Sachant que la devise «Dieu et mon droit» est inscrite au bas des armes royales du Royaume-Uni et que la reine Élisabeth II règne sur 16 États souverains et est le chef du Commonwealth of Nations regroupant 53 États, il n’a pas été difficile pour un Pierre Trudeau d’inscrire dans la Charte canadienne des droits et libertés ce qui suit : «Attendu que le Canada est fondé sur des principes qui reconnaissent la suprématie de Dieu et la primauté du droit».
En outre, l’article 27 de la dite charte, stipulant que toute interprétation de celle-ci doit concorder avec l’objectif de promouvoir le maintien et la valorisation du patrimoine multiculturel des Canadiens, vient nous confirmer qu’elle a été énoncée du point de vue de la reine et pour faciliter le rapatriement de la constitution auprès des Anglais.
En effet, comme la dite reine règne sur une multitude de communautés culturelles, il fallait énoncer qu’elle préserve le caractère différencié de celles-ci, tout en espérant que la culture anglo-saxonne prévale sur tout autre. Ce qui, dans les faits, est bien en train de se réaliser.
Ce qui nous amène à Charles Taylor, un monarchiste invétéré, qui nous mettait en garde concernant le projet de loi du gouvernement Marois sur la charte de la laïcité, qu’il jugeait discriminatoire et qui nous mènerait à une petite république québécoise. Son rapport, concocté du point de vue de la reine avec son complice consentant, le dénommé Gérard Bouchard, ne vise rien de moins qu’à pérenniser ce «Dieu et mon droit» et le multiculturalisme. Et nous fait comprendre que ce déiste affirmé ait ânonné sa frayeur d’une loi poutinesque, en référence à la charte de la laïcité, avec son obsession que le Québec devienne le paradis des communistes et des athées, ce qui démontre toute sa déraison sachant ce qui a lieu en Russie actuellement (l’Église orthodoxe ayant repris du poil de la bête).
Pour ce qui est de la position du recteur de l’Université Concordia, Alan Shepard, professeur de littérature anglaise, concernant la charte de la laïcité, ce qui précède dans notre argumentation nous amène à ne pas nous attarder à ses motivations, tant elles sont évidentes.
Venons-en au cas du recteur Guy Breton. Élu à son poste en 2010, en contradiction avec les résultats du scrutin effectué par l'Assemblée universitaire, accordant un doctorat honoris causa à Jean Chrétien sans consultation des instances représentatives de l'Université de Montréal, on voit bien toute la dimension démocratique du personnage. Qui plus est, ce radiologiste de formation ne fait pas mystère de ses accointances fédéralistes libérales.
Sa présence à la Commission parlementaire sur la loi 60 n’est pas passée inaperçue. Comme le souligne un observateur de la scène politique québécoise, il a fait un fou de lui.
Pour comprendre un peu la position de notre Torquemada le Petit (pour rester dans les espagnoleries), il s’agit de savoir que l’Université de Montréal doit son existence de par la volonté du roi George V d’Angleterre, en date du 14 février 1920. Et qu’elle a été reconnue canoniquement par une constitution apostolique donnée le 30 octobre 1927. Bien qu’elle se dise laïque, cette université possède une faculté de théologie et des sciences religieuses (sic, en ce qui concerne le rapprochement entre les deux termes) qui constitue une partie de son socle académique. Elle a beau dire qu’elle respecte la diversité religieuse, l’Université privilégie l’œcuménisme, en ayant en arrière-pensée que le catholicisme prévaudra.
Le recteur peut bien se battre la gueule qu’il n’y a pas de problème avec les salles de prière puisque le Couvent Saint-Albert-le-Grand des dominicains est à disposition des étudiants-es à l’année longue à deux pas de la faculté de théologie sur le campus. Et puis, pour continuer dans ce droit fil religieux, le recteur s’est permis d’utiliser un procédé si cher aux jésuites en l’aménageant à sa cause – prêcher le faux pour camoufler le vrai – afin de discréditer l’article 5 de la charte de la laïcité en faisant des rapprochements avec le franquisme. Ce qui, en l’espèce, est d’une mauvaise foi incommensurable.
La charte de fondation de l’Université de Montréal, dans ses attendus, reconnaît la liberté de conscience à ses membres. La charte de la laïcité permet justement d’en instaurer le principe dans la réalité.
En définitive, tout comme dans la charte canadienne des droits et libertés, énoncer du même souffle la suprématie de Dieu et la liberté de conscience ne va nullement de soi : c’est tout simplement une aberration.
Dieu, mon droit et le multiculturalisme
Le recteur Breton et la mauvaise foi
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3 commentaires
Archives de Vigile Répondre
12 février 2014Je n'ai aucun problème avec les origines religieuses de l'Université de Montréal. Cela fait partie du patrimoine. L'UdeMtl jouxtant le collège Brébeuf et ayant emprunté un grand nombre de profs aux communautés religieuses.
Si cela vous dérange, pensez plutôt étudier à l'UQàM.
Mais vraiment qu'il est con, ce recteur. Un cas de nomination politique pour retourner des faveurs. Comme dans son exemple du régime franquiste. L'inculture est flagrante. La République Espagnole faisait la guerre aux religions. Les prêtres et nonnes se faisaient massacrer par des Rouges fanatisés qui incluaient des anarchistes russes (Armée Noire). Ce n'était pas uniquement dû à la guerre civile elle-même, la République était marquée par Alejandro Lerroux, du Parti Républicain Radical, qui avait jadis lancé :
La semaine sanglante de Barcelone de juillet 1909 aboutit avec 48 églises brûlées, presque autant de couvents. Des cadavres de religieuses exhumés pour être profanés.
Lerroux a toutefois évolué vers la Droite. Il reconnaissait que le clergé n'était pas hostile à la démocratie. Il s'est opposé en vain aux réformes anticléricales, entamées par Manuel Azaña et soutenues par le PSOE et les Communistes, l'obligeant à son exil au Portugal à la veille du soulèvement de Franco.
http://www.la-guerre-d-espagne.net/principales-mesures.htm
Franco s'est servi des troupes indigènes du Maroc, les regulares, pour restaurer la Royauté et l'Église Catholique en Espagne. La traversée des Musulmans fut une première depuis 1492. Et leur différence religieuse était bien démarquée.
http://el-frances.over-blog.com/article-22591847.html
Franco n'était pas un champion de la laïcité. Bien au contraire. Guy Breton fait preuve d'un grand manque de culture qui le rend indigne de son poste.
Carole Jean Répondre
12 février 2014Les propos inadmissibles du Recteur de l'Université de Montréal
Il faut féliciter le Syndicat des professeurs et professeures de l’Université de Montréal (SGPUM) de s'être publiquement dissocié des propos extravagants et déplacés que M. Guy Breton a tenus devant la Commission des Institutions la semaine dernière. Il en allait de la réputation de l'Université de Montréal en tant qu'institution de haut savoir que cette contre-performance soit dénoncée.
Il faut aussi se réjouir de ce que l'Assemblée universitaire de l'UdM, tout en défendant la liberté académique et en se plaçant au-delà de la partisanerie politique, ait affirmé de façon unanime l’attachement de l’Université de Montréal aux valeurs de la laïcité, et au principe de la neutralité religieuse de l’État et à celui de l’égalité entre les hommes et les femmes.
Néanmoins, concernant les accommodements à répétition accordés pour des raisons religieuses ou culturelles dans certaines universités, pouvons-nous poser quelques questions à M. Breton ?
1- Où trouve-t-on dans la description des tâches d’un enseignant que ce dernier peut faire du prosélytisme politique ou religieux à sa guise sur les lieux de travail, au mépris du droit des usagers, des étudiants ou des élèves, lesquels sont nécessairement en position de vulnérabilité face à celles ou ceux qui détiennent le pouvoir ? N'y a-t-il pas là un nécessaire devoir de réserve et de discrétion ?
2- De même, est-il raisonnable d’ériger en un dogme quasi intouchable l’affichage et le prosélytisme religieux de certains dans tous les milieux et en toutes circonstances sous le couvert commode de la liberté de pratiquer une religion ? N’est-ce pas là une exagération dangereuse dans une société démocratique et pluraliste qui met de l’avant la liberté de l'individu mais aussi l’équilibre dans les droits de tous?
3- Aussi, est-ce qu’un état neutre et laïque n'est pas justifié de prendre ses distances face à des religions ou des cultures qui nient ouvertement la plupart de nos droits et libertés?
http://www.sgpum.org/le-recteur-de-ludem
Archives de Vigile Répondre
11 février 2014M. Michel Lincourt, membre de l’Association Humaniste du Québec, réagit a un article de Mme Rima Elkoury, paru dans la Presse du 2 fév. 2013.
M. Lincourt a calculé et identifié tous les articles parus dans ce médias depuis sept. 2013. M. Lincourt, conclut qu’il y a davantage d’articles qui sont écrits, qui sont contre la Charte des Valeurs du Québec et ceux-ci utilisent des titres, des slogans et des images négatives ou péjoratives quand ils parlent de la Charte.
Il y a eu plus de 60,000 signatures pour la Charte, de nombreux plaidoyers par des citoyens ou des groupes, pour la Charte a l’Assemblée Nationale, et La Presse passe cela sous silence.
http://assohum.org/2014/02/lettre-a...