LÂCHETÉ DE NOS DIRIGEANTS

Ce que je retiens de 2020

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« La lâcheté ouvre la voie à la censure »


Rassurez-vous, je ne vous infligerai pas une autre chronique sur la pandémie. 


Qu’est-ce qui n’a pas été dit sur le sujet ?


Sophie Durocher disait hier se demander, à chaque fin d’année, quel mot résume le mieux les douze derniers mois.


J’ai spontanément pensé à « censure ». Puis, je me suis ravisé au profit de « lâcheté ».


Heurté ?


2020 aura été une année où les restrictions à la liberté d’expression auront poursuivi leur effarante progression.  


Enseveli sous le nombre, j’ai cessé de compiler les cas d’émissions ou d’œuvres d’art retirées pour cause de plainte, d’établissements scolaires supprimant un livre, de professeurs subissant les foudres d’étudiants susceptibles ou de directions qui se rangent dans le camp de la meute.


À la base de tous ces cas de censure, on trouve des personnes en position d’autorité qui ont refusé de se tenir debout et d’expliquer pourquoi elles ne plieraient pas devant les appels à la suppression. 


Elles préféraient s’acheter de la tranquillité sur le dos d’un infortuné et d’un principe fondamental.


C’est en ce sens que la lâcheté ouvre la voie à la censure. 


Avouez qu’on vit une drôle d’époque.


On peut invoquer sa liberté individuelle pour aller faire la fête dans un tout-inclus et se transformer en bombe virale ambulante. 


Mais il devient problématique d’invoquer votre liberté individuelle pour exprimer une opinion si elle heurte les sensibilités d’une seule personne dans l’auditoire. 


Il n’est même plus nécessaire que vous soyez coupable de quoi que ce soit. 


Pire, il n’est même plus exigé de vérifier les motivations de celui qui se dit choqué. 


S’il se dit heurté, cela suffit à lui donner raison. Il détient la vertu. 


Son émotion fabrique une nouvelle règle de conduite qu’il souhaite voir appliquée à tous ceux qui suivront. 


Comme il y aura toujours, forcément, quelqu’un qui se plaindra, imaginez une société qui plierait à chaque protestation. 


Nous serions, pour reprendre les mots du juriste Pierre Trudel, « entraînés dans le tordeur de l’arbitraire ».


S’il suffit d’une plainte d’une seule personne ou d’un petit groupe, on sonnerait aussi le glas de l’ironie, du sous-entendu et de la subtilité.  


Une chape de plomb s’abattrait sur les esprits, nous réduisant à parler de la météo et du prochain souper.


Or, le droit existe justement pour limiter l’arbitraire, et nos lois, redisons-le, contiennent déjà de multiples limites à la liberté d’expression.


Si ce droit doit être ajusté, qu’on en discute et qu’on le fasse, mais en ce moment, c’est l’indignation sélective d’une poignée de gueulards qui, trop souvent, fixe les limites de l’acceptable. 


Sursaut


Au fond, c’est moins compliqué qu’on le pense : si un propos choque, mais ne peut être sanctionné par une loi existante, il doit être permis.


Il revient donc aux autorités saisies de la demande de censure d’expliquer pourquoi elles ne plieront pas. 


Oui, cela demande du courage, tout le contraire de la lâcheté hypocrite, mielleuse et puritaine sous nos yeux.


Puisse 2021 être l’année du sursaut.




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