La Presse du 20 septembre 2010

Desmarais lâche ses pit-bulls contre Charest

Maudite politique !

Chronique de Richard Le Hir

Il y a de ces signes qui ne trompent pas. La manchette de La Presse ce matin http://www.cyberpresse.ca/actualites/dossiers/commission-bastarache/201009/19/01-4317118-charles-rondeau-20-visites-en-six-mois-au-bureau-du-pm.php n’est pas un effet du hasard. Elle est au contraire calculée pour infliger un maximum de dommages à Jean Charest et hâter son départ.

Qu’on y songe un instant. C’est la semaine où doit justement comparaître Jean Charest devant la Commission Bastarache ! Et La Presse a mis sur le coup son artillerie lourde en confiant le dossier à son trio d’enquêteurs de choc, André Noël, Francis Vailles et le dernier arrivé, un transfuge du Journal de Montréal et Rue Frontenac, Fabrice de Pierrebourg. Ces trois journalistes sont sans doute les enquêteurs les plus coriaces de la profession à l’heure actuelle, et voici l’information qu’ils sont parvenus à dénicher et qu’ils nous livrent aujourd’hui :

« Charles Rondeau, important argentier du Parti libéral du Québec, s'est rendu 20 fois aux bureaux du premier ministre Jean Charest en six mois, de la fin du mois d'août 2003 à la mi-février 2004, particulièrement pour rencontrer la personne responsable de la coordination de la nomination des juges, selon des documents que La Presse a obtenus. »

Avec la corroboration ce matin du témoignage de Marc Bellemare par l’ancien sous-ministre adjoint Georges Lalande à l’effet que le collecteur de fonds Franco Fava avait effectivement fait des pressions pour faire nommer juges certaines personnes, Charest n’a désormais plus aucun espace pour nier l’existence de ces pressions. Pire, la Commission Bastarache n’a désormais plus le choix, elle doit se retourner contre celui-là même qui l'a nommée.

Desmarais a donc décidé de laisser tomber Charest pour essentiellement deux raisons.

Premièrement, il ne livre pas, ou ne livre plus, la marchandise. Le premier signal de son incapacité à le faire est apparu dans le dossier du CHUM où la famille Desmarais s’était rangée très ostensiblement dans le camp des partisans de l’érection du nouveau centre hospitalier à Outremont, sur le site de l’actuelle cour de triage du CP.

Puis il y a eu le dossier du rachat d’Énergie NB par Hydro-Québec qui aurait ouvert la voie à la main-mise du fédéral sur Hydro-Québec et à la privatisation subséquente de celle-ci au bénéfice de Power Corp. À cela il faut rajouter des visées certaines sur la Caisse de dépôts ou à tout le moins une partie de ses activités sans que l’on soit en mesure de les définir précisément. Adieu veaux, vaches, cochons couvées… (Perrette et le pot au lait – Jean de La Fontaine)

***

Mais sans doute plus grave maintenant, c’est la conclusion à laquelle Desmarais en est arrivé que les gaffes de Charest sont en train de lui nuire, en raison du principe de la culpabilité par association. Il est donc essentiel pour lui de s’en séparer rapidement pour ne pas être associé à la débâcle et au scandale aux proportions historiques désormais inévitables.

Ironie du sort, Desmarais se trouve confronté au même problème en France avec Sarkozy, son autre poulain devenu infréquentable depuis l’affaire des Roms et l’affaire du financement occulte de son parti, l’UMP. L’ex-gendre de Desmarais est compromis avec Patrick de Maistre, le chambellan de Liliane Bettencourt, qui aurait intrigué auprès du ministre Eric Woerth pour obtenir un traitement fiscal favorable pour sa patronne et la légion d’honneur pour lui-même en échange d’un emploi bien rémunéré pour la femme du ministre et du financement en dessous de table pour l’UMP.

Paul Desmarais est en train de découvrir qu’il a misé sur les mauvais chevaux et qu’il doit rapidement s’en distancer pour ne pas être éclaboussé lui aussi. Maudite politique ! Mais quelle bonne leçon !


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8 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    20 octobre 2010

    Et j'ajouterais a votre titre monsieur Le Hir que Desmarais viens de lacher aussi ses pitt-bull de la Presse contre Vigile.Net.
    La tentative de salissage par la bande de Vigile.net par Denis Lessard est éloquente.

  • Archives de Vigile Répondre

    21 septembre 2010

    Commission Bastarache : Ça continue de confirmer les dires de Bellemare.
    Le collecteur de fonds libéral Charles Rondeau, qui milite au PLQ depuis les années 1970, a reconnu mardi 21 septembre 2010,qu'il a suggéré à l'ancien ministre de la Justice Marc Bellemare le candidat Michel Simard pour le poste de juge en chef de la Cour du Québec.
    À la commission Bastarache, M. Rondeau a expliqué que M. Simard, qu'il avait connu lors d'activités militantes au Parti libéral du Québec, l'avait lui-même approché pour proposer ses services après le retour au pouvoir des libéraux.
    M. Bellemare m'a rappelé : «Charles, je ne peux pas nommer ton juge Simard juge en chef. J'en ai un autre.» M. Bellemare lui a plutôt annoncé la promotion de M. Simard au poste d'adjoint.
    Durant son témoignage,M. Rondeau a expliqué qu'il avait participé activement à la recherche de candidats pour des nominations dans les divers organismes et sociétés d'État, qui sont entérinées par le conseil des ministres.
    Le collecteur de fonds a raconté qu'après l'arrivée au pouvoir du premier ministre Jean Charest, il avait travaillé sur ce dossier avec une collaboratrice de son cabinet, Chantal Landry, elle-même une ancienne responsable de l'organisation du PLQ dans l'est du Québec.
    «Il y avait un paquet de nominations à faire au gouvernement et Mme Landry ne peut pas passer ses journées à se creuser la tête», a dit M. Rondeau.
    Selon des registres d'entrée au cabinet de M. Charest à Québec, entre août 2003 et mars 2004, M. Rondeau s'est déplacé 19 fois pour rencontrer Mme Landry.
    L'audience de mardi avait débuté par la fin du contre-interrogatoire de Georges Lalande, un ancien sous-ministre de la Justice qui a corroboré les allégations de M. Bellemare.
    [ Pour la gang à Charest,la corruption érigée en système permanent est normale et conforme à l’éthique qu’un bon député libéral doit pratiquer.] jptellier
    Source ; Alexandre Robillard,La Presse,21 septembre 2010

  • Archives de Vigile Répondre

    21 septembre 2010

    Affichez votre écoeurement:
    http://www.facebook.com/group.php?gid=148591528511227
    Ce groupe est nouvellement créé. Impliquez-vous dans le groupe, faites des affiches, des suggestions, devenez administrateur...

  • Rhéal Mathieu Répondre

    20 septembre 2010

    Comment ça se fait que personne n'évoque la possibilité que le gouvernement du PLQ tombe faute de majorité?
    Il me semble que les conditions sont réunies pour que quelques transfuges changent de bord pour préserver leur carrière, soit indépendant, ADQ ou PQ, sur la question d'une enquête sur la corruption.
    Des élections dans deux ans? Pourquoi pas en novembre 2010?
    Le PLQ est un tigre de papier, et une étincelle peut mettre le feu à toute la plaine.
    Il faut oser agir.

  • Archives de Vigile Répondre

    20 septembre 2010

    Le Pitt Bull. c'est FAVA qui selon LCN à reçu 850 millions $$$$$ de contrat de Charest et ses amis , dont certains contrat sans appels d'offres.
    un scandale par jour durant 7 ans ègale ?

  • Archives de Vigile Répondre

    20 septembre 2010

    Effectivement J.J. Charest est devenu encombrant pour la famille Desmarais. Mais je crois que P. Desmarais va encore tenter le tout pour le tout pour sauver son poulin mais J.J. Charest est sous très haute surveillance. S'il fait encore des faux pas d'ici les prochaines semaines, cruciales soit dit en passant, alors on va voir ressurgir par hasard (sic) un nouveau dauphin qui doit être déjà prêt à prendre la relève. Mais qui ? La Presse et Gesca vont nous le dévoiler graduellement en espérant qu'il sera prêt pour les prochaines élections d'ici deux ans. Peut-être que M. Canada alias J.J. Charest ira travailler pour Power C. et rejoindra tous les autres dévoués serviteurs qui ont été si utiles pour la cause fédéraliste, chère au clan Desmarais.
    Alors faites vos mises mesdames et messieurs.

  • Archives de Vigile Répondre

    20 septembre 2010

    Prenons pour acquis que vous avez raison M. LeHir et que Desmarais largue Charest. Charest se pose la question suivante: Ai-je encore assez d'appui solide pour me tenir au pouvoir?? Est ce la fin de ma carrière politique??? Suis-je brûlé partout? (ou presque). Je démissionne immédiatement et je m'efface ou encore je reste jusqu'à ce que l'on me paye pour partir? Mais plus longtemps je reste, plus je fais mal à la cause fédéraliste. (Desmarais va vouloir sauver les meubles fédéralistes???) Si je coules, avant de partir, est ce que je fais couler d'autres acteurs qui sont plus responsables que moi (genre Desmarais)??? Y a quelques autres questions que je me pose sur ce que va réellement faire Charest, mais même si tout semble indiquer que les carottes sont cuites pour lui, je ne penses pas qu'il est sur la veille de démissionner. Desmarais a surement un plan B, un plan de contingence, un plan de remplacement...c'est ca que je cherches comme info...

  • Stéphane Martel Répondre

    20 septembre 2010

    Je ne crois pas que Desmarais ait misé sur les mauvais chevaux. Je crois qu'il délaisse effectivement Charest car ce dernier est dans une situation irrécupérable. Mais Charest a eu le temps, depuis 2003, de rendre bien des services à M. Desmarais et à ses intérêts financiers et politiques.
    Il avait misé sur le bon cheval en Charest, c'est juste que celui-ci ne lui est plus d'aucune utilité, il a fait ce qu'on attendait de lui en 7 ans. Certains projets ont effectivement échoué, comme le cas d'Hydro et Énergie NB, mais n'empêche que Charest a fait du mal au Québec dans plusieurs secteurs chers à M. Desmarais et aux intérêts qu'il représente.