Gilles Duceppe en désaccord avec le manifeste du FLQ

Gilles Duceppe ironise: à la prochaine visite du président Nicolas Sarkozy, le premier ministre Charest interdira que l'on joue La Marseillaise, l'hymne national français: «Cela commence par: Aux armes, citoyens!» a-t-il rappelé.

1759 - Commémoration de la Conquête - 12 et 13 septembre 2009




Une fois consommé l'échec de Meech, le 23 juin 1990, le populaire comédien Jean Duceppe avait répondu à Robert Bourassa en martelant, dans l'atmosphère survoltée de la Saint-Jean: «Le Québec est mon seul vrai pays.» Photo: Luc-Simon Perreault, Archives La Presse


Bien qu'il désapprouve le contenu du manifeste du FLQ, le chef bloquiste, Gilles Duceppe, ne voit aucun problème à sa lecture dans le cadre du rassemblement nationaliste Le Moulin à paroles sur les plaines d'Abraham.
Le fait qu'on lise le manifeste du FLQ au rassemblement a donné prise à beaucoup de critiques dans le camp fédéraliste. Pour le gouvernement Charest, cette caution d'un appel à la violence disqualifie la manifestation pour tout financement public.
De passage à Québec hier pour un caucus extraordinaire de ses députés, M. Duceppe a souligné qu'il n'était pas d'accord avec le contenu du texte dont les ravisseurs de Richard Cross avaient exigé la lecture en octobre 1970.
«Je ne défends pas le manifeste du FLQ, je suis complètement en désaccord (avec ce texte). Prenez les mots utilisés pour décrire MM. Bourassa et Trudeau, je suis en total désaccord avec ça», a soutenu le chef bloquiste. Le manifeste attaquait durement les deux premiers ministres: M. Bourassa était dépeint comme le valet de la riche famille Simard - il était le mari de la fille du riche armateur; on y parlait aussi de «Trudeau-la-tapette» pour stigmatiser le premier ministre fédéral.
«Je suis aussi en désaccord avec le rapport Durham», illustre M. Duceppe. Le chef bloquiste compte participer à la soirée, mais il avoue ne pas savoir quel texte il lira.
Il a souligné hier à La Presse qu'il avait un penchant pour la sortie percutante de son père, le comédien Jean Duceppe, après l'échec de l'entente du lac Meech, en juin 1990.
Quelques semaines plus tôt, Robert Bourassa avait soutenu que les Québécois avaient «retrouvé un vrai pays» lors d'une tentative de ranimer l'entente qui faisait adhérer le Québec à la Constitution de 1982. Or, la démarche allait s'avérer infructueuse. Une fois consommé l'échec de Meech, le 23 juin, le populaire comédien lui avait répondu en martelant, dans l'atmosphère survoltée de la Saint-Jean: «Le Québec est mon seul vrai pays.»
Le manifeste du FLQ avait été lu en ondes à Radio-Canada; cela faisait partie des exigences des ravisseurs de Richard Cross, en octobre 1970.
Hier, Gilles Duceppe a rappelé que ce texte controversé avait même été lu l'an dernier dans une représentation au Centre national des arts à Ottawa, dans le cadre de la lecture d'une série de «manifestes».
«Cela fait partie de l'histoire du Québec, il ne faut pas revenir à l'époque de Duplessis, à l'époque où on faisait comme si le rapport Durham n'existait pas» a-t-il soutenu. D'ailleurs, des textes de Lord Durham seront aussi lus au Moulin à paroles. «Cela ne veut pas dire qu'on est d'accord avec ça!» Aussi, la Commission des champs de bataille «ferait de la censure» si elle décidait de contremander le rassemblement, estime le chef du Bloc.
À son avis, la manifestation du week-end prochain est bien différente de la commémoration prévue le printemps dernier, où on conviait les citoyens de Québec à «célébrer» la Conquête de 1759. «On fêtait, à ce moment-là... c'était une fête. Les ministres conservateurs disent que l'on cautionne la violence avec le manifeste du FLQ; eux voulaient célébrer une bataille qui avait causé beaucoup plus de morts que la crise d'Octobre en 1970», a-t-il lancé. Devant la controverse, la Commission des champs de bataille nationaux avait décidé d'annuler la reconstitution.
Gilles Duceppe ironise: à la prochaine visite du président Nicolas Sarkozy, le premier ministre Charest interdira que l'on joue La Marseillaise, l'hymne national français: «Cela commence par: Aux armes, citoyens!» a-t-il rappelé.


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