Commémoration de la Bataille des Plaines

Ces moulins qui attisent l’ennemi

Nous sommes en guerre !

Chronique de Louis Lapointe

Il ne fallait pas s’attendre à un geste apolitique de la part des fédéralistes québécois en espérant les voir participer au Moulin à paroles destiné à commémorer la bataille de Plaines d’Abraham. Le contexte politique ne s’y prêtait tout simplement pas. C’est parce que nous sommes toujours en guerre 250 ans après la défaite des Plaines d’Abraham que les Jean Charest, Sam Hamad, Josée Verner, Denis Coderre et leurs chantres André Pratte et Lysiane Gagnon tombent à bras raccourcis sur le Moulin à paroles sous prétexte que René Lévesque* n’aurait pas approuvé la lecture du manifeste du FLQ 39 ans plus tard.
Nous sommes en guerre parce qu’il y aura des élections fédérales au Canada cet automne et que les fédéralistes ne souhaitent pas que leur participation au Moulin à paroles puisse être interprétée au Québec et au Canada comme une baisse de la garde à l’endroit des indépendantistes et une approbation implicite d’un vote en faveur du Bloc Québécois.
Dans un contexte d’affrontement, les fédéralistes doivent donc continuer à démoniser tout ce que font les indépendantistes. L’évènement très médiatisé du Moulin à paroles et la lecture du Manifeste du FLQ constituent à cet égard de rares aubaines pour les propagandistes, et Patrick Bourgeois, un excellent bouc émissaire. Tous ceux qui partageront la tribune avec lui seront déclarés coupables par association d’incitation à la violence, comme lui-même l'a été par Pauline Marois l'hiver dernier.
Un discours qu’a martelé inlassablement André Pratte dans ses récentes diatribes. Un sérieux avertissement servi à tous les fédéralistes qui pourraient être tentés de ne pas respecter les règles d’engagement.
«On ne peut donc pas dissocier le texte (manifeste du FLQ) de l'action terroriste. En lui accordant une place de choix dans une telle manifestation, on banalise les gestes violents qu'il servait à justifier. D'ailleurs, on voit cette banalisation à l'oeuvre dans beaucoup des propos tenus au cours des derniers jours. Pensons à Gilles Duceppe affirmant hier que la bataille des plaines d'Abraham a fait «beaucoup plus de morts que la crise d'Octobre» (c'était une guerre, M. Duceppe!)».**
Sauf de rares exceptions, il n’y aura pas de fédéralistes sur les Plaines d’Abraham en fin de semaine prochaine. Voilà le mot d’ordre que devait transmettre André Pratte aux troupes fédéralistes. Une mission dont il s’est affranchi avec le zèle qu’on reconnaît aux zélotes***, aidé en cela par l’inénarrable Lysiane Gagnon, deux moulins à propagande!**
Il n’y aura pas de politiciens fédéralistes sur les Plaines d’Abraham en fin de semaine parce qu’une éventuelle participation pourrait leur être reprochée dans le reste du Canada. Aucun de ces chefs ne souhaiterait voir les projecteurs tournés vers lui dans une publicité négative : «Voteriez-vous pour un chef de parti qui approuve la lecture du manifeste du FLQ et s’associe à Gilles Duceppe et Patrick Bourgeois, deux dangereux séparatistes qui incitent les Québécois à la violence ?». Une rengaine qu'on connaît bien!
Comme le seul chef fédéral qui partagera la tribune avec Patrick Bourgeois sera Gilles Duceppe, on pressent tout de suite qu’une semblable équation contre le Bloc québécois risque d’être proposée aux Québécois : « Voteriez-vous pour un chef de parti qui approuve la lecture du manifeste du FLQ et qui s’associe à Patrick Bourgeois, un dangereux extrémiste qui a incité les Québécois à la violence, propos que la chef du parti québécois a elle-même dénoncés ?». Une riposte possible à la publicité du Bloc, dans laquelle Stephen Harper et Michael Ignatieff portent le même bonnet.
Comme aucun parti fédéraliste ne peut espérer gagner suffisamment de comtés au Québec pour constituer une majorité parlementaire parce que le Bloc y est trop fort chez les Québécois de souche, l’objectif des partis fédéralistes au Québec se limitera donc à conserver leurs billes. Pour les libéraux, ce sera le vote fédéraliste du sud-ouest du Québec. Pour les conservateurs, ce sera le vote populiste de la région de Québec.
Une tâche que la Presse, la Gazette et les radios poubelles de Québec les aideront certainement à accomplir en répandant tout le fiel qu’on leur connaît auprès de leur public cible habituel. Des dépenses pour de la propagande électorale qui ne seront pas comptabilisées !
C’est à lever le cœur !****
* [Que ferait René Lévesque?->21563], André Pratte, cyberpresse.ca, le 7 septembre 2009.
** [Le Moulin à propagande->21630], André Pratte, cyberpresse.ca, le 9 septembre 2009.
*** [Moulin à vent->21668], Lysiane Gagon, cyberpresse.ca, le 10 septembre 2009.
**** [Célébrer le FLQ ? Une honte!->21583], André Pratte, cyberpresse.ca, le 7 septembre 2009.

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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1 commentaire

  • Robert Bertrand Répondre

    11 septembre 2009

    En connaissance des faits qui sont devant nous, quelle est la meilleure façon d'agir, de s'accaparer complètement du milieu -- les Plaines -- et en profiter au maximum ?

    Quelles idées soumettre ?

    Oui, il y a le MOULIN À PAROLES. On peut écouter. On peut apprécier. On peut lire avec les orateurs leurs discours.

    Un peu en retrait, il peut y avoir un party à hot dog, un grand spaghetti familial, une grande lasagne, un ragoût de boulettes. Quel party n'a pas ses rigodons ? Une musique d'ambiance comme dans le bon vieux temps ?

    Quoi d'autre qui pourrait s'ajouter sans trop de préparation et qui permettrait de faire la grande fête.

    Robert Bertrand