L'école, contre vents et marées
5 octobre 2012
On pourrait peut-être chipoter sur certains détails non abordés : en dépit de la prétention à l’excellence, la carence réelle de certains apprentissages, en français, littérature, histoire et géographie, par exemple, où les connaissances réellement acquises sont une aimable fiction par rapport au langage lénifiant des programmes et à ce qui était normal voilà quelques années à peine. Mais, dans l’ensemble, votre portrait est plutôt juste. En conséquence, l’arrivée au collégial constitue un cauchemar pour la majorité des élèves... et des profs. Il suffit de consulter quelques manuels du secondaire (et les résultats au collégial de ceux qui les ont subis) pour le constater. Comme partout, d’ailleurs, dans les États qui se sont pliés aux normes de l’OCDE, et ce n’est pas une coïncidence, on vise à former des gens à l’esprit critique déficient, susceptibles de former des citoyens passifs, fragiles et corvéables à merci, exerçant par le fait même une pression à la baisse sur les salaires, pendant que l’oligarchie envoie ses enfants dans des écoles particulières pour former les meneurs de ces esclaves du système. En somme, on applique l’idéal de Voltaire, pour qui la société idéale se résumait, contrairement à ce qu’on prétend, à ce que le petrit nombre fasse travailler le grand nombre, soit nourri par lui et le gouverne : ce sont ses propres termes, qu’on peut vérifier. L’esprit réel des prétendues Lumières correspondait à ce que la société occidentale est devenue : une masse d’exploités au service et à la disposition de l’oligarchie. À quelques exceptions près, c’est la situation normale en Occident, et ce n’est pas un hasard. La correspondance de Voltaire, d’Holbach et autres, est plus éclairante à ce sujet que leurs productions grand public. Les experts en docimologie et en pédagogie du Ministère appliquent exactement ce programme, le plus souvent sans s’en rendre compte, je veux bien le croire, mais le résultat est le même. Après vingt-deux ans d’enseignement au collégial, et à mon corps défendant, je ne puis conclure autrement. Complotiste? Je m'en tape. Il suffit de se poser la même question que dans n'importe quelle enquête: cui bono?