Débat des chefs... sur la Caisse

L'affaire de la CDPQ — le scandale


L'élection québécoise devait se dérouler sous le thème de l'économie. Le premier ministre Jean Charest voulait tenir seul le volant de la Belle Province pour éviter la confusion. Mais il n'a pas les mains sur la Caisse de dépôt et placement du Québec et depuis une semaine, c'est justement l'indépendance du gestionnaire de la caisse de retraite des travailleurs québécois qui a défrayé les manchettes.
Jean Charest, Mario Dumont et Pauline Marois y sont tous allés de leurs commentaires. Même la Caisse, d'ordinaire timide publiquement, s'est mise de la partie, un peu malgré elle. Il y a eu une nouvelle concernant la mise à pied de 10 conseillers financiers, puis l'absence «pour cause de surmenage» de son président-directeur général Richard Guay, pourtant nommé il y a quelques mois à peine. Son remplaçant par intérim, Fernand Perreault, et le président du conseil de la Caisse, Pierre Brunet, ont bien tenté de calmer la mise mais leur inexpérience les a mal servis. Et le débat se poursuit.

Nul doute donc que l'économie trônant dans la tête d'un peu tout le monde, le sujet sera à l'avant-scène du débat des chefs, ce soir à Québec.
Janvier 2008, la Caisse détenait plus de 257 milliards $ en investissements divers. Il a été rapporté que la Caisse détient un portefeuille fleurdelisé de 17 %, en baisse de 32 % depuis 2002 (surtout en raison de la forte performance d'autres actifs de la Caisse. En proportion, les investissements québécois, moins payants, ont ainsi baissé de façon importante.) En dollars, la Caisse aurait 37 milliards $ d'investissements au Québec. Le Parti québécois souhaite la création d'une enveloppe supplémentaire de 10 milliards $ pour appuyer davantage les industries à propriété québécoise.
L'Action démocratique du Québec a avancé qu'«à rentabilité égale, la Caisse doit donner la préférence aux investissements québécois». Ça sonne bien, comme ça, mais les placements sont par définition instables. Comme il est impossible d'en évaluer la rentabilité future, la position adéquiste repose sur de l'air.
Le Parti libéral a toujours misé sur une indépendance certaine de la Caisse. Déjà en 2003, M. Charest avait attaqué le gouvernement du Parti québécois de Bernard Landry pour son utilisation interventionniste de la Caisse dans certains dossiers, notamment l'achat de Vidéotron par Quebecor.
Le gouvernement participe à plusieurs leviers de financement, comme la Société générale de financement, Investissement Québec et à l'époque, des sociétés de capital de risque à Québec et Montréal. Pas besoin alors d'usurper la vocation de la Caisse.
Rappelons qu'elle a été créée en 1965, pour «faire fructifier les fonds de caisses de retraite, de régimes d'assurance et d'organismes publics et privés». Récemment, la Caisse a ajouté à sa mission de «contribuer au développement économique du Québec», sans autre précision.
La Caisse doit investir de façon responsable pour assurer les retraites des cotisants. Comme elle n'est quand même pas désincarnée, elle ne peut agir sans penser au Québec au sein de son portefeuille.
Par ailleurs, par leur nature cyclique, il est normal que les investissements connaissent des périodes moins fructueuses, ou carrément affreuses, comme celle que nous traversons présentement. Il faut avoir confiance en les gestionnaires et reconnaître que leurs stratégies sont ancrées dans le long terme. De savoir que la Caisse a enregistré des pertes (sur papier !) de 20, 25 ou 35 % importe peu... dans cette campagne électorale.
Le vrai test sera le comparatif avec les autres sociétés d'investissements du genre, comme Teachers et OMERS, puis plus long terme, comment la Caisse réussira à reprendre le temps perdu par cette crise financière.
Mais la Caisse ne devrait pas occuper le centre des discussions de ce débat éminemment politique où les forces de l'opposition tentent le grand coup pour déloger le parti au pouvoir. La Caisse mérite mieux que de devenir un sujet sur lequel on veut marquer des points politiques.
pjury@ledroit.com


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