Y aura-t-il encore des élections clé en main le 3 novembre ?

Tribune libre

par Paul Cliche
Quelques organisateurs d’élections patentés ont comparu devant la commission Charbonneau le printemps dernier. On a pu constater que ces mercenaires, vivant grassement des fruits de la corruption, ont organisé plusieurs élections clé en main dans des villes de la région métropolitaine. Certains d’entre eux ont dirigé la machine électorale aussi bien de Vision Montréal sous Pierre Bourque que d’Union Montréal de Gérald Tremblay, sans oublier Gilles Vaillancourt à Laval. On sait que, lors d’élections clé en main, des firmes d’ingénieurs, de relations publiques ou encore des bureaux d’avocats financent et organisent la campagne d’une équipe de candidats afin de s’assurer, si ces derniers sont élus, d’obtenir les contrats municipaux, d’influencer les décisions et d’orienter les nominations politiques.
Les révélations faites devant la commission ont eu un effet cathartique sur l’opinion publique. Mais elles ont pu créer la fausse impression que le ménage était fait alors qu’il ne fait que commencer. En réalité, de nombreux individus, ayant fait de l’organisation électorale leur «profession», attendent dans l’ombre pour prendre la relève de ceux qu’ils considèrent comme leurs mentors. Puisqu’on ne peut espérer que ces derniers se recyclent dans des comités de citoyens, il serait intéressant de savoir pour qui et où ils travailleront cet automne. Maintenant que la commission a clos son volet municipal et que les projecteurs de l’actualité se tournent vers les syndicats de la construction, des candidats sans scrupule se hasarderont-ils à retenir les services de ces derniers pour qu’ils se livrent aux pratiques malhonnêtes qui ont eu cours jusqu’ici ou pour qu’ils inventent de nouveaux stratagèmes ? Dans de telles circonstances, les électeurs qui ont des soupçons sérieux devraient alerter l’Unité permanente anticorruption (UPAC), car la vigilance citoyenne est essentielle à la pratique d’une saine démocratie.
«Cette attitude est d’autant plus nécessaire que, comme le souligne Monique Deslauriers, qui a mené une vigoureuse campagne contre la corruption municipale à la tête du Mouvement pour la démocratie dans les villes il y a quelques années, la campagne électorale débute sans qu’une législation prohibant ce type d’organisation ait été adoptée. À l’instar d’autres pays, cela devrait pourtant être considéré comme de la corruption électorale ou du gangstérisme si la mafia est impliquée», soutient t-elle.
Soulignons également que les 900 municipalités québécoises, comptant moins de 5 000 habitants, soit 84% du total, ne sont pas assujetties au contrôle du Directeur général des élections sur les contributions et les dépenses électorales. «Pourtant ce genre de surveillance constitue l’arme la plus efficace pour freiner la corruption parce que la crainte d’être pris constitue le moyen dissuasif par excellence», ajoute Mme Deslauriers qui réclame la présence de vérificateurs dans toutes les villes. Le Vérificateur général du Québec a proposé d’envoyer des équipes volantes effectuer des vérifications impromptues dans les villes qui n’en ont pas. Espérons que ce projet se réalisera.
On attend donc avec impatience les recommandations de la commission Charbonneau à ce sujet. Elles doivent venir d’ici la fin de l’année.

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Membre fondateur du Mouvement pour une démocratie nouvelle et auteur du livre Pour une réduction du déficit démocratique: le scrutin proportionnel ; membre de Québec Solidaire; membre d’ATTAC Québec; membre à vie de la Société Saint-Jean Baptiste de Montréal.





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