Assoiffé de pouvoir

Faut-il satisfaire l’invitation de François Legault ?

À renoncer à leur option d'un Québec indépendant

Tribune libre

Assoiffé de pouvoir, François Legault, chef de la Coalition Avenir Québec (CAQ) invite les indépendantistes à renoncer à leur option d'un Québec indépendant pour joindre son parti nationaliste. Il dit vouloir continuer à se battre pour sortir le Québec de son déclin tranquille et du statu quo des libéraux, tout en espérant que le Québec ait plus de pouvoirs et d'autonomie dans le Canada.[[Leçons des élections fédérales : Traçons la voie de l’avenir pour les nationalistes. http://coalitionavenirquebec.org/fr/lecons-des-elections-federales-tracons-la-voie-de-lavenir-pour-les-nationalistes/]]

Ne lui en déplaise, les indépendantistes ne visent qu'un seul objectif, réaliser l'indépendance politique du Québec, afin de mettre fin une fois pour toute au processus d'annexion, de superposition, de subordination, de provincialisation et d'infériorisation politique, économique et culturelle du Québec au Canada anglais. De facto, le Canada est un État fédéral très centralisé. Ce processus mortifère fut amorcé dès 1763 avec l’adoption de la Proclamation Royale. Il a été consolidé et complété avec la création du Dominion of Canada entre 1864-1867.

Un fait indéniable, en 2015, le Québec est toujours dans la même situation : les Québécois ne se gouvernent pas eux-mêmes, librement, en tant que collectivité nationale. Le quémandage constitutionnel que veut faire François Legault ne changera rien au fait que la nation québécoise est et restera annexée au Canada anglais dans la fédération canadian. Alors que les indépendantistes veulent briser les chaînes qui retiennent le Québec au système fédéral, François Legault veut juste les rallonger pour être un peu moins prisonnier.

Si les indépendantistes restent fermes sur l'objectif de réaliser l'indépendance politique complète et définitive du Québec, c'est qu'ils veulent que le Québec dispose d'un État souverain et de tous les pouvoirs et attributs d’une nation indépendante au sens intégral. La véritable indépendance pour une nation consiste essentiellement à être capable d'agir par soi collectivement tant à l’interne sur son territoire qu’à l’externe dans ses relations avec les autres États souverains. Admettre cette vision, c'est comprendre de façon profonde ce qu'est l'indépendance et ce qu'elle peut apporter comme épanouissement individuel et collectif. Autrement, comment la nation québécoise peut-elle rayonner par sa propre culture si l’économique et le politique ne la supportent pas ? [[Voir le document de L’Engagé. http://vigile.net/Coeur-de-la-pensee-independantiste]]

Et comme aucun pays n'agit en vase clos, les indépendantistes pensent l'indépendance dans l'interdépendance. N'étant plus en état de subordination au sein d’un système d’union fédérale, le Québec indépendant pourra collaborer ou coopérer, d'égal à égal, avec toute autre nation. Le Québec indépendant aura le champ libre pour se développer intégralement. C'est pour toutes ces raisons que les indépendantistes refusent toute soumission, si minime soit-elle, de la nation québécoise au Canada anglais, tout projet dilué dans le partenariat, le pacte confédéral ou l'association soi-disant « d’égal à égal ». Dit crûment, les indépendantistes refusent catégoriquement que le Canada anglais continue à fourrer son nez dans les affaires du Québec, à penser pour nous, à agir à notre place.

Voilà pourquoi les indépendantistes gardent le cap sur l'indépendance politique du Québec et refusent l'invitation de François Legault de joindre la CAQ. Pourquoi, par ailleurs, suivraient-ils un chef assis entre deux chaises (ni fédéraliste ni indépendantiste) ? Le chef de la CAQ ne fait que créer l'illusion qu'il peut obtenir plus de pouvoirs là où d'autres ont échoué. Aurait-il oublié le néo-fédéralisme du Rapport Allaire qui a été rejeté ? François Legault ne propose rien de nouveau. Il n’est qu’un autonomiste provincial.

Le combat pour passer du statut de nation annexée à celui de nation indépendante est en soi une révolution politique. Il exige donc un sens des responsabilités, de la cohérence, de la lucidité, du courage, de la ténacité, de l'abnégation, de la franchise, et une entente cordiale et efficace entre les forces indépendantistes de tous les horizons.


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1 commentaire

  • Normand Paiement Répondre

    27 novembre 2015

    Bravo Monique!
    Texte incisif, concis et clair!
    À nous, indépendantistes, de dénoncer désormais haut et fort les illusions toxiques que François Legault cherche encore à entretenir dans l'esprit des Québécois!
    Cordialement,
    Normand