMF, qui dénonce la loi interdisant le voile dans l’espace public jugée « liberticide » ou la déchéance de nationalité des binationaux voulue par François Hollande. Sur le site Oumma.com, Jean Préau, candidat sur la liste de l’UDMF, développe le programme électoral. Y figure, entre autres, « la création d’un crédit d’impôt pour les dons aux œuvres » pour mieux « prendre en compte le fait que les réductions d’impôts privilégient les personnes imposables (ce qui n’est pas le cas de) la communauté musulmane sous-représentée en tant que personnes imposables ».
Le parti promeut également le financement islamique et le développement du marché du halal comme source de richesse pour le pays.
Pour mener campagne, son leader Nagib Azergui espère « pouvoir compter sur un financement à hauteur de 200.000 euros ». Le gouvernement d’Emmanuel Macron, si sourcilleux sur le chapitre de l’ingérence des financements étrangers dans la campagne, fera-t-il preuve de la même sévérité à l’égard de l’UDMF ? L’avenir le dira…
Cette présence d’une liste musulmane aux élections européennes en France est révélatrice du fractionnement de notre société. Pour contrer la montée des communautarismes, l’offre politique existe : de Nicolas Dupont-Aignan à Marine Le Pen en passant par certains responsables LR. Mais la reconquête de l’unité nationale se fera à un autre niveau. Il faut reconstruire Notre-Dame. Au sens propre à l’identique. Au sens figuré d’une autre manière : en mettant un terme à l’idéologie de l’excuse et de la repentance. Le combat à mener est d’ordre idéologique et spirituel. Aux chrétiens et à leurs responsables de s’en saisir.