Des élections en décembre : Pauline Marois a-t-elle le goût du risque?

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La marguerite électorale : J'y vais, j'y vais pas, j'y vais...

Le raffermissement du soutien des Québécois à la Charte des valeurs dans les sondages sera-t-il suffisant pour convaincre Pauline Marois, en quête d’un gouvernement majoritaire, de provoquer un scrutin dès cet automne? Elle a le choix entre une élection sur la Charte le 9 décembre ou une élection au printemps 2014 après avoir été défaite sur son budget.
La question est cruciale non seulement pour l’avenir du PQ, mais aussi pour notre avenir collectif en tant que nation distincte en Amérique du Nord. La démographie du Québec, essentiellement caractérisée par une population francophone vieillissante et en déclin numérique et l’arrivée massive (50 000 par année) d’une immigration favorable aux libéraux, rend l’élection d’un parti indépendantiste de plus en plus difficile, de scrutin en scrutin. La prochaine élection risque donc d’être l’une des dernières où le PQ pourra obtenir un gouvernement majoritaire et donc espérer mettre en œuvre l’article premier de son programme politique. Une bonne indication de cette tendance lourde est le chiffre obtenu par le parti de la mafia libérale dans le sondage Léger de la fin de semaine : malgré la corruption et le gangstérisme qui ont caractérisé leurs années au pouvoir, les libéraux obtiennent encore la première place avec 36 % des intentions de vote.
Les électeurs péquistes à 81 % et caqueux à 50 % sont, selon le même sondage, favorables à la Charte. Tout comme une part significative de ceux de Québec Solidaire, 34 %. Sans surprise l’électorat du parti libéral, constitué d'un fort noyau anglo-ethnique, est massivement contre.
Ces chiffres devraient inciter les stratèges du PQ à aller de l’avant avec des élections hâtives et à faire de la Charte un des principaux enjeux de la campagne électorale. Ils révèlent en effet que les francophones, le seul électorat vraiment intéressant pour le PQ est en train de se mobiliser sur les valeurs québécoises et qu’un grand débat public sur la question ne va que renforcer cette mobilisation. Pourquoi pensez-vous que les trois partis d’opposition craignent des élections rapides comme la peste et accusent le gouvernement d’agir avec sa Charte de façon bassement « électoraliste » et « populiste »? Une accusation risible provenant de politiciens qui bavent d’envie de ne pas avoir de thèmes aussi porteurs.
Le taux d’insatisfaction du gouvernement à 58 % montre que, sauf sur les questions liées à la Charte et à la langue, les électeurs le jugent sévèrement. Cela va peut-être inciter Marois à la prudence. Le bilan des libéraux dans les domaines de la santé, de l’éducation, de la gestion des dépenses publiques n’est pas plus reluisant.
Où et comment les péquistes pourraient-ils aller chercher la dizaine de sièges qui leur manquent pour s’assurer de la majorité à l’Assemblée nationale? Ils pourraient d’abord gruger des votes dans l’électorat de la CAQ, essentiellement francophone, ouvert au discours identitaire. Le PQ a de forte chance de défaire les deux têtes d’affiche caqueux son chef François Legault et Jacques Duchesneau qui n’ont été élu que par de faibles majorités. D’ailleurs, devant cette perspective,l’ancien policier ne semble guère enthousiaste à se représenter.
En surfant sur la Charte, le PQ peut aussi espèrer s’emparer de plusieurs circonscriptions libérales à l’extérieur de l’île de Montréal où il est arrivé bon deuxième.
La débandade d’Option nationale, marquée par le départ de son chef fondateur Jean-Martin Aussant et son remplacement par un illustre inconnu, devrait aussi avantager le PQ. Les votes obtenus par ON au dernier scrutin l’ont privé de quelques sièges qu’il a maintenant de bonnes chances d’emporter. Ce retour des brebis Option nationale au bercail sonnera le glas de ce parti de la diversion et de la division.


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