Au pied de la pente raide!

Déjà, avant la naissance du Bloc, le châtiment était en cours

Dion-le-fossoyeur



Un jour, le hasard m'a mis en contact avec un de nos plus grands écrivains, Roger Lemelin (Au pied de la pente douce, Les Plouffe, etc.). Libéral fédéral éloquent, il m'a dit qu'en raison du rapatriement unilatéral de la constitution, il craignait que son parti, après une longue domination du Québec, ne le perde pour toujours...
Bien sûr, il ne pouvait deviner à l'époque la catastrophe que serait Stéphane Dion. Mais il avait vu juste. Le Parti libéral du Canada n'a jamais pu reprendre une majorité de sièges au Québec après les avoir déjà tous eus, sauf un.
Comment Pierre Elliott Trudeau, Jean Chrétien et les autres ont-ils pu décider de changer la constitution du Canada contre la volonté d'une de ses nations fondatrices dont ils étaient les fils, et qui s'y opposait clairement par la voix de René Lévesque, de Claude Ryan et de l'Assemblée nationale presque unanime ? Ils ont ensuite invité la reine d'Angleterre à venir célébrer ce gâchis en grande pompe.
Qu'est-ce que ce pays qui change unilatéralement son document fondateur ? L'Union européenne, qui regroupe 500 millions de personnes de 27 pays différents, permet à l'Irlande avec ses 5 millions d'habitants de bloquer le traité de Lisbonne. La France et d'autres pays en avaient fait autant pour un projet de constitution. Alors qu'au Canada, une nation qui fait près du quart de la population ne peut pas empêcher un changement majeur qui lui est inacceptable.
Une des déceptions de ma vie démocratique, c'est qu'il n'y a pas eu au Canada anglophone une mobilisation démocratique incluant des politiciens, des intellectuels, des journalistes et de simples citoyens contre cette infamie. Très peu ont parlé.
La consolation, c'est de constater que le peuple québécois ne fut pas dupe. Il a pris conscience de l'énormité de la faute et ne l'a jamais pardonnée. Le parti de Trudeau était déjà à l'agonie lors de la dernière élection et pratiquement mort chez les francophones, avec 10% des voix. Il n'a guère repris de force à la dernière élection et Justin Trudeau n'aurait pas été élu dans Verchères !
STRATÉGIE OBSOLÈTE
Déjà, avant la naissance du Bloc, le châtiment était en cours. Clark et Mulroney, avec l'aide du Parti québécois, avaient commencé à l'exécuter. Le Bloc est venu compléter et consolider l'ouvrage. La vieille stratégie libérale était enfin devenue obsolète: ayons un chef québécois et soyons durs envers le Québec, cela nous aidera ici et ailleurs. Cela ne fonctionne plus, ni ici, ni ailleurs.
Wilfrid Laurier, qui fut leur chef pendant 30 ans, jusqu'en 1919, avait eu lui aussi une formidable intuition. «Ne choisissez pas un Canadien français», avait-il dit à des jeunes libéraux venus le consulter sur sa succession: «La situation d'un premier ministre canadien-français est impossible, il ne peut rien faire pour les siens.»
Trudeau et Chrétien sont allés plus loin. Par leur action néfaste, non seulement ils n'ont rien fait pour les leurs, mais ils leur ont fait beaucoup de tort. Le Québec s'en souvient heureusement et le Parti libéral a besoin de plus qu'un changement de chef pour faire pardonner l'impardonnable.


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