(Québec) La députée adéquiste Sylvie Roy a abusé de son immunité parlementaire en affirmant en chambre, et manifestement sans preuve solide, que trois ministres étaient allés sur le bateau de l'entrepreneur Tony Accurso. Les libéraux de Jean Charest abusent toutefois de leur pouvoir en laissant planer sur la députée une menace d'expulsion de l'Assemblée nationale.
Mme Roy peut être convaincue de la nécessité de tenir une commission d'enquête pour faire la lumière sur l'industrie de la construction au Québec, ses liens avec les élus et le crime organisé. Cet objectif ne l'autorise pas pour autant à dire n'importe quoi, à véhiculer du ouï-dire et à jeter un discrédit sur l'ensemble de l'équipe ministérielle sans avoir en main les preuves suffisantes pour appuyer ce qu'elle avance. Le droit de parole n'est pas un droit à la diffamation.
Ce serait trop facile pour un député de se cacher derrière l'immunité parlementaire pour lancer une information non vérifiée et jeter un doute sur la réputation ou les actions d'un adversaire. La semaine dernière, aussitôt que la députée Roy a posé sa question en chambre, les supputations pour connaître quel ministre avait pu profiter du yacht de Tony Accurso étaient parties.
Le premier ministre a eu beau tenter de prendre la balle au bond en identifiant les trois députés et ministres sur qui planait un doute et en soutenant que l'affirmation de Mme Roy était non fondée, le mal était fait. Pour certains, même si les preuves irréfutables sont toujours inconnues, Julie Boulet, David Whissel et Norm MacMillan ont séjourné sur le bateau de luxe, et nécessairement, ils ont conclu des marchés suspects avec l'entrepreneur. C'est un peu court. Qui oserait tenir à la légère de tels propos publiquement, en l'absence d'immunité parlementaire?
Le comportement de Mme Roy est imprudent, surtout de la part d'une avocate, mais la réaction des libéraux est disproportionnée. C'est une chose de réclamer des excuses, c'en est une autre de tenter de profiter de sa majorité pour sanctionner une députée de l'opposition et la menacer d'expulsion. Un peu de mesure!
On comprend le gouvernement libéral d'être exaspéré par les demandes de l'opposition qui réclament inlassablement depuis le printemps une enquête publique sur les allégations de collusion, de copinage et d'infiltration du crime organisé dans l'industrie de la construction. Sa réaction démesurée à l'égard de Sylvie Roy ne fera cependant taire ni les adéquistes ni les péquistes. Bien au contraire. En tentant de museler la députée Roy, les libéraux agissent comme s'ils avaient des choses à cacher. C'est exactement le message que l'opposition souhaite faire passer dans l'opinion publique.
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