Depuis bientôt trois mois, les étudiants de niveau collégial et universitaire sont engagés dans un bras de fer avec le gouvernement du Québec concernant la hausse des droits de scolarité. La session de plusieurs jeunes est aujourd’hui compromise, et la paix sociale menacée, une situation qui est susceptible de dégénérer compte tenu de l’impasse actuelle.
Tout indique que les droits fondamentaux des jeunes manifestants sont régulièrement bafoués par l’arbitraire policier et les abus des forces de l’ordre, une situation qui risque d’être exacerbée par la mise en oeuvre imminente des ordonnances judiciaires rendues tous azimuts et la radicalisation du mouvement étudiant, conséquence inévitable de la marginalisation dont les étudiants font actuellement l’objet.
Sur le fond, nous estimons que la marchandisation ostentatoire de l’éducation constitue une mesure régressive et représente un obstacle tel à l’accessibilité aux études postsecondaires que d’aucuns pourraient considérer celle-ci comme discriminatoire au sens de l’article 10 de la Charte des droits et libertés de la personne et contraire à l’esprit de l’article 13 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.
Ainsi, toute mesure concernant le financement de nos établissements d’enseignement universitaire dont l’application pourrait avoir un impact sur l’accessibilité aux études devrait faire l’objet d’un débat de société préalable, ou d’un contrôle judiciaire a posteriori, le cas échéant.
Responsabilité morale
L’accès à l’éducation est l’un des piliers de toute société libre et démocratique. Ces jeunes sont des citoyens à part entière et la relève de la société québécoise aussi, nous avons collectivement la plus haute responsabilité morale à leur égard. Considérant l’état d’urgence de la situation sur le plan de la sécurité nationale et eu égard à la vie et à la sécurité des jeunes étudiants, nous sollicitons l’intervention immédiate de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse afin qu’elle interpelle le gouvernement du Québec sur ces questions et lui rappelle ses responsabilités à l’égard de toute une génération.
Plus particulièrement, la Commission devrait condamner publiquement l’usage de la force excessive par les différents corps policiers et l’arbitraire dont font preuve les forces de l’ordre eu égard aux droits fondamentaux des étudiants. Enfin, la Commission devrait exhorter le premier ministre du Québec et la ministre de l’Éducation à suspendre immédiatement l’application de la hausse envisagée afin de ramener la paix sociale et de permettre que cet enjeu fasse l’objet d’un débat public ouvert et transparent.
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Ont signé cette lettre : Omar Aktouf (HEC Montréal), Paul Bélanger (UQAM), Camil Bouchard (UQAM), Guy Bourgeault (Université de Montréal), Dorval Brunelle (UQAM), Jacques Dufresne (L’Agora), Julius Grey (Grey Casgrain S.E.N.C.), Andrée Lajoie (UdeM), Georges Leroux (UQAM), Sébastien Lormeau (avocat), Yves Martin (ancien sous-ministre de l’Éducation, 1969-1973), Guy Rocher (UdeM), Max Roy (FQPPU), Céline Saint-Pierre (UQAM), Michel Seymour (UdeM), Michèle Sirois (Coalition laïcité Québec), Daniel Turp (UdeM), Louise Vandelac (UQAM), la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ), le Syndicat des professeurs du collège Marie-Victorin (FNEEQ-CSN), la Fédération autonome de l’enseignement, et plusieurs professeurs universitaires ainsi que de nombreux enseignants des cégeps Marie-Victorin, Montmorency, Ahuntsic et du Vieux-Montréal.
Conflit étudiant
Appel à la Commission des droits
Lettre aux membres de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse.
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