Des cours en anglais à Laval pour attirer plus d'étudiants

Déclin du français - La France dégénérative...

«C'est un sujet un peu sensible, reconnaît le recteur Denis Brière, mais en tant qu'université, je ne pense pas qu'on se diminue comme université de langue française. Au contraire, on doit s'ouvrir là-dessus.» Photothèque Le Soleil, Jean-Marie Villeneuve

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Daphnée Dion-Viens - (Québec) Pour attirer davantage d'étudiants, la plus vieille université francophone en Amérique du Nord veut offrir davantage de cours en anglais, et même en espagnol.
C'est un des objectifs du recteur, Denis Brière. «Je pense que dans certaines disciplines, autant à distance qu'en classe, on doit offrir nos cours en anglais et même en espagnol. On doit augmenter l'offre de cours, non pas juste en anglais, mais aussi dans d'autres langues», a-t-il indiqué au cours d'une entrevue avec Le Soleil<$>.
L'Université Laval offre déjà, depuis l'automne 2007, des cours en anglais au baccalauréat en administration des affaires. Tous les cours obligatoires - qui représentent la moitié de la formation - sont désormais offerts dans la langue de Shakespeare.
Et les étudiants se bousculent pour s'y inscrire. En 2007-2008, le nombre d'inscriptions s'élevait à 434 étudiants, alors qu'il a grimpé à 579 cet automne pour une session seulement. Environ 15 % des étudiants en première année (sur 500) suivent au moins un cours en anglais. Le recteur Brière voudrait maintenant étendre cette offre de cours bilingues à d'autres programmes.
«C'est un sujet un peu sensible, reconnaît-il, mais en tant qu'université, je ne pense pas qu'on se diminue comme université de langue française. Au contraire, on doit s'ouvrir là-dessus. Il y a des étudiants qui ne viennent pas à l'Université Laval parce que ce n'est que français. Ils aimeraient être exposés à d'autres langues que le français. Je ne dis pas qu'il faut le faire dans tous les cours qu'on offre, ce serait impossible. Mais on doit cibler.»
Pas demain la veille
Après le succès remporté en sciences de l'administration, c'est au tour de la faculté des sciences et génie de jongler avec l'idée, envisageant la possibilité de donner des cours bilingues en ligne. Plus que jamais, les entreprises sont à la recherche de diplômés bilingues, une réalité qui est aussi très présente à Québec, souligne M. Brière.
Mais ce n'est pas demain la veille que l'Université Laval offrira des cours uniquement en anglais, précise-t-il. La version française du cours est toujours offerte. «Si on attire des étudiants francophiles, pas complètement bilingues, ils peuvent prendre quelques cours en français et quelques cours en anglais. C'est une intégration plus facile», ajoute le recteur. À la faculté des sciences de l'administration, le nombre d'étudiants étrangers a d'ailleurs doublé au cours des dernières années.
Du côté du syndicat des professeurs de l'Université Laval, on s'accommode assez bien de ces cours bilingues. «Ce sont quelques cours qui ne posent pas de problème. On n'a jamais eu de plainte de nos membres à ce sujet» affirme son président, Yves Lacouture.
L'organisme de défense de la langue française Impératif français y voit toutefois un dangereux glissement. «Nos établissements postsecondaires ont une responsabilité sociale importante. Ils doivent s'assurer que leurs diplômés contribuent à la francisation et au respect de la langue française dans les milieux de travail, plutôt que de devenir des dynamos de l'anglicisation», affirme son président, Jean-Paul Perreault.
En septembre, l'École des sciences de la gestion de l'UQAM avait défrayé la manchette parce qu'elle offre désormais six cours entièrement en anglais. La ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, ne s'était pas offusquée de cette offre de cours bilingues qui ne constitue pas une menace à l'enseignement du français, avait-elle affirmé.


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