Charest exige des excuses du <i>Globe and Mail</i>

Affaire Jan Wong et The Globe and Mail

Le mardi 19 septembre 2006

par Jocelyne Richer
_ Presse Canadienne
Piqué au vif par [un texte vitriolique sur le Québec paru samedi dans le Globe and Mail->2009], le premier ministre Jean Charest demande au quotidien torontois de présenter ses excuses aux Québécois.
En guise de réplique, M. Charest a expédié une lettre au ton mordant à l'éditeur du prestigieux quotidien, Edward Greenspon, mardi, afin de dénoncer la prose à caractère ethnique de la journaliste Jan Wong, relativement à la fusillade survenue au collège Dawson la semaine dernière.
Le quotidien a accepté de publier sa lettre, mercredi, dans la page réservée à l'opinion des lecteurs, mais la direction du journal s'est refusée à tout commentaire, mardi soir.
Le bureau de M. Greenspon a refusé de dire si le quotidien allait ou non faire amende honorable et présenter ses excuses au Québec.
«Le texte de Mme Wong est une disgrâce. Il témoigne d'une ignorance des valeurs canadiennes et d'une incompréhension profonde du Québec. Mme Wong devrait ainsi avoir la décence de s'excuser auprès de tous les Québécois», conclut le premier ministre Charest, dans sa lettre à l'éditeur.
À la suite de la fusillade survenue au collège Dawson, Mme Wong, qui est d'origine québécoise, a écrit un long texte analytique, samedi, qui a aussitôt soulevé la controverse, en raison des conclusions à caractère politique qu'elle donne à la tragédie.
Ainsi, elle n'hésite pas à affirmer que ce genre de tueries ne survient qu'au Québec, et que s'il est répugnant de parler de pureté raciale ailleurs au Canada, ce n'est pas le cas au Québec.
Dans son texte, elle associe le geste du tireur de Dawson, Kinveer Gill, à l'auteur de la tuerie de polytechnique, Marc Lépine, d'origine en partie algérienne, de même qu'au tireur de l'Université Concordia, Valery Fabrikant.
Selon elle, les trois ont en commun une origine étrangère et aussi de vivre à Montréal, où les immigrants ont beaucoup de difficulté à s'adapter aux lois linguistiques favorables au français, dans un Québec intolérant qui valorise les citoyens d'ascendance «pure laine».
«Bêtise» que tout cela, réplique M. Charest, en faisant valoir qu'il est «pour le moins risqué de s'aventurer sur le chemin de l'explication ou de la comparaison».
«À ce jeu, Mme Jan Wong se sera discréditée», accuse M. Charest.
Dans sa lettre, le premier ministre défend vigoureusement la bataille historique menée par les Québécois pour affirmer le fait français chez eux, dans le respect de ceux qui parlent une autre langue.
«À travers les siècles et les aléas de l'histoire, écrit-il, nous sommes parvenus à préserver notre langue et notre culture. Nous avons su le faire en nourrissant les plus grands idéaux démocratiques et en accueillant chaque année des dizaines de milliers de personnes venues des quatre coins du monde pour participer à la construction d'une société libre et fière de sa différence.»
La langue française, «loin d'aliéner notre métropole, comme le soutient injustement Mme Wong, contribue au contraire de manière puissante au caractère cosmopolite de Montréal et à la nord-américanité unique du Québec».
De son côté, le député bloquiste de Saint-Lambert, Maka Kotto, a lu une déclaration en Chambre, à Ottawa, dans laquelle il soutient que «prétendre qu'il puisse y avoir un lien quelconque de cause à effet entre l'épisode dramatique du collège Dawson et la loi 101 - qualifiée d'infâme par la journaliste - relève d'un délire diffamatoire déconnecté de la réalité québécoise».
«Le Québec est une société inclusive, accueillante et agréable à vivre. En tant qu'immigrant, je m'y suis senti très rapidement le bienvenu et je déplore qu'on puisse remettre en question l'ouverture du peuple québécois», a-t-il ajouté, invitant le gouvernement fédéral à dénoncer à son tour les propos de Mme Wong.


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