Quand je me suis entretenu avec Richard Martineau dans le cadre de son émission Les francs-tireurs, il notait que la transformation la plus étonnante de notre époque est celle de la gauche.
Je suis évidemment d’accord.
La gauche traditionnelle voulait une solidarité universelle : s’unir, au-delà des divisions, sur la base d’un droit commun à la dignité.
La nouvelle gauche propose un retour au tribalisme ethnoreligieux et identitaire : on définit les gens par leur couleur, leur religion ou leur genre.
Alliance
Pourquoi cette gauche, malgré ses niaiseries et ses excès, a-t-elle le vent dans les voiles ?
Pour deux raisons.
La première raison de sa force, c’est qu’elle est la combinaison de quatre courants de pensée.
Premièrement, on recycle des résidus de marxisme pour alimenter un discours anticapitaliste.
Le capitalisme pose certes de multiples problèmes, mais toutes les tentatives pour en sortir ont produit une misère généralisée et le recul des libertés.
Il n’y a aucune exception connue.
Deuxièmement, cette nouvelle gauche se fait souvent le relais de l’islamisme anti-occidental.
Elle laissera entendre qu’un libre-penseur assassiné l’a un peu cherché par ses propos, ou que l’extrémisme islamiste est une réaction à la discrimination subie par tous les musulmans dans nos sociétés.
Troisièmement, la gauche dite « anticoloniale » choisit de ne voir qu’un racisme, celui des Blancs, et d’en voir partout.
Quatrièmement, des féministes radicales carburent à la haine de tous les hommes, et défendent un extrémisme religieux dont elles seraient les premières victimes au Moyen-Orient.
Quand ces quatre puissantes forces se combinent, le vent devient décoiffant.
Mais ce vent souffle fort, disais-je, pour une deuxième raison.
Il souffle fort parce que beaucoup n’osent pas lui tenir tête.
C’est dans les universités que ces discours se construisent avant d’être repris par des chroniqueurs et des militants.
Or, dans les universités, la peur règne.
Des départements entiers sont kidnappés par des militants : ce ne sont pas des chercheurs puisqu’ils ont déjà toutes les réponses.
Des profs dégoûtés ou effrayés s’éloignent et laissent ces excités prendre le contrôle.
Pire, ils justifient leur démission en se disant trop pris par un travail dont il ne restera, dans l’immense majorité des cas, rien, absolument rien dans quelques années.
Pire encore, ils font souvent de l’aveuglement volontaire.
Notre Charles Taylor défend l’islamiste Tariq Ramadan, qui veut faire croire que les accusations de viol qui pèsent contre lui sont le fruit d’un complot !
Qui ?
Comme ils fuient leurs responsabilités, il ne reste plus grand monde pour rappeler des évidences.
Rappeler qu’un prétendu antiracisme, s’il vise tous les Blancs parce qu’ils le sont, est du racisme, tout simplement.
Rappeler que le racisme « systémique » n’est pas un concept scientifique, mais une arme idéologique.
Rappeler que des femmes se battent au Moyen-Orient contre cet obscurantisme religieux que beaucoup de nos féministes cautionnent.
Rappeler que faire de tous les musulmans des victimes est le meilleur moyen de les déresponsabiliser.
Si les intellectuels, si ceux qui ont les moyens de déconstruire ces faussetés, ne le font pas, qui le fera ?
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